Il y a un an je terminais les championnats du monde Iron Man d’Hawaï avec le sentiment de quelque chose d’inachevé. Je concluais le récit « Ça confirme totalement ce que j’avais écrit dans mon précédent post difficile d’aligner les planètes. Mais quelque part ce plaisir inachevé pèsera sur mes choix à venir … » En réalité j’en ai déjà écrit 3 post sur les Iron Man.
À lire
- Oct.13.2022 8:00 Ce Week-End j’ai fait les championnats du monde d’IronMan à Hawaï
- 6:57 pm Ce WE j’ai fait un triathlon les championnats d’Europe à Hambourg (début juin 2022)
- Mai.09.2022 12:58 Ce WE j’ai fait du sport (championnat du monde 2021 reporté en mai 2022 à Saint Georges dans l’UTAH)
Franchement j’y pense souvent à ces 12 h et quelques minutes. C’est quoi 12 heures dans une vie. Rien en réalité. Mais ça peut marquer. La réalité, c’est que ces 12 heures font partie de la dizaine d’évènements qui m’ont marqué.
Je ne pensais jamais refaire d’Iron Man.
Je faisais du sport bien sur, les 3 disciplines : natation, vélo course à pied, les étirements, une petite séance de musculation par-ci par-là mais rien de transcendant au sens de la recherche de performance. Tu te dis « si demain tu ne cours pas, c’est pas grave, t’as rien en vue ». Pareil pour le vélo. Tu pédales, mais t’envoies beaucoup moins de watts. Je me disais finalement, c’est pas si mal. Ça y est, tu tournes la page, tu fais du sport santé comme ils disent au ministère.
Et puis c’est revenu, tout doucement.
Qu’est-ce qui est revenu ? Ben l’idée peut être un jour d’en refaire un. Même si, en février, je me disais c’est totalement impossible, hors de portée. Sérieux, j’en ai fait 30 tous terminés dont plusieurs en dessous de 10 h, mais, à ce moment-là jamais je ne pouvais imaginer m’inscrire.
C’est revenu lentement. Je sentais bien qu’au fond de moi, était présent le besoin de me prouver que je pouvais en refaire un sans cramper, mais en même temps, je ne l’avais pas en tête. Et c’est là toute la différence ! Petit à petit, grâce à des séances longues d’aérobie (enfin c’est ce que je crois), du genre 4 à 5 heures à pédaler sur le home traineur en travaillant, en visionnant des auditions, en rédigeant des articles pour décideurs du sport, le fond est revenu. Difficile à décrire, je n’y connais rien en physiologie de l’effort et en psychologie, mais je sentais que j’étais bien, de mieux en mieux. Tu le sens quand tu pédales ou que tu cours à un rythme qui te convient. Ton corps répond, ton coeur est au bon rythme, ta respiration est en harmonie avec ton effort.
De mieux en mieux mais pas de quoi s’emballer non plus.
Alors j’ai regardé quel était l’Iron man le plus tard dans la saison. Et là je suis tombé sur Cascais (Portugal). (C’était le 21 octobre, le WE dernier). Bingo avec en plus le même jour le half et le full. Premier signe, j’ai réservé l’hôtel en me disant de toute façon qu’il était annulable jusqu’à l’avant-veille de la course. On était fin mai.
J’ai continué l’entrainement. Là, on peut parler d’entraînement parce que j’avais l’objectif en tête, et ça change tout. Tu peux faire du vélo, mais tant que tu n’es pas inscrit à une cyclo ou à l’étape du tour, tu ne pédales pas pareil. Idem pour la course à pied avec un objectif de semi marathon ou de marathon. Ça change tout parce que tu t’entraines pour un objectif et tu te dis « il faut que je me prépare ».
Début juillet je décide de réserver l’avion, un low cost. Peu de frais engagés, « si tu n’y vas pas tu perds le billet, ce n’est pas le bout du monde ! » Je me disais aussi que je pouvais faire le half si ne je n’étais pas suffisamment préparé. L’été se passe, entrainement sérieux mais sans excès et le déclic arrive le 21 aout.
Le déclic arrive le 21 aout.
Pourquoi le 21 aout parce que j’ai du remonter de Port Leucate à Toulouse en vélo faute de place suffisante dans la voiture (un passager non prévu en plus). C’est jour de canicule, 39 – 40, 43 à 44 en température ressentie aux alentours de Carcassonne, vent de face, terrible. Je me suis dit là si t’arrive au bout, c’est bon tu peux d’inscrire. 2 haltes à Carcassonne et Castelnaudary pour refaire les niveaux et les 210 km étaient bouclés dans l’aprés-midi sous un soleil de plomb. Le soir même je m’inscrivais à l’Iron man.
Poursuite de l’entrainement, cette fois ci l’objectif est clair, pas de retour possible, il faut être prêt. J’ai même fait un test d’effort pour me rassurer. Un test sur mon vélo avec un masque. Résultat apte au service même plus que apte, selon le docteur par rapport à mon age j’ai 2 coeurs et 4 jambes ! m’a-t-il dit. Ça rassure, mais si ça n’empêche pas les crampes !
Un iron man pour le loisir
Si il y avait une case loisir / sport santé à remplir au départ à la remise du dossard, je l’aurais coché. J’avais décidé de le faire pour le plaisir celui-ci c’est-à-dire sans objectif de performance. Pour le plaisir c’est ambigu, cela ne signifie pas que je n’ai pas pris de plaisir à faire les 30 autres mais dans ma tête je ne voulais pas me faire mal. Résultat j’ai bien dormi les nuits précédentes ce qui n’était pas vraiment le cas pour les précédentes éditions. En plus, avec un départ à 9 h en raison du départ du half avant, ça permet de faire une vraie nuit complète, ce qui ne m’était pratiquement jamais arrivé.
Une natation peu agréable.
Et c’est parti pour 3,8 km, départ sur la plage par paquet de 8 toutes les 6 secondes. L’eau doit à être à 19° température, très agréable avec la combinaison. Le reste l’est moins. Des vaguelettes, une légère houle, jamais, je n’ai autant bu d’au je pense. En plus des difficultés à repérer les bouées avec la houle. Une eau trouble sans visibilité. Au final une natation qui ne laissera pas un grand souvenir. Idem pour la sortie de l’eau un raidillon de 30 m pour remonter sur la route et ensuite environ 800 m à courir avec la combinaison jusqu’au parc à vélo dont 150 m de montée. On a connu mieux !
Un vélo au tempo
Une transition assez longue bien sûr et on enfourche le vélo pour 180 km, 2 boucles de 90 km. J’avais déjà fait le parcours sur home traineur enfin, c’est ce que je pensais. Mais rapidement je m’aperçois que l’itinéraire n’est pas identique. Pourtant dans ma tête je m’étais dit tu as 10 km « de plat » et après ça monte jusqu’au 30 ème. Bon finalement ça a monté à partir du 5ème. Jusqu’au 40 ème km le parcours passe dans l’arrière pays mais avec beaucoup de ville, de rond-points de dos d’âne, de virages. Un passage sympa sur les hauteurs dans la forêt et ensuite, c’est original, le circuit du grand prix d’Estoril, un billard, tu peux y aller à fond. J’ai quand même réussi à freiner au virage après la descente … alors que vous pouvez imaginer qu’il y avait la place pour prendre le virage. Au 40 ème on récupère le bord de mer et c’est un aller retour avec un demi-tour juste après le pont du 25 avril. On longe l’océan, magnifique, Caxias, la tour de Belem, je ne pensais pas qu’il y avait autant de surfeurs sur ces cotes impressionnant ! Sur le vélo, les sensations sont bonnes, je n’ai jamais regardé la montre. Aucune idée de vitesse. Mais j’étais bien. Les montées au tempo, sans me mettre dans le rouge et sur le plat, en position aéro dynamique avec un vent de coté. La sensation de bien-être sur certaines portions plate ou légèrement descendante avec tout en harmonie : les jambes dont tu penses qu’elles peuvent tenir des km et des km (quand t’es dans cet état tu ne doutes pas! ) le coeur au bon rythme et aussi la tête. Concentré, aux aguets de la moindre douleur, du moindre signal mais bien ton ton effort. Je n’ai jamais autant mangé sur le vélo. 3 mini sandwichs, une barre protéinée, 3 barres de céréales, 2 bananes, 5 ou 6 gels … aucune explication à un tel appétit et aussi 3 ou 4 comprimés de sels en prévision de crampes. J’étais en alerte totale sur les crampes. J’ai pensé à m’hydrater. Entre le 80ème km et le 130ème, c’est toujours la période un peu compliquée, tu es autour de 4 h d’effort, la natation a laissé quelques traces et tu dis que tu n’as pas fait la moitié du vélo et qu’il te reste le marathon. A Cascais, c’est pareil même pire puisque les 40 premiers km ne sont pas trés agréables. On refait un tour de circuit de formule 1 , cette fois je n’ai pas freiné, et hop c’est reparti pour un aller retour vers le pont. Au 130 je me sens bien, je termine dans de bonnes conditions sans avoir regardé une seule fois la montre ! à la descente du vélo, le chrono indique 6 h. c’est bien.
Un marathon qui déroule jusqu’au 28 ème
Tu sais assez rapidement comment tu vas finir le marathon. Dès les premières foulées, tu sens si tu es bien ou pas. Ma crainte c’était les crampes. Le premier km, c’est la transition. La montre vibre je regarde : 5 min 20 secondes. C’est bien. Je décide de garder ce rythme. Le parcours n’est pas plat plus de la moitié de faux plats sur 3 fois la boucle, toujours en bord de mer jusqu’à la finish line. Là aussi, je ne regarde pas la montre. Elle vibre à chaque km, je regarde le temps du km mais sans chercher à savoir où j’en suis au total et à anticiper, si je cours sur un rythme de X min au km, je vais terminer en temps d’heure. Non en mode loisir, sans se mettre dans le rouge. Le premier tour , les 14 premiers km sont du pur bonheur. De très belles sensations. J’avais l’impression de pouvoir courir comme ça 80 km, j’étais bien à mon rythme, les faux-plats montants passaient comme une lettre à la poste. Superbe sensation. Je viens de regarder les temps sur garmin et ça confirme, des chronos aux environ de 5 min 30 sec au km et un peu plus lorsqu’il y avait un ravitaillement. La seconde boucle pareille. Même sensation. C’était trop beau…. et je le savais. Sur un iron man les difficultés pour moi arrive au 28 ème quand je suis bien. Quand je suis moins bien au 18 ème. Là quand t’es pas au mieux et que tu n’es pas à la moitié, il faut mettre le cerveau sur off et avancer. Quand t’es bien ça se complique au 28ème et devinez quoi ? le retour de mes amies les crampes. Et pourtant j’en ai bouffé des pastilles de sel. J’ai du gérer le dernier tour en ralentissant pour ne pas risquer la crampe. Elles n’étaient pas loin, elles m’ont privé de mon état de plénitude jusqu’au bout. Mais elle ne m’ont pas stoppé. J’ai couru entre chaque ravitaillement. J’ai pris mon temps.
La finish Line passée, c’est la délivrance comme à chaque fois, même si celui-ci je l’ai fait en mode « loisir » ça reste un bel effort. Médaille autour de cou, il ne reste plus qu’à récupérer les sacs et le vélo. Le lendemain j’étais bien même trés bien. Pratiquement aucune courbature, j’ai même crapahuté pendant 2 ou 3 heures dans l’alfama.
Voilà c’était mon 31ème Iron man, le premier en mode détente, loisirs et certainement pas le dernier ! J’ai pris beaucoup de plaisir.