#presidentielle2022 Amélie Oudéa-Castéra, pour E. Macron « le sport fait partie de ce qui permet à chacun de trouver sa place dans la vie »
Amélie Oudéa-Castéra a animé le groupe sport dans le cadre de la campagne d’E. Macron. Elle répond à nos questions sur le bilan du quinquennat, les grandes orientations du futur quinquennat si E. Macron est ré-élu, les dossiers prioritaires, l’héritage de Paris 2024, la gouvernance du sport, …
Amélie Oudéa-Castéra, vous êtes le « relais sport » de la campagne d’E.Macron. Quel regard portez-vous sur le quinquennat qui s’achève en matière de sport ?
Pour moi, le quinquennat d’E. Macron sur le sport s’est distingué par 3 faits majeurs. D’abord la victoire de la candidature française aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024, à laquelle le Président a pu apporter son élan, et leur préparation qui se fait depuis dans les délais et les budgets impartis.
Ensuite, la mise en place en avril 2019 de l’Agence nationale du sport, qui marque un tournant pour une gouvernance du sport plus collégiale, plus participative, impliquant toutes les parties prenantes.
Enfin, la réponse à la crise sanitaire, avec un soutien de très grande ampleur de l’ordre de 8md€ apporté au sport amateur et au sport professionnel et qui, au-delà des multiples aides directes et indirectes mises en place, a vu le lancement de dispositifs innovants comme le Pass’Sport et le plan 5 000 terrains de sport pour les territoires carencés.
Et, comme beaucoup, je retiens aussi de ce quinquennat une mobilisation inédite et courageuse, trés incarnée par la ministre, sur la prévention et la lutte contre les violences sexuelles dans le sport.
Selon vous, le président a-t-il tenu ses engagements ?
Oui, et il les a même souvent dépassés. Sur la promotion de la pratique par exemple :
- Il y a eu des avancées majeures sur le sport en entreprise, qui n’est plus considéré comme un avantage en nature fiscalisable, ce qui était le plus gros frein à lever ;
- les maisons du sport santé se sont mises en place : il y en a désormais 500 qui, dans tous les territoires, ramènent vers la pratique les patients atteints d’affections de longue durée et les personnes ayant besoin de faire plus de sport à des fins de santé ;
- le rapprochement annoncé entre établissements scolaires et associations sportives locales s’est fait à travers la labellisation de plus de 5 000 établissements scolaires « Génération 2024 » et le dispositif « Une école, un club ».
Mais nous sommes allés plus loin ; avec le Pass’Sport, un effort sans précédent de démocratisation de l’accès au sport en club pour 5,4 millions de jeunes aux revenus modestes, y compris en situation de handicap, a été impulsée. Et je voudrais aussi relever une belle montée en puissance de la pratique au cœur même de l’école, avec au primaire par exemple les 30’ d’activité physique quotidienne et les programmes « J’apprends à nager » et « Savoir rouler », qui font désormais partie des savoirs fondamentaux.
Sur l’adaptation de l’organisation du sport en France, autre axe du programme, même diagnostic. D’abord La mise en place du vote des clubs pour l’élection des président(e)s de fédérations, qui était un engagement fort de 2017, puis la création de l’ANS, que le Président a soutenue parce qu’il voulait donner au mouvement sportif plus d’autonomie et aux acteurs du sport des voies et moyens d’action plus efficaces. La loi du 2 mars 2022 accompagne la modernisation des fédérations avec un renouvellement démocratique plus régulier à leur tête et un horizon désormais clair pour l’atteinte de l’objectif de parité dans leurs instances dirigeantes, au niveau national comme régional.
Où estimez-vous que nous en sommes sur le sport-santé ?
Là aussi les choses sont allées plus loin que prévu : au-delà des maisons du sport santé qui mettent en réseau tous les acteurs, des professionnels de santé aux éducateurs sportifs en passant par les enseignants APA, le sport sur ordonnance progresse puisqu’il peut désormais être prescrit par des médecins spécialistes et s’étendre à de nouvelles catégories de bénéficiaires, comme les personnes atteintes de maladies chroniques ou en situation de perte d’autonomie. Et sa prise en charge par l’assurance maladie connaît également de premières expérimentations prometteuses, par exemple sur l’obésité infantile ou le cancer du sein.
Faire du sport « un atout pour l’économie française » était aussi un axe du programme.
Oui. J’ai déjà évoqué le plan équipements sportifs de proximité, qui est doté de 250M€ sur 3 ans avec la rénovation énergétique et qui aura un effet de levier économique et social dans les territoires concernés. Je peux mentionner aussi le soutien particulièrement fort apporté aux GESI avec l’accueil, en France, non seulement des Jeux de Paris 2024 mais aussi en 2023 de la Coupe du Monde de Rugby, un peu plus d’un an après le Grand Chelem de ce week-end, qui nous a mis en appétit ! et aussi les championnats du monde de ski.
Et il faut relever deux autres points, rarement soulignés : l’impulsion donnée à une vraie stratégie d’attractivité pour notre pays dans la gouvernance du sport mondial, qui a donné lieu à un très beau premier succès avec l’ouverture d’une antenne de la FIFA à Paris en 2021 ; et la reprise en main récente de la coordination française du sport à l’international, qui aidera la conquête de nouveaux marchés par la filière sport.
Vous ne parlez pas du sport professionnel ?
Vous avez raison, c’était une autre priorité du programme, valoriser le sport professionnel. Et je crois qu’on peut souligner que beaucoup a été fait. A la fois pour l’aider à tenir pendant la crise, mais aussi pour l’accompagner dans le renforcement de son modèle économique – avec par exemple la faculté pour les ligues de créer une structure commerciale encadrée, l’allongement possible de la durée du premier contrat professionnel de 3 à 5 ans et, sur le plan éthique, le blocage administratif des sites illégaux de paris sportifs ou la lutte contre le streaming frauduleux. Enfin, il y a toute une action diplomatique qui se mène au niveau européen et qui fait progresser l’émergence d’un modèle sportif vertueux, autour de la protection de nos championnats, de nos fédérations et de nos clubs formateurs et bien sûr de la préservation de la solidarité entre sport pro et sport amateur.
Le Président Macron s’était engagé aussi à accompagner les bénévoles et à adapter la formation. Le bilan n’est-il pas maigre en la matière ?
Sur l’accompagnement des bénévoles, il s’était tout particulièrement engagé dans son programme à renforcer la protection des bénévoles en matière de responsabilité personnelle ; c’est ce que la loi du 1er juillet 2021 est venue sécuriser, en étendant aux dirigeants associatifs « l’exception de négligence » qui leur empêche désormais d’être poursuivis sur leurs biens propres en cas de simple faute de gestion. C’est une protection nouvelle, qui change beaucoup de choses au quotidien.
Et, je le rappelle, de multiples aides ont été mises en place pour les associations, tant pour préserver les emplois sur lesquels comptent les bénévoles que pour faire vivre la vie associative, simplifier la gestion des petites structures avec des souplesses de trésorerie, la prise en charge des démarches administratives concernant les salariés, ou encore favoriser l’ancrage des sociétés sportives dans l’économie sociale et solidaire.
Et sur l’adaptation de la formation ?
Nous restons certes aujourd’hui avec plusieurs voies de formation aux métiers du sport. Mais c’est aussi une force. Les STAPS, notamment, restent une filière très demandée, d’où les moyens récemment mobilisés pour y renforcer l’encadrement. Et cela n’empêche pas l’objectif annoncé en 2017 d’efficacité et de lisibilité de l’offre de formation, qui progresse d’au moins deux façons. D’abord avec le nouveau Bac Pro Sport, dont les « mentions complémentaires » relient le monde de l’éducation nationale à celui du sport ; d’autre part, avec le travail mené par France Compétences, qui crée des passerelles entre les diplômes et remédie à leur fragmentation en bonne intelligence avec les fédérations. Tout ça prend forcément du temps et nécessite une large concertation.
Enfin n’oublions pas – c’est peut-être le plus important – qu’il n’y a jamais eu autant d’efforts faits pour améliorer l’accompagnement et l’accès des jeunes aux métiers du sport, que ce soit à travers l’engagement, je pense que service civique. Je pense aussi à apprentissage qui a fait x6 dans le sport sur le quinquennat, la montée en compétences avec les appels à projet avec les grandes associations d’insertion par le sport, le dispositif Sésame désormais intégré au plan « 1jeune1solution » ou encore le soutien à l’emploi associatif avec les PEC (ndlr Parcours Emplois Compétences), Emplois ANS, etc…
A lire
Quelles sont les premières mesures que prendra E.Macron dans le domaine du sport s’il est ré-élu Président de la République ?
Le candidat l’a dit : continuer à renforcer la place du sport à l’école est pour lui la priorité ; il en a même fait la mesure n°2 de son programme ! Il veut généraliser dès la rentrée 2022 les 30’ d’APQ, déjà déployées avec succès dans plus de 7 000 écoles primaires aujourd’hui, dans une juste complémentarité avec l’EPS et le sport scolaire. Le candidat Macron s’est également engagé à ce qu’il y ait 2h de sport en plus au collège, ce qui sera organisé par les chefs d’établissement en collaboration avec les parents d’élèves, les collectivités territoriales et le mouvement sportif, avec lequel l’objectif de rapprochement sera poursuivi.
D’une manière générale, quelles sont les grandes orientations qu’E.Macron souhaite mettre en œuvre durant ce quinquennat ?
En plus de faire du sport un pilier pour la jeunesse, y compris pour les étudiants, nous restons très concentrés sur le fait de rendre le sport accessible à tous par des leviers adaptés, qui ne seront pas tout à fait les mêmes en zone urbaine ou en milieu rural, et qui doivent plus que jamais bénéficier aux personnes en situation de handicap.
Le sport-santé prendra également toute sa place dans la « révolution de la prévention » que le candidat veut impulser durant ce second quinquennat. Les nouveaux bilans de santé, complets et gratuits, qui seront réalisés à 25, 45 et 60 ans comprendront un échange sur l’activité physique, qui pourra donner lieu à des recommandations pour mieux lutter contre la sédentarité.
Vous connaissez aussi son engagement sur les enjeux d’inclusion sociale par le sport ; il a cette formule que je trouve très forte : « le sport fait partie de ce qui permet à chacun de trouver sa place dans la vie ». Le nouveau contrat d’engagement jeunes, d’ailleurs, fait la part belle à l’activité sportive et le sport gagne en importance dans le PIC (ndlr : le Plan d’investissement dans les compétences).
La volonté par ailleurs d’Emmanuel Macron de contrecarrer tout ce qui peut ressembler à des dérives séparatistes, dans le sport comme ailleurs, est au cœur de son Pacte pour la République.
Enfin, vous savez combien il est important pour lui que le modèle sportif français, dans toutes ses composantes, soit non seulement exemplaire sur le plan de l’éthique et de l’intégrité sportives, de la transition écologique, de la place des femmes, mais aussi performant.
Alors justement, sur ce point, durant ce quinquennat auront lieu les JOP en 2024. Le président, lors du discours du 13 septembre 2021 en l’honneur des médaillés de Tokyo, a indiqué : « nous préparons aussi la France de 2030 parce que tout ne s’arrêtera pas en 2024 et nous devons aussi utiliser 2024 comme un jalon essentiel pour aller beaucoup plus loin ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Depuis plus de 2 ans, nous mettons en œuvre un plan ambitieux de soutien et d’évolution du sport de haut niveau, piloté par l’Agence grâce à des moyens augmentés et à la stratégie « Ambition Bleue », qui associe désormais aussi les clubs professionnels.
Ce plan, il témoigne de la reconnaissance due par la Nation à ses champions. Il engage aussi la France dans une culture de la performance, dans la durée : Si les Jeux de Paris 2024 ont accéléré la donne, la volonté est bien de faire durablement grandir un système adapté aux exigences de la haute performance et de la concurrence internationale.
C’est pour cela que nous accompagnons, plus fortement que jamais, non seulement les sportifs préparant les Jeux de 2024 mais aussi ceux à fort potentiel qui préparent les olympiades et paralympiades suivantes, d’hiver comme d’été, avec un total de 13,5 M€ de soutiens individualisés en 2022.
C’est pour cela que nous soutenons aussi, et c’est indédit, leurs entraîneurs, y compris en favorisant le recrutement d’entraîneurs étrangers de premier plan ou le rapatriement de nos meilleurs talents français.
C’est pour cela aussi que nous travaillons dans le même temps à améliorer la formation continue de nos CTS, avec la nouvelle « Ecole des cadres » portée par le ministère des sports. Sans les uns et sans les autres, pas d’élite ni de vivier, donc pas de performance durable.
C’est pour cela, encore, qu’on investit plusieurs millions dans des technologies, des équipements et des matériels de pointe, susceptibles de procurer au sport français de nouveaux avantages comparatifs dans le temps.
C’est pour cela, enfin, qu’une attention renforcée est portée, notamment par l’Agence, à l’accompagnement socio-professionnel des sportifs de haut niveau : il faut qu’ils puissent se construire une trajectoire sécurisante, ouvrant les possibles avant, pendant et après leur carrière professionnelle.
Bref, on le voit très clairement : la volonté annoncée d’inscrire la France, dans la durée, dans le Top 5 des nations les plus médaillées ne se traduit pas par un sprint, mais par une stratégie globale qui se décline sur le court, le moyen et le long termes.
La nouvelle gouvernance du sport promise par le candidat Macron à l’élection 2017 a été mise en place. Toutefois l’agence nationale du sport qui symbolise cette nouvelle gouvernance est critiquée. Certains candidats souhaitent la supprimer. Qu’avez-vous conseillé à E Macron ?
Oui de façon assez surprenante, j’ai vu que Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon se rejoignaient pour souhaiter la suppression de l’Agence. Au-delà de la pagaille institutionnelle que cela causerait à 2 ans des Jeux, ce serait surtout un gros gâchis, tant sur le fond que sur la méthode, que de se passer de l’implication des collectivités territoriales, du monde économique et du mouvement sportif dans le pilotage des politiques sportives de la nation.
Pour ancrer le progrès que représente cette nouvelle gouvernance partagée et la porter à sa pleine efficacité au plan national, ce qu’il nous faut, ce n’est pas un détricotage aux ressorts étatistes, mais à mon sens repréciser certains aspects de la répartition des compétences entre les acteurs.
C’est à dire ?
Il faut rendre plus clair que le ministère des sports doit avant tout agir dans une logique régalienne : réglementation des pratiques et des métiers, respect de l’éthique et de l’intégrité sportives, coordination diplomatique, recrutement et formation continue des CTS, d’impulsion et d’évaluation des politiques sportives. Le rôle de l’ANS est de porter une vision partagée et d’opérer les politiques décidées par les différents acteurs. Il me semble aussi qu’il faut rappeler que le monde économique n’est pas là que dans une logique de financement, mais aussi pour apporter son expertise spécifique sur des projets ou des sujets de fond.
Par exemple ?
L’évolution des modèles économiques du sport, la transformation digitale des services et des expériences, les nouvelles façons d’engager les publics cibles.
Mais l’enjeu majeur pour l’Agence est de réussir son ancrage territorial. Les Conférences régionales du sport sont en place et les conférences des financeurs doivent permettre de donner rapidement corps aux projets sportifs territoriaux. La représentation territoriale du sport paralympique a par ailleurs vocation à se renforcer.
Savez-vous quand E Macron présentera son programme détaillé dans le domaine du sport ?
Nos convictions et les axes de travail qu’il nous a été demandé de creuser, que ce soit en groupe de travail technique ou en allant à la rencontre de tout l’écosystème sport pour écouter les acteurs et partager les points de vue, sont clairs. Cet exercice, et les visites de terrain qui sont allées avec, ont d’ailleurs été incroyablement enrichissants.
Le reste appartient au candidat et à lui seul. C’est lui qui choisira la forme, le dosage, le tempo. Au vu des contraintes qui pèsent sur le contexte, et au fil de son dialogue avec les Français.