L’exercice des vœux n’est pas un exercice facile. Il reste un moment intéressant où on a l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée, de se projeter dans l’année à venir.
À titre personnel, l’année dernière, à cette époque, je ne savais pas que j’allais vivre une année exceptionnelle. (Je me limite ici à mes expériences sportives). 3 ironman : 2 championnats de monde, 1 championnat d’Europe. (Ce Week-End j’ai fait les championnats du monde d’IronMan à Hawaï / Ce WE j’ai fait du sport (championnat du monde 2021 reporté en mai 2022 ) / CE WE j’ai fait un triathlon les championnats d’Europe à Hambourg).
L’année 2022 est gravée ! j’ai mesuré tous les efforts nécessaires pour essayer d’être au meilleur niveau, c’est monstrueux. J’ai une pensée admirative pour tous les athlètes qui se préparent pendant des années pour une échéance et pour les jeux en particulier. Belle année à vous Mesdemoiselles, mesdames et messieurs les athlètes.
Au titre de mes activités d’observateur du sport, certains me qualifient de chroniqueur (merci ! ) , j’avais, il y a un an, le moral dans les chaussettes pour le sport français. J’avais listé tous les ratés de 2021, … en faisant référence à mes multiples coups de gueules et ils étaient nombreux. Je souhaitais
- Qu’à l’occasion de la #présidentielle2022 le sport passe d’un statut de « divertissement » à celui de politique publique ? , c’est raté ,
- Que la loi Climat et résilience prenne en compte la spécificité des équipements sportifs dans le ZAN c’est trop tard,
- que le mouvement sportif passe de la réflexion à l’action et par exemple se prononce sur un des 4 scénarios tendanciels sur la place du sport à partir de l’étude « Transition 2050, choisir maintenant agir pour le climat » (Ademe) , sans commentaire
- qu’on définisse un vrai projet d’héritage. Si on rate les jeux de Paris 2024, ne ratons pas leur héritage ! c’est mal barré pour l’héritage
- qu’on bascule du sport santé vers la littératie physique Le sport santé c’est dépassé passons à la littératie physique Vœu pieux et pourtant le sport santé ne fonctionne pas (Le sport santé, « c’est pas gagné ».)
- que le grand plan Macron ne loupe pas sa cible Le grand plan Macron pour les équipements sportifs va-t-il atteindre la cible ? Seuls 18 % des Français sont concernés dont la moitié affiche déjà un taux de licenciés dans la moyenne nationale … J’avais vu juste, il a totalement loupé sa cible au point que l’ANS a été obligé de rectifier le tir (Tous les territoires sont désormais éligibles au grand plan Macron 5000 équipements sportifs – Plan Macron 5000 équipements : 110 M€, tous les projets sur les territoires éligibles, les conférences des financeurs entrent en jeu)
- que la gouvernance du sport sur les territoires ne se transforme pas en usine à gaz Si j’étais président d’une conférence régionale du sport. Ça, c’est totalement raté, mais depuis, je ne suis plus seul à le dire, la cour des comptes m’a rejoint… ça fait du bien. ( La cour des comptes adresse un carton jaune à l’ANS (agence nationale du sport)
- que les Décideurs du sport, donnez envie d’avoir envie, ça, c’était il y a 2 ans….
Cette année ça va mieux. J’ai le sentiment que ça bouge. Il faut dire que depuis 6 mois, on a changé de braquet avec la nouvelle ministre.
Attention au syndrome de la locomotive
Tout le monde l’a bien compris, il y a une nouvelle locomotive, en l’occurrence la ministre qui fait feu de tout bois. Omniprésente sur tous les dossiers, elle a su s’imposer en un temps record. Mais son volontarisme suffira-t-il à entrainer tous les wagons. Certains sont beaucoup plus chargés que d’autres … C’est quoi au fait le syndrome de la locomotive. C’est simple. Une locomotive avance d’autant plus vite qu’elle n’a pas de wagons ! Mais en gare de la nouvelle gouvernance, de l’héritage de Paris 2024, on n’attend pas la locomotive mais le train du sport français, lequel dépend en plus d’autres locomotives (COJO, ANS… entre autres). Loin de moi l’idée de taxer la ministre d’aller trop vite ! Mais il faut que les wagons s’accrochent et que tous les trains avancent dans le même sens. Les wagons se reconnaîtront, ceux qui sont dans le sillage de la communication, ceux qui ne s’engagent pas, ou qui se contentent de faire des réunions, de signer des conventions pour se donner bonne conscience sans se soucier des impacts sur le terrain, ceux qui veulent que rien ne change,…
Le sport français est résilient mais sur le terrain de plus en plus résigné. La fracture entre les dirigeants qui pensent le sport et ceux qui le font vivre n’a jamais été aussi grande.
Jamais les questions de gouvernances des institutions sportives n’ont été aussi exacerbées. Jamais les forces de résistance au changement n’ont été aussi puissantes aussi. Jamais la présence de l’Etat n’aura été autant nécessaire. Le dynamisme de la Ministre suffira-t-il à remettre le train sur de bons rails ?
Jamais les JO 2024 ne sont apparus comme la ligne d’horizon de tout le sport français. Les JO apparaissent de plus en plus comme un révélateur des faiblesses et comme une échéance cruciale pour l’avenir du sport français. La solidité de l’ensemble passerait -elle par un renforcement des connexions entre tous les acteurs ?
En 2023, construisons au moins un projet ensemble sur les territoires
L’année 2023 est cruciale pour le sport Français
- pour la préparation des JO bien sur Paris 2024 : des jeux ambitieux, innovants, inédits donc forcément risqués
- pour la gouvernance du sport. J’ai la conviction que si la gouvernance du sport sur les territoires ne montre pas en 2023 son efficacité alors je ne donne pas chère de l’avenir de l’ANS sous la forme d’un GIP aprés 2024. La balle est dans le camp des conférences régionales. La conférence des financeurs : le stop ou encore de la nouvelle gouvernance du sport.
- pour le développement de la pratique sportive, pour la préparation de l’héritage.
Trop de temps a été perdu pour la réalisation de projets sportifs territoriaux qui se ressemblent tous sans dégager aucune priorité. Rappelons que l’objectif des conférences régionales du sport était de définir des priorités et de définir qui fait quoi. Alors comme le propose la ministre, prenons un projet exemplaire par région et montrons que collectivement les décideurs du sport peuvent construire une action tous ensemble (Conférences régionales du sport : des projets « tête de pont » pour démontrer leur potentiel et leur plus value sur le plan opérationnel.) Rendons visible ce que collectivement on fait ensemble. L’année 2023 devrait permettre de passer à l’action (Note d’orientation sur les Contrats Pluriannuels d’Orientation et de Financement (CPOF) relatifs aux Conférences des financeurs du sport)
En 2023 souhaitons que le CNOSF retrouve la voie olympique.
Difficile de faire des vœux sans évoquer les graves crises que traversent nos 3 symboles du sport Français à l’international : le foot, le rugby et le CNOSF J’ai déjà eu l’occasion d’en parler. Mon avis sur les affaires en cours dans le sport Français / Faut-il une commission indépendante de contrôle de l’éthique et de la transparence pour le sport Français ?
Il est impensable que ces crises s’éternisent. Si pour le foot et le rugby des solutions semblent en voie d’être trouvées, qu’en sera-t-il pour le CNOSF. J’aurai l’occasion d’en reparler. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne se passe pas un mois, voire une semaine, sans que le CNOSF ne défraie la chronique des faits divers, pendant que le compte à rebours des Jeux défile sans faiblesse … Est ce bien raisonnable ?
2023 année cruciale mais complexe, passionnante en tout cas. Je formule le vœu que cessent les jeux d’acteurs et les postures pour qu’enfin l’élite nationale des dirigeants se mettent au diapason de leur base et des athlètes et s’engagent dans une véritable conviction et foi dans l’avenir du sport français. Cette année 2023, je vous souhaite de la vivre pleinement et en belle santé.
Mes précédents voeux
- Pour 2022 j’aurais pu nous souhaiter
- Mes vœux pour 2021 : Décideurs du sport, donnez-nous envie d’avoir envie
- 2020 ce dont j’avais rêvé pour l’année 2020
- 2018 2019 – Pas de voeux en raison de la conduite du chantier sur la nouvelle gouvernance du sport
- 2017 année de transition ou nouvel élan pour le sport ?
- Année 2016 : année zéro de l’économie partagée dans le sport ?