Willy Gabillet président de club « Les clubs sportifs ruraux sont en train de mourir »

Investi dans le basket-ball depuis son plus jeune âge il a fait « sport étude » joué en club, a été dirigeant. Aujourd’hui Willy GABILLET est président de club depuis 10 ans et vice-président du comité départemental 41 de de la FFBB, président des commissions technique, 3x 3 , salles et terrains.  Témoignage d’un dirigeant bénévole de terrain confronté depuis plusieurs années à des difficultés croissantes.

Trop de contraintes trop de règles

Entre l’obligation d’avoir des diplômés pour encadrer les équipes (des équipes jeunes évoluant seulement au niveau régional), celle de fournir des arbitres tous les week-ends ou l’obligation de tenir la table de marque et d’envoyer les résultats par internet, d’avoir un responsable de salle, un responsable fairplay à chaque match, les obligations ne cessent d’augmenter et nécessitent de plus de plus de volontaires.  Sans quoi tu prends une amende. Il y a des fois c’est décourageant. Pourquoi imposer de telles règles. Qu’est-ce que ça change  que les jeunes soient encadrés par des éducateurs diplômés ou pas ? Peu de choses en dehors des apports techniques. Nous on est un club de jeunes, je ne souhaite pas avoir d’équipe adulte en compétition car je manque cruellement de bénévoles, nous avons seulement une équipe loisirs seniors. Le projet du club c’est la favoriser la pratique des jeunes, le basket pour tous, que chaque jeunes est le sentiment d’appartenir à un groupe. En milieu rural il n’y a pas beaucoup d’offre, le foot le tennis le basket constituent chez nous les 3 disciplines majeures. Alors pourquoi imposer des règles qui finiront par décourager des bénévoles.

D’ailleurs aujourd’hui c’est impossible de monter un club. Je suis Vice président en charge du développement et je fais le tour des clubs régulièrement. Je privilégie les clubs qui ont des difficultés. je peux dire aujourd’hui que les clubs tiennent à 2 ou 3 bénévoles. En milieu rural nos petits clubs vont mal, ils survivent. Et en monter de nouveaux c’est impossible. Mets toi à la place d’une personne qui souhaiterait en monter un. Elle se heurte à de telles contraintes que c’est mission impossible.

Les fédérations en demandent trop, laissons les clubs avoir leur propre image

Au comité on est obligé de relayer la politique fédérale. Je ne te cache pas que parfois c’est compliqué de relayer des choses auxquelles tu ne crois pas. Il a raison L OUVRARD on n’arrête pas de nous solliciter pour mettre en place des actions : basket tonic, 3 x 3, micro basket, basket entreprise, les labels citoyenneté,  école départementale et/ou fédérale de mini-basket … impossible de faire tourner le club en répondant à toutes les règles et en plus de répondre à tout. Je suis conscient que les fédérations font une course aux licenciés mais laissons les clubs avoir leur propre image, que nos instances arrêtent de vouloir lisser cette image et peu importe la discipline, un jeune ira dans l’association où il se sentira bien, utile… et c’est ainsi pour moi que l’on aura de jeunes adhérents qui s’investiront et deviendront BENEVOLES. Et surtout ils pratiqueront une activité sportive. Le joueur avec potentiel sera détecté et trouvera le club qui aura les outils pour le former au haut niveau, sur ce point l’organisation fédérale est performante.

Sans salarié t’es condamné

La solution serait de s’appuyer un salarié. Sans salariés on ne pourra pas tenir sur la durée.  Mais en milieu rural le principal problème est de trouver des salariés.  D’abord il faut trouver l’oiseau rare, formé, motivé, pédagogue, impliqué. Nous au comité on cherche depuis 6 mois. Aucune candidature n’a donné satisfaction. Si t’en trouves un qui fait l’affaire ensuite il fait la pluie et le beau temps. SI par malheur il ne fait pas l’affaire impossible de s’en séparer si il est en CDI. Ça fout la trouille aux dirigeants bénévoles les salariés aussi. Compliqué de monter des dossiers pour recruter quelqu’un de plus compétent que soit. Que fait on  si ça se passe mal. Comment fait on ? On a aussi essayé les CTC les regroupements de clubs, mais ça ne fonctionne pas. Il faut déjà que les présidents s’entendent et ensuite les clubs ont besoin sur salarié aux mêmes créneaux. Mais aujourd’hui le problème ne se pose pas. Personne ne veut venir pour travailler quelques heures le soir, s’impliquer le WEEK-END. C’est vrai qu’on ne peut pas lui proposer un temps plein en milieu rural. Et ne me parle pas des BP JEPS, c’est une voie de secours pour beaucoup de jeunes. La majorité s’inscrivent à ces formations par défaut. Derrière tu récupères des personnes qui ne sont pas motivées. Et ça c’est totalement incompatible avec l’activité en club.

On vit d’aides, enfin celles qu’on arrive à obtenir ….

Quand tu as la possibilité de recruter un salarié ensuite le problème est de le payer. Dans mon club c’est simple, j’ai une subvention de 2500 euros de la mairie autant de sponsor c’est d’ailleurs plus du mécénat et ensuite les licences ou plutôt les adhésions. On a 150 licenciés le calcul est vite fait. On vit d’aide on a trés peu de recettes propres. Le peu de bénévole qui s’implique sont mobilisés pour faire tourner le club. On ne peut pas leur demander en plus d’organiser des bals, des lotos, des manifestations. Moi j’ai un principe. Je ne demande jamais plus à un bénévole que ce qu’il a accepté de donner. Pour moi c’est essentiel de respecter leur engagement.  Recruter un salarié serait une solution pour pallier au manque de bénévoles mais ensuite c’est le modèle économique qu’il faut trouver. Bien sur il existe des financements, mais il faut monter des dossiers et franchement on nous facilite pas la vie ; la mairie, l’intercommunalité, le département, la fédé, l’ANS, …  Ça serait tellement plus simple de n’avoir qu’un interlocuteur !

Le statut du dirigeant ne règlera rien

C’est essentiel de simplifier la vie des dirigeants bénévoles. Le problème n’est pas un problème de statut mais de simplification administrative. Je prendrai juste l’exemple d’indemnisation des intervenants. Entre l’ordre de mission, l’assurance, les remboursements des frais kilométriques, et l’impossibilité de les dédommager du temps passé sans rentrer dans une indemnité salariale c’est très compliqué, c’est beaucoup de temps perdu.  Déjà il n’y a pas beaucoup de candidats mais en plus si tu noies ceux qui restent dans les procédures et les dossiers, c’est sûr qu’on va dans le mur.

Un problème sociétal

Je pense qu’on est face à un problème sociétal. Avant le club passait en priorité. Le match passait avant le repas de famille ou l’anniversaire. C’est fini. Aujourd’hui on te prévient le vendredi que le joueur sera absent le samedi. Aujourd’hui nos clubs tiennent sur quelques bénévoles, mais ça ne pourra pas tenir trés longtemps comme ça. Je sais qu’on parle de la crise du bénévolat depuis plusieurs années mais j’ai le sentiment qu’on arrive à la fin d’une histoire.

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