Le sport, grande cause nationale 2024 trait d’union entre #paris2024 et l’héritage des JOP ?

Il faut être réaliste, jamais jamais on aurait pu penser qu’à moins de 500 jours des  jeux le sport en France serait dans un tel état de décrépitude.

Et pourtant la promesse était belle. « Je rêve des jeux » était le slogan de la candidature.

En novembre 2015 j’y croyais dur ( Nov. 10, 2015 Ce dont je rêve avant les JO de #Paris2024 ! ) je rêvais que les Jeux soient le support pour porter une grande politique d’éducation par le sport et  qu’ils permettent de réformer l’organisation du sport en France

J’y ai cru et j’étais convaincu du slogan de la nouvelle gouvernance du sport « Mieux faire ensemble » 

Aujourd’hui où en est-on ?

Tout va très bien madame la marquise dit la chanson  mais

• le CNOSF est en crise, on a appris hier que  le parquet de Paris a ouvert  une enquête après les plaintes croisées de la présidente et de l’ancien secrétaire général
• la gouvernance du sport est totalement ankylosée faute de ne pas avoir  procédé à une clarification des compétences entre les acteurs. Pour résumer « Une gouvernance partagée sans responsabilités réparties » comme l’a trés bien expliqué la cour des comptes dans son rapport La cour des comptes adresse un carton jaune à l’ANS …
• l’agence nationale fonctionne comme un EPA
• « terres de jeux » se limite à de la communication et du recyclage d’évènements existants
• Quant à Paris 2024, tous les voyants sont au rouge,  budget, sécurité, retard sur la signature des contrats avec les fédérations internationale et les contrats avec les prestataires, cérémonies d’ouverture, confort du village des athlètes, …
• le plan 5000 équipements sportifs répond à un objectif de saupoudrage et d’achat d’équipements sur catalogue et à aucun moment de réflexion sur l’évolution de la demande sociale
• quant aux affaires, toutes les semaines il en sort une ! FFF, FFR, FFT, FFgym, …

On en est à espérer que la SOP rassemble 1 million de gamins …. sur près de 13 millions potentiellement concernés.

Que peut-on attendre de l’année 2024 grande cause nationale du sport ?

Le président de la République a réaffirmé lors du cinquantenaire du CNOSF que l’année 2024 serait l’année de la grande cause nationale du sport.  Que peut-on en attendre ?

Sans se remettre à rêver, on va rester lucide, pouvons-nous espérer que cette grande cause contribue à transformer la vision sur la place du sport, permette d’activer les bons leviers et sortir la gouvernance de l’ornière ?

Transformer la vision

Si la grande cause doit servir une cause, c’est bien celle de transformer la vision sur la place du sport dans notre société. Il s’agit de faire bouger les lignes

• porter une vision partagée  sur le sport comme un  bien commun, redéfinir le périmètre des différents acteurs et en particulier du service public du sport ce qui aurait dû être le travail des conférences régionales  qui sont totalement passées à côté du sujet en ne réfléchissant pas sur les compétences 
• reconstruire l’offre sportive. Jamais le nombre d’études n’a été aussi important sur la pratique, son évolution, les motivations mais à quoi servent toutes ces études. Il est grand temps d’imaginer un nouveau récit comme nous le ferons avec  François Bellanger et Patrick Roult. C’est quoi l’offre sportive de demain ?

Activer les bons leviers

A priori, 2 leviers puissants s’offrent aux décideurs du sport :

Les jeux bien sûr qui pourraient être une caisse de résonance incommensurable. Si Paris 2024 est en train de passer à côté de l’héritage des jeux sur les territoires (d’ailleurs ce n’était pas à Paris 2024 de porter l’héritage, mais aux acteurs de l’agence) la grande cause pourrait  permettre l’émergence d’un réel héritage sur les territoires avec une vision renouvelée de l’offre et des équipements et aménagements.  Si on rate les jeux de Paris 2024, ne ratons pas leur héritage  29 oct. 2021 Alors

Mais ce levier est-il pertinent ? En tout cas les conditions pour qu’il le devienne sont-elles réunies ? Passer d’un récit où l’Athlète Olympique est magnifié, où la performance est sur médiatisée à un récit où, c’est le spect-acteur qui est visé, où sont mis en avant les impacts positifs de la pratique physique et sportive pour chacun d’entre nous, que celle-ci ait lieu dans un stade, dans la rue, dans un parc, dans son salon ou son garage.

Les équipements sportifs également. Nous entrons dans une période totalement inédite avec l’impact de la loi climat et résilience et celle sur les énergies renouvelables. En limitant l’imperméabilisation des sols à 30 % des surfaces imperméabilisées depuis 10 ans en 2030 et à 0% en 2050 d’un part et en obligeant les équipements de plus de 500 m2 (y compris existant) à se doter d’ENR, c’est la conception des équipements qui est impacté, leur place dans la cité, la re végétalisation de certains espaces.

Sortir la nouvelle gouvernance de l’ornière

Tout est en place, mais sur le terrain le moral des troupes est  en berne, le travail sur les projets sportifs territoriaux a laissé des traces. Les participants pour une grande majorité se posent encore la question de l’utilité finale du travail réalisé.. Des travaux d’évaluation ont commencé à être réalisé : « surestimation de la portée positive de la réforme » « désintérêt et désengagement collectif des acteurs opérationnels » « les membres ne voient pas les enjeux poursuivis » certains se sont davantage positionné en tant que spectateurs et non en tant qu’acteurs » …  il est grand temps de sortir de l’ornière…

Comment ?  sujet complexe mais il faut être pragmatique et traiter 2 sujets prioritaires

L’offre de pratique d’une part.

 L’objectif de la grande cause pourrait être

• à la fois très opérationnel avec par exemple la généralisation des tests de performance sportive en milieu scolaire qui viendrait alimenter un carnet sportif individuel des élèves sur lesquels seraient stocké tout leur parcours sportif : il faut inscrire le trajet sportif de chacun sur la durée d’une vie scolaire ou au moins tendre vers cet objectif. 
• et plus ambitieux avec par exemple un questionnement déjà amorcé par le CNOSF sur la place de la licence et pourquoi pas passer d’un modèle de fédérations de licenciés à des fédérations de pratiquants dont le parcours sportif pourrait être aussi valorisé.

C’est tout le modèle du club sportif qu’il convient d’interroger et de la place des bénévoles, c’est aussi celui du modèle économique et bien sûr celui du périmètre de service public des collectivités territoriales, sur la place du secteur privé dans l’offre de pratique sportive. Le temps où les collectivités prenaient en charge le sport qui coute et les opérateurs privés le sport qui rapporte est révolu. Les solutions viendront nécessairement d’un partenariat accru.

 Les équipements sportifs d’autre part

L’objectif de la grande cause pourrait être de revisiter l’équipement sportif de demain à la lumière des nécessaires travaux sur les ENR, de la loi climat et résilience pour surtout en réponse aux nouvelles demandes sociales. Il est temps que tous les décideurs se mettent autour de la table pour imaginer les lieux de pratiques et les équipements de demain et apporter collectivement des solutions. Nous avons la conviction que la solution passera inévitablement par une perméabilité totale entre acteurs publics et acteurs privés.

Jamais la DATA n’a été aussi nombreuse, jamais la production d’études n’a été autant prolifique. Il serait temps de s’en servir.

Alors le sport grande cause nationale 2024 ? Un grand Oui pour que la grande cause soit en quelque sorte une séquence de rattrapage du sport français qui permette d’enjamber les jeux vers un héritage prometteur. L’objectif est simple : toucher individuellement chaque citoyen pour l’inciter à devenir pratiquant même très modeste, au lieu d’agiter, avec des jeux d’acteurs, les institutions sportives dans une scénographie « marketée » aussi illusoire que stérile. 

Il faut toucher chacun d’entre nous, pour que l’on se sente concerné pas les gains éventuels de médailles mais aussi par le bénéfice que l’activité physique peut procurer à chacun.

 Le sport grande cause nationale 2024 ? Alors encore OUI car le SPORT, les JEUX, l’HERITAGE participeront à leur manière à une autre grande cause nationale : la cohésion sociale…

En espérant qu’il ne soit pas déjà pas trop tard.