Ce week-end, j’ai fait un Ironman. J’ai basculé… et je me suis régalé

Ce week-end, c’était l’Ironman des Sables-d’Olonne, « l’Ironman de la bascule ».
À partir d’un certain nombre d’épreuves, c’est comme les années, on ne compte plus. Mais là j’ai vraiment changé de tranche d’âge : dossards blancs pour les 60-64 ans, bonnets blancs en natation, tout prévu pour qu’on le voit. Et surtout, première fois qu’on m’a autant appelé « Monsieur » : « Allez Monsieur ! », « Bravo Monsieur ! », « Continuez Monsieur ! ».
D’habitude, on m’appelle par mon prénom, c’est écrit sur le dossard ; cette fois, « Patrick » est passé au second plan. Avec mes camarades Patrick Roult et François Bellanger on avait organisé une journée sur « C’est quoi demain les vieux dans le business du sport? ». Je crois que j’ai un début de réponse…

Organisation au top aux Sables d’Olonne, une ville membre du réseau « Territoires d’Événements Sportifs », public incroyable sur les quatre boucles du marathon — je n’ai jamais vu autant de monde aussi enthousiaste.

Flash-back : Barcelone et les questions restées en suspens

La dernière fois que je vous ai parlé de ma course, ce n’était pas brillant : Ironman de Barcelone, dos bloqué sur le dernier semi, étirements à chaque lampadaire, plein de doutes. J’avais accusé mes chaussures carbone drop 8, portées pour la première fois le jour J alors que je m’entraînais sur un autre drop depuis six mois.

Mon ostéo a tranché : « C’est une bêtise. Passe au drop 0 » J’ai obéi… et j’ai commis l’erreur classique : courir trop longtemps trop vite dans des chaussures neuves. Résultat : tendinite du tendon d’Achille, depuis le mois de novembre et bien sur mal soigné …. encore sensible autour du 20e km 2 semaine avec je jour J. Pas idéal pour préparer un marathon.

Une préparation conforme : 80 % garage, 20 % extérieur.

Côté préparation, j’ai appliqué ma désormais légendaire règle du 80 % garage, 20 % extérieur. Concrètement : des heures de home-trainer face à l’ordinateur souvent d’ailleurs à écrire les articles de décideurs du sport, trois vraies sorties vélo dehors dans les trois semaines précédant la course, deux trempettes en lac, et le reste de la natation accroché à la porte de la piscine avec un pull-boy. Pour la CAP, j’ai limité la casse : trois sorties d’une vingtaine de bornes, beaucoup de tapis histoire d’épargner mon tendon d’Achille toujours sensible.

J’ai soigné le carburant

Côté carburant, je m’étais fixé 60 à 80 g de glucides par heure (gels, barres, boisson). C’est la première fois que je regarde le sujet. Et savez vous pourquoi. Ben j’avais vu que le Le secret de Tadej Pogacar : 120 grammes de glucides par heure . J’avais même prévu un sac de ravito perso à récupérer à mi-parcours vélo… que j’ai oublié de déposer – le parc était à 3 km du départ et j’avais la flemme. On a donc improvisé avec ce qu’il y avait sur le vélo et aux ravitos. Enfin, pour conjurer le mauvais sort des crampes, j’ai remplacé les simples cachets de sel par des cachets électrolytes complèts (Na, K, Ca, Mg) pris religieusement comme indiqué sur la notice. Effet secondaire inévitable : cinq ou six pauses-pipi sur, mais mieux vaut ça qu’une cuisse qui se fige.

La veille : découverte du dénivelé

La veille de la course, comme souvent, je me suis replongé dans le parcours – et là, petite alerte. J’avais en tête un vélo « roulant », puis je tombe sur les données officielles : 11 300 mètres de dénivelé positif annoncés, euh ça me semble beaucoup ça doit être une erreur. Sur une autre carte c’est marqué 1274 m plus crédible. Moi garmin 1800 mais je pense que c’est autour de 1300. J’ai bien senti les bosses. Mais le plus surprenant, c’est le marathon : 602 mètres de D+ affichés. Là, pour le coup, j’ai vraiment eu un doute. Un marathon avec autant de dénivelé ? J’ai commencé à revoir mes ambitions à la baisse. Finalement, une fois sur place, soulagement : le parcours était plutot plat. Gramin dit 170. En fait, aux Sables-d’Olonne, on maîtrise mieux les vagues que les courbes altimétriques. On peut leur pardonner.

Jour J – Natation

Départ 7 h, plage, marée montante : 150 m de marche/ course avant de nager, toujours ça de gagné. Une boucle dans la baie, et comme d’hab tu gamberges, t’as pas fait 1500 m que tu te dis, mais pourquoi ? alors tu te projettes sur la ligne d’arrivée, tu te rassures, tu bois la tasse, tu prends un coup de coude, un coup de pied. Retour par le chenal : la marée pousse, sensation grisante de vitesse en voyant les spectateurs défiler. Première bonne surprise. ça va bien se passer. 1h10

Mon staff est là !

Mon staff est là, fidèle au poste comme toujours : Hélène, Antoine, et Emma cette fois avec Julien était aussi de la partie. Clara n’avait pas pu faire le déplacement. Présents dès le lever du jour, sur la plage pour le départ natation, à la transition, et surtout tout au long du marathon, visibles, bruyants, souriants. Sur un parcours en quatre boucles, ça veut dire huit points de rencontre. Huit fois où tu lèves les yeux, tu les vois, tu entends ton prénom, tu tapes dans une main, tu reprends des forces. À ce moment-là, t’es plus qu’ un dossard blanc dans la catégorie 60-64, tu es accompagné, soutenu, reconnu. Et ça, honnêtement, ça change tout.

Vélo

Parcours vallonné, campagne, des portions sur des routes communales qui auraient besoin d’un nouveau revêtement mais ça passe, on est en pleine nature, on traverse des marécages, il y a du monde dans les village. Pas trop de draft, une chute vue de près, mais globalement propre. Je n’ai pratiquement pas regardé ma montre durant le parcours juste aux 90 km. Moyenne 35 km/h. Ravitaillement respecté, crampes tenues à distance. Transition sans souci.

Marathon

Premiers pas lourds, et pourtant 1er km en 5’00-5’10 – un peu rapide. Après 500 m sur la plage et des escaliers pour remonter sur le remblai, le ton est donné, ils ne nous épargnerons rien. Je passe devant mon staff en forme olympique. Je découvre le parcours, du monde tout du long, une ambiance superbe, à l’aller il faut chaud, trés chaud, tu sens le bitume noir franchement installé remonté, … au retour c’est mieux t’as la brise dans la tête. Je repasse devant mon staff installé pas loin de la ligne d’arrivée, le claque les mains, tout va bien. Mais vers le 16-18e km, douleur au tendon. Aie, j’avais prévu : ibuprofène 400 avalé (euh effet discutable j’aurais peut être du anticiper ! )

Au 21e km (3e passage devant mon staff : Hélène, Antoine, Emma, Julien), je leur dis que ça va être compliqué, mais l’abandon n’est pas une option.

Miracle : Matthieu Van Veen surgit

Alors que j’attaque la 3ème boucle, j’entends « je me disais bien que je connaissais cette tenue et cette démarche, j’ai accéléré pour te rattraper. » Et surgit Matthieu Van Veen, vous savez le Matthieu qui m’avait soutenu à Hawaii. Il était en scooter à Hawaii. Matthieu c’est le boss mondial du développement de la marque ironman . Un gars hors norme. Il m’explique tranquillement qu’il fait cet ironman sans entraînement, qu’il en a un peu bavé en vélo (tu m’étonnes !) . Il passe son temps aux 4 coins de la planète. Ses entraînements à lui ce sont les Iron, il a fait 3 half cette saison et hop il vient faire le full des sables. C’est une surprise totale, je pensais qu’il serait à Nice la semaine prochaine.
Alors là autant vous dire que ça change tout. On a couru ensemble les 2 boucles, peinard. C’était bien, c’était la première fois que je cours un marathon sur iron man avec quelqu’un. Oublié la douleur à la cheville. Oublié le chrono aussi, on profite du moment, on savoure. J’aime beaucoup Matthieu mais pas au point de refaire 2 tours en plus avec lui d’autant plus qu’à 500 m de l’arrivée j’ai senti une crampe monter. J’ai filé vers l’arrivée.

C’était mon 33ᵉ Ironman

C’était mon 33ᵉ Ironman. Celui de la bascule. Pas seulement vers une nouvelle catégorie d’âge, mais vers une autre manière de courir : moins pour prouver, plus pour savourer. Moins pour les secondes, plus pour les sensations. Un peu plus de 11 h au final. Une transition douce, mais claire — comme si, après 33, on comptait autrement.

Mais surtout, je me suis régalé. Merci aux Sables-d’Olonne, à l’organisation, aux bénévoles, au public, à Mathieu, à ma team.
Et un clin d’œil à Hélène, qui a bien compris — à mon regard à l’arrivée — que ce n’était clairement pas le dernier.

Le prochain Ironman ? je ne sais pas encore. Et on m’appellera encore « Monsieur » ou pas …. si c’est à l’étranger !

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