Coupe du Monde 2034 en Arabie Saoudite : un choix aberrant sur le plan écologique, un simulacre de choix démocratique par Régis Juanico

Chronique Bougeons ! #18

Douze ans après l’attribution de la Coupe du Monde au Qatar, la FIFA a décidé de confier ce 11 décembre l’organisation de la Coupe du Monde de football en 2034 à l’Arabie Saoudite. La compétition sportive aura sans doute lieu en plein hiver au mépris de la santé des joueurs.

Ce nouveau choix critiquable est intervenu au terme d’une parodie de démocratie : les 211 membres de l’instance se sont prononcés par «acclamation», à l’occasion d’une réunion virtuelle et à l’issue d’une procédure «expresse» où les pays n’avait que 27 jours pour monter leur dossier de candidature.

Le tout-puissant président de la FIFA, Gianni Infantino avait au préalable «fait le ménage» pour dissuader toute velléité de concurrence et imposer la candidature unique du Royaume.

Les règles du jeu ont été modifiées avec un nombre de stades requis de 4 au lieu de 7 initialement et les dés «pipés» dans la mesure où, en confiant au détriment des enjeux environnementaux la Coupe du Monde 2030 à 3 continents différents (Espagne-Portugal-Maroc avec trois matchs de groupes joués en Amérique du Sud), la FIFA signifiait que celle de 2034 serait réservée à l’Asie ou l’Océanie.

Des pays qui avaient envisagés de candidater comme l’Australie et l’Indonésie se sont désistés.

Coïncidence «fortuite», en quelques mois, Saoudi Aramco s’est imposé comme le principal sponsor financier mondial de la FIFA à la recherche de partenaire pour ses futurs projets tels que la Coupe du Monde des clubs élargie à 32 équipes.

L’accaparement des grandes compétitions ou événements sportifs internationaux par des fonds d’investissement ou souverains à la main d’Etats aux moyens financiers colossaux n’est plus un risque mais un fait acquis, aujourd’hui.

Des pays comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite qui n’hésitent pas à instrumentaliser le sport pour en faire une vitrine politique ou une « arme diplomatique » captent de nombreuses organisations de compétitions faute de concurrents capables de s’aligner.

La «pantalonnade» grotesque du choix de l’Arabie Saoudite pour organiser la Coupe du Monde 2034 illustre l’inefficacité des réformes de gouvernance en matière de transparence et d’éthique de la FIFA après le scandale retentissant de corruption en 2016 et de bien d’autres institutions sportives internationales.

Beaucoup de fédérations internationales ont encore un modèle de gouvernance archaïque peu adapté aux réalités financières mais aussi éthiques du sport mondial. Plus des fédérations internationales génèrent de profits et se targuent de les redistribuer aux fédérations nationales ou continentales, plus les risques de corruption et de clientélisme sont forts.

Plus que jamais, au niveau international comme au niveau national, le besoin d’une institution indépendante chargée d’assurer l’intégrité et l’éthique du sport dans son ensemble s’impose.

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