Laurent Ouvrard Président de club : « on croule sous des injonctions permanentes parfois contradictoires, toutes marquées de bonnes intentions «

Président du club de Tennis de Saint-Germain-en-Laye depuis 8 ans (sa femme a l’impression que ça fait 15 ans ! ). Ancien joueur de bon niveau, Laurent Ouvrard,  passionné de tennis nous livre son expérience de bénévole, une expérience très enrichissante mais épuisante.  Dans sa vie professionnelle, Laurent Ouvrard dirige la filiale Française d’un grand groupe.

« Au tout début de mon expérience de président de club, ma grande  surprise a été de découvrir le nombre important  d’acteurs qui gravitent autour d’un club. Je pensais naïvement que je n’aurais qu’un interlocuteur la fédération. Mais non pas du tout. Il y a une multitude d’interlocuteurs à satisfaire. « 

On croule sous des injonctions permanentes parfois contradictoires, toutes marquées de bonnes intentions

« Si tu veux satisfaire tout le monde c’est juste impossible. On croule sous les demandes, les recommandations, les prescriptions appelle  ça comme tu veux. Et c’est pire d’année en année. Elles partent toute de bonnes intentions. Pour la fédération il s’agit de toutes les préconisations sur l’école de tennis, les parcours pédagogiques, l’organisation des championnats, les formulaires administratifs à remettre en temps et en heure, la compétition…auxquelles s’ajoutent les priorités de l’Etat qui demande à la fédération de mettre en place ses différents programmes : sport santé, pratique féminine, prévention des dérives sexuelles, …    

Il y a aussi l’Etat  avec tous les dispositifs souvent les mêmes que la fédération :  contrat d’engagement républicain, prévention du harcèlement, pratique féminine, la pratique sportive dans les quartiers … 

Tout en nous soutenant énormément, la ville de son côté, nous sollicite sur divers sujets en fonction de ses propres priorités…et je peux le comprendre, sur le sport scolaire, la fête des associations, …

  Je pourrai ajouter les demandes du comité départemental, celles de la ligue mais aussi du département ou de la région.

  Dans mon activité professionnelle, j’ai un actionnaire à satisfaire… Dans mon club il faudrait satisfaire tout le monde, et ça c’est mission impossible »

La chasse aux subventions mais pour quel projet ?

« En complément de toutes ces demandes il y a souvent les subventions. Mais c’est presque un travail à temps plein de remplir la multitude de dossiers. Sans compter que si tu réponds à tout le monde tu n’as plus de projet, plus de cohérence plus de priorités. Certains de mes collègues sont spécialistes mais au final pour faire quoi ? pour quelle vision ? »

La vraie difficulté c’est d’y voir clair

« Le grand challenge d’un président de club sportif, au final c’est de faire la synthèse de tous ces intervenants, et de se fixer un cap, d’avoir une vision, et de s’y tenir.

Si tu réponds à tout le monde tu passes ton temps à lancer des dispositifs,  qui n’intéressent pour la plupart du temps qu’une minorité d’ adhérents, qui mobilisent une énergie terrible en parallèle de la vie de ton club.   De plus,  quand t’es président de club tu veux « bien faire », tu as toujours quelqu’un de bien intentionné qui vient t’interpeller sur  tel ou tel sujet….  ou de te donner des conseils, par contre peu de candidats pour prendre ta place  … »

Arrêtez de nous envoyer des recettes !

« J’ai le sentiment depuis plusieurs années que la machine administrative s’emballe au niveau des instances fédérales mais aussi de l’Etat et des collectivités territoriales.  La multiplication des dispositifs générés par les différentes instances  a eu pour conséquence le  recrutement de personnels pour gérer ces dispositifs. Au final ces personnels et c’est pour ça qu’ils ont été recrutés produisent des guides, des référentiels,  moi j’appelle ça des recettes que je dois appliquer au sein de mon club. On croule sous les recettes quand ce ne sont pas des plats préparés. Ecole de tennis, prévention des dérives, sobriété énergétique, tous les appels d’offres de l’ANS, de Paris 2024, … il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive « une recette »

Sauf que dans un club impossible de proposer toutes les recettes. ça devient un self service. Mon rôle de président ce n’est pas de servir des plats préparés c’est d’élaborer des recettes, pour proposer un menu qui plaira à nos adhérents…

La nécessité de simplifier, il en dépend de l’avenir du bénévolat

Après ces 8 années d’expérience, je suis convaincu de la nécessité de simplifier, de réduire le nombre de nos différentes strates administrative et de tendre vers un interlocuteur unique. Il en dépend de l’avenir du monde associatif sportif reposant sur le bénévolat…

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