Grenelle de l’emploi et des métiers du sport : pourquoi ça coince ?

Il y a un an, c’était le 10 mars 2022, j’écrivais un article intitulé «  Un Grenelle de l’emploi et des métiers du sport au pas de charge ? » .
J’étais dubitatif sur le calendrier annoncé. Le Grenelle devait accoucher le 14 avril ! Puis finalement a été lancé le 5 juin « le Grenelle comme un jalon dans une démarche collaborative »

La promesse était belle

  • Réunir les acteurs autour d’objectifs communs de simplification, d’efficience et de mise en cohérence
  • Renforcer l’attractivité des métiers du sport
  • Favoriser des parcours professionnels plus longs, et un abaissement du turn over
  • Renforcer la qualité des emplois dans le sport

Il faut rappeler que l’objectif de Grenelle est de mettre en conformité l’ensemble de l’offre des formations aux métiers du sport en conformité avec l’arrêté du 8 janvier 2019 fixant les critères associés aux niveaux de qualification du cadre national des certifications professionnelles

« Ça n’avance pas ! »

« Ça n’avance pas » me souffle ce participant assidu aux réunions de négociation… et pour cause, déjà à l’époque on avait pointé un niveau BPJEPS qui interpelle. On écrivait comment imaginer qu’un BPJEPS puisse avoir des fonctions d’encadrement de « soutien et de conseils à chaque membre d’une équipe » des fonctions aujourd’hui qui relèvent des blocs de compétences bac + 3 voire plus dans le champ des diplômes délivrés par les STAPS…. de quoi mettre le feu aux poudres avant le Grenelle ! Et c’est bien là le problème

Pourquoi ça coince ?

En théorie un grenelle c’est une négociations multipartite qui vise à établir un consensus ou au moins à trouver des compromis. Là, le problème est que les acteurs autour de la table ne se sont toujours pas mis d’accord sur l’échelle des compétences à mettre en face des niveaux de diplômes.
En théorie, les blocs de compétences doivent être comparables (ou identiques on peut rêver) pour un même niveau de diplôme.

NiveauTitre en référence
3CAP BEP
4Bac Bac EPS  Bac pro sport   BP JEPS
5Bac + 2 DEUG DEUST  BTS DUT     DE JEPS
6Bac + 3 Licence Licence pro BUT   DESJEPS
6Bac + 4 Master 1
7Master DEA DESS
8Doctorat

Le problème est que les acteurs de la concertation ne sont toujours pas d’accord sur la taille des barreaux de l’échelle. Les STAPS d’un coté qui ont 8 barreaux et qui délivrent le doctorat. Avec une progression de compétence du niveau 5 au niveau 8. De l’autre coté le ministère des sports dont l’échelle s’arrête au niveau 6 (Bac plus 3).

Résultat le ministère des sports a tendance à vouloir sur qualifier ses diplômes quand les STAPS sont attachés à la progressivité des leurs. Pour simplifier, un titulaire d’un niveau IV (niveau bac) le BP JEPS pourrait sortir avec les mêmes compétences qu’un titulaire d’une licence STAPS.

Par exemple selon le « REFERENTIEL D’ACTIVITES, DE COMPETENCES ET D’EVALUATION DU BREVET PROFESSIONNEL DE LA JEUNESSE, DE L’EDUCATION POPULAIRE ET DU SPORT SPECIALITE « EDUCATEUR SPORTIF » MENTION « MULTI ACTIVITES PHYSIQUES OU SPORTIVES » proposé par le ministère des sports, le titulaire d’un BP sera capable de planifier et organiser un projet dans le cadre de l’organisation d’une structure, ce qui nécessite coté STAPS un niveau 5 (DEUST) ou un niveau 6 (licence)

Autre exemple, le titulaire d’un BP peut coordonner les actions de chaque membre de l’équipe du projet. Une fonction réservé aux licences voire aux masters en STAPS.

Peut-on sortir de la pétaudière par le haut ?

En 2012 j’écrivais ce papier Formation aux métiers du sport : indignons nous ! et je posais la question suivante : A qui profite cette pétaudière ? Pas au personnel du ministère des sports en tout cas. Le ministère est passé d’un service public de formation à un service public de certification. En novembre 2022 je saluais l’initiative de la ministre de vouloir s’attaquer au sujet de la formation suite aux annonces de l’ #IPCS3. #IPCS3 Amélie Oudéa-Castéra veut rendre plus lisible l’offre de formation pour renforcer l’insertion professionnelle par le sport.

Il serait très dommage que ce Grenelle n’aboutisse pas. pour ma part j’ai toujours rêvé de fusionner les référentiels de formation. J’écrivais ceci il y a 10 ans jour pour jour « Notre proposition est de fusionner les référentiels de formations de niveau 5 (ancien niveau III) et niveau 6 (ancien niveau II) délivrées aujourd’hui par Jeunesse et Sports d’une part et l’Education Nationale d’autre part. Cela mettrait fin à la double certification et chacun saurait qu’il dispose des mêmes compétences quel que soit le diplôme ; Il faut absolument que le système puisse fonctionner sur le mode Une formation, un diplôme, un emploi. » • Mar.26.2013 Modernisation du sport , notre contribution au débat VII : les formations

10 ans après on en est toujours au même point. Espérons que ce Grenelle ne soit pas un effet d’annonce comme ça a été le cas pour le MétierScope du sport • Mar.12.2024 MétierScope du Sport : peu importe le contenu pourvu qu’on ait un site internet et de la communication

Mettre en ligne un site sur les métiers avant d’avoir calé le référentiel emploi formation ce n’est pas mettre la charrue avant les bœufs ?

D’ailleurs mettre en ligne un site dont l’objectif est d’ «   Accédez aux emplois se rapprochant de votre recherche, dans des secteurs très diversifiés : encadrement, entraînement, management, événementiel, marketing et commerce, ingénierie, sport-santé, insertion par le sport, tourisme sportif, etc…. » avant d’avoir calé le référentiel métier et compétence c’est vraiment mettre la charrue avant les boeufs ! •

Vous me direz, au point où on en est, … le ministère des sports a déjà annoncé l’héritage des JOP #Paris2024 avant les jeux … 5:15 am A 130 jours de la cérémonie d’ouverture, le ministère des sports affiche (déjà !) l’héritage des JOP #Paris2024

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