JOP #Paris2024 : des jeux pour quoi faire ? par Patrick Bayeux

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Dans 3 jours les JOP #paris2024 auront débuté. La cérémonie d’ouverture sera passée. Le temps du démontage aura débuté. 100 000 places sur les quais bas, soit 50 km de gradins installés pour quelques heures. Une cérémonie d’ouverture à l’image des jeux. C’est la marque de fabrique des JOP #paris2024. « Le Concept Paris 2024 s’inscrit dans la droite ligne de l’Agenda 2020 du CIO, et de sa « Nouvelle Norme », en utilisant 95% d’équipements déjà existants ou temporaires. » En faisant ce choix à l’époque de la candidature, le COJO n’a fait que répondre aux attentes du CIO.

On sait depuis que la boussole du CIO s’adapte aux circonstances … Tout comme le CIO a vanté les atouts de #Paris2024 et de la sobriété, il mettra en avant avec la même conviction l’héritage matériel de Los Angeles avec des constructions qui certes répondront aux nouvelles normes internationales en matière de durabilité économique, sociale et environnementale mais des constructions neuves qui permettront à LA de s’inscrire durablement dans l’histoire ….

95% d’équipements déjà existants ou temporaires : l’envers de la médaille c’est l’absence d’héritage matériel, d’équipements structurants.

Question : faut-il ?

  • des jeux avec un héritage matériel réel et ses impacts positifs : des équipements en héritage, et négatifs : un impact écologique lié à la construction des équipements mais infime par rapport à l’impact environnemental des jeux dont on sait qu’il est lié principalement aux déplacements
  • ou, des jeux sans héritage matériel reposant sur l’aménagement d’équipements temporaires démontés immédiatement après l’évènement mais qui obèrent tout héritage matériel. Des jeux pensés avec un fort héritage immatériel.

C’est la question qu’il convient de se poser alors que les JOP de #paris2024 vont débuter dans quelques jours.

En faisant le choix d’utiliser 95 % des équipements existants temporaires, #Paris2024 a fait le choix de ne pas doter le territoire d’un héritage matériel. Il faut rappeler que l’Arena la Chapelle et le CAO centre aquatique olympique étaient dans les tuyaux avant les jeux. Un CAO revu à la baisse dès le début de l’organisation puisqu’il ne pourra pas accueillir les grandes compétitions internationales.

Traditionnellement, les Jeux Olympiques laissent derrière eux un legs tangible sous forme de stades, de villages olympiques et de diverses infrastructures qui continuent de servir les communautés locales bien après la clôture des compétitions avec un risque de laisser place à des éléphants blancs. #Paris2024 a fait le pari inverse.

Des jeux dans la ville mais pour quel héritage matériel ?

Si pour certaines disciplines, en particulier en plein air, le choix de l’éphémère se justifie, qu’en est-il des disciplines de salles ? On verra ce qu’en pensent les basketteurs, handballeurs ou volleyeurs. Pourquoi d’ailleurs une délocalisation à Lille et pas à Orléans ou Lyon, villes dans lesquelles sont présentes des salles adaptées aux sports collectifs.

Ce qui m’a fait le plus réagir c’est le mur d’escalade ou le skate park. Franchement ça aurait eu de la gueule ces équipements en héritage. Si on additionne le cout des équipements temporaires et le nombre de gradins installés puis démontés, on dépasse largement le milliard d’euros. Des centaines de milliers d’euros qui auraient pu permettre de financer des équipements pérennes. Des équipements qui auraient vu passer des millions de spectateurs sur les 30 ou 40 prochaines années …

Et je ne parle pas d’un équipement sportif de nouvelle génération dans le village des athlètes. Aucun équipement, pas même un gymnase n’a été prévu dans ce nouveau quartier de 6000 habitants !

A l’opposé « des jeux dans la ville » : le parc olympique.

J’ai toujours été dubitatif sur le concept de jeux dans la ville. Les personnes qui ont été aux jeux se souviennent du parc olympique, de son ambiance. « Quand tu rentres dans le parc olympique c’est comme quand tu rentres dans un parc d’attraction. T’es tout de suite pris par l’ambiance ».

Pour #Paris2024, pas de parc olympique mais des sites éclatés, des déplacements, des transports, des contrôles décuplés, des habitants et commerçants perturbés, des problèmes de sécurité, … bref tout ce qui fondent aujourd’hui les critiques à l’égard de #Paris2024 et au final ….aucun héritage matériel. J’avais écrit ce papier il y a un an et demi, ça reste totalement d’actualité.

Certes il n’y aura pas d’éléphants blancs et pour cause aucun équipement n’a été construit pour ces jeux olympiques.

Alors des jeux pour quoi faire ?

Depuis la candidature, il semble qu’il y ait un quiproquo. Ce projet a été techniquement construit pour réussir. Les planètes étaient certes alignées et l’attribution des JO a la France s’est présentée plus comme une opportunité que comme une victoire. 
Depuis, l’enjeu est de réussir cette organisation. Les moyens ont pris le pas sur la finalité. Les français ont assisté à la mise en place de cet événement sans réellement toucher du doigt la complexité de la chose et sans partager le risque. En juillet on a d’autres préoccupations….  Le feuilleton politique franco français depuis les européennes n’a pas permis de créer cet engouement car il y avait d’autres priorités, d’autres débats. Le taux de participation aux élections le démontre. La dissolution est venue fracasser la montée en puissance du récit olympique depuis l’arrivée de la flamme à Marseille.

Néanmoins, les JOP #Paris2024 vont faire la démonstration qu’il est possible d’organiser un événement mondial d’une ampleur inédite tout en respectant des principes de durabilité et d’économie de moyens. Ces jeux vont-ils redéfinir les attentes et les standards pour les éditions futures, prouvant que l’héritage ne se limite pas aux structures physiques, mais peut également se manifester dans les idées et les pratiques qu’ils inspirent. Peut-être ….

La question de l’héritage était essentielle. Il restera des souvenirs, une nouvelle gouvernance chaotique sur les territoires, quelques traces matérielles ici ou la, mais, et j’espère vraiment me tromper, pas ou peu d’impact sur le quotidien des français. Et pourtant ce n’est pas faute de l’avoir suggérer dans mes articles…. (cf encadré ci dessous). Est-ce que la nouvelle assemblée nationale et le gouvernement auront à coeur de se saisir cette question cruciale de l’héritage ? Qui pour porter l’héritage au sein du futur gouvernement ? Qu’en sera-t-il pour le mouvement sportif qui a longtemps attendu ces jeux ?

Les jeux sont à leur place : ceux d’un grand Barnum qui une fois démonté permettront à quelques uns de dire : « j’y étais ».

Au final j’ai du mal avec cette idée que #Paris2024 qui coutera entre 3 et 5 milliards aux contribuables selon le président de la cour des comptes ne laisse que des souvenirs et aucun héritage matériel. Les jeux sont à leur place: ceux d’un grand Barnum qui une fois démonté permettront à quelques uns de dire: « j’y étais ». Les jeux les moins chers de l’histoire nous dit-on mais les jeux les plus éphémères aussi …. Pourvu que les souvenirs soient à la hauteur ! « Si la cérémonie d’ouverture des JO 2024 n’est là que pour produire de l’éclat éphémère, quel intérêt ? » déclarait Thomas Jolly dans le monde récemment. Il aurait pu étendre sa question aux JOP de #Paris2024.

Des jeux sans héritage matériel donc mais des jeux pour qui alors ? et pour quel héritage immatériel ?


Et si c’était ça l’héritage de #Paris2024

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