Crise au CNOSF : Denis Masseglia dépose plainte auprès du PNF et demande à la présidente Brigitte Henriques de démissionner

Il n’a pas fait le voyage pour rien l’ancien président du CNOSF devant les administrateurs du CNOSF. Invité à venir s’expliquer au sujet des affaires en cours, il a exprimé sa « colère froide ».

Sa colère au sujet de la conférence de presse tenue par Brigitte Henriques le 4 avril en présence de son avocat qui selon l’équipe a indiqué se réserver le droit de porter plainte contre l’ancien président.

« Alors je résume pour bien qu’on comprenne ma colère froide : un avocat, accusé par la Sorbonne de plagiat, plagiat qui va être reconnu comme tel quelques jours après, se permet de dire sous le décorum des anneaux olympiques, dans la maison du sport français, qu’il se réserve le droit de porter plainte contre quelqu’un qui a été président de l’institution pendant 12 ans, qui en a été dirigeant responsable et actif pendant 30 ans et qui a été décoré de l’ordre olympique par le CIO. Pour ce faire, cet avocat n’est pas seul, il est là à la demande de la présidente, il est accompagné par elle et déroule sa plaidoirie sans qu’elle sourcille. »

Plaint contre X au PNF

Sa colère au sujet des anomalies financières relevées dans le cadre de l’audit, des frais d’avocats, de conseils en communication, … « C’est l’ensemble de ces questionnements qui a conduit André Leclercq et moi-même à la décision de saisir le Parquet National Financier pour une plainte contre X sur un éventuel abus de confiance afin de connaître les responsabilités et délits éventuels »

Brigitte « Tu dois admettre qu’il n’y a pas d’autre issue que ta démission »

« Par une succession d’actes manqués, d’erreurs stratégiques et de crises qui marquent tant l’institution que les personnes, tu n’es plus à la hauteur des enjeux, et l’intérêt, tant du CNOSF que du mouvement sportif, commande de passer à autre chose. Tu dois admettre qu’il n’y a pas d’autre issue que ta démission et si je m’exprime aujourd’hui en ce sens, tu dois bien imaginer que ce n’est pas sur un coup de tête, ni en étant seul pour te le demander. »

Brigitte Henriques a refusé de démissionner comme l’indique l’équipe.

L’intervention de Denis Masseglia

Je souhaite tout d’abord commencer mon intervention en vous confirmant ce que je vous ai écrit, à savoir que c’est important pour moi de pouvoir m’exprimer devant vous ce soir. Je vais donc le faire et vous demande simplement de me laisser aller jusqu’au bout sans m’interrompre.

        La première chose que je souhaite dire concerne des propos tenus à mon égard ici même en réunion de CA, comme quoi je serais aigri. Alors, de façon à ce que ce soit très clair, je souhaite rappeler que je suis un inconditionnel de la limitation tant de l’âge des présidents que du nombre de mandats, que je me les suis appliquées à moi-même, que j’ai milité pour cela et que je n’ai aucune amertume à ne plus être après avoir été. Concernant le sujet de la radio Dab+, c’était un formidable projet pour lequel le tapis rouge était déroulé, la candidature a fait pschitt dans les circonstances sur lesquelles je me suis déjà exprimé. J’ai parlé de forfaiture et je maintiens le mot. Il y avait une opportunité exceptionnelle dans le cadre de l’héritage des Jeux, elle est passée. Ce n’est pas moi qui suis puni, c’est le mouvement sportif, je ne suis et n’aurai été que de passage, le mouvement sportif, lui, est au-delà des personnes et c’est bien lui qui le perdant de l’opération. Je tiens donc à dire que je ne suis pas aigri parce que cela sous-entendrait qu’il s’agit de raisons qui touchent à ma personne, et ce n’est pas le cas. Par contre, je suis en colère et cette colère est froide parce qu’elle touche à l’institution CNOSF et aux principes sur lesquels s’est bâtie son histoire au cours du temps.

Avant d’exprimer les raisons de ma colère, je souhaite revenir sur ce qu’on appelle l’affaire Fortepaule. J’ai effectivement téléphoné à une des victimes pour l’écouter me raconter son calvaire et m’exprimer combien elle était marquée par ce qui s’était passé. Je lui ai demandé en fin de discussion si elle avait eu après les procès, un message écrit ou oral de la FFF et la réponse a été un non catégorique. J’ai donc souhaité prévenir deux des plus proches de la présidente de ce qu’il en était et ai donc écrit à Astrid et Michel. La suite est indiquée dans un courrier que la présidente a adressé aux membres en écrivant je cite :

« Cette nouvelle tentative de déstabilisation de notre exécutif a été évidemment évoquée lors du Bureau exécutif exceptionnel qui s’est tenu ce lundi 3 avril. L’échange qui en a suivi entre élus nous a conduits à organiser une conférence de presse hier en fin d’après-midi, afin de présenter aux médias un plein éclairage de la situation actuelle. Dans une volonté de transparence, j’ai donc pu rappeler les faits de manière précise aux représentants des médias présents. J’ai également corrigé les fausses informations mentionnées dans ce courrier. Mon conseil, présent à ma demande, a rappelé les différentes plaintes déposées pour cyberharcèlement et diffamation publique concernant ce sujet et d’autres, et a réaffirmé ma détermination à réagir fermement. » Fin de la citation.

Permettez-moi de dire simplement que je n’ai écrit qu’à 2 personnes et n’ai donné aucune forme de publicité à ce message. Cette publicité, ce n’est pas moi qui l’ai faite, j’ai prévenu de ce qui risquait d’arriver et c’est tout.

Ma préoccupation prioritaire est autre, elle a pour origine tout ce qui fait débat lors des séances du CA que vous tenez depuis le mois de septembre 2022. Je vais simplement la résumer en répertoriant ce qui fait aujourd’hui l’objet d’interrogations. On note donc au fil du temps et des rapports :

  1. Une quarantaine d’anomalies financières constatées par le trésorier sur un audit interne qui fait suite à une indiscrétion de Médiapart et à la plainte de Didier Seminet pour, entre autres, abus de confiance. Toutes ces anomalies pour un total de 4184 euros, remboursés depuis, ont été qualifiées d’erreurs involontaires par le trésorier et acceptées comme telles par une majorité de membres du CA.
  2. Une dépense de 7340 euros liée à des frais d’avocats relatifs à l’éviction du SG, sachant que la mission desdits avocats a commencé avant que la question de l’éviction du SG n’ait été évoquée en bureau exécutif et en CA.
  3. Une dépense de 38 000 euros pour l’emploi de l’Agence Havas, en gestion de crise, toujours à propos de l’éviction du SG pour un travail commencé une semaine avant la réunion du CA ayant conduit à la décision de révocation.
  4. Une dépense de 65 000 euros, bien au-delà du seuil financier fixé dans le règlement intérieur du CNOSF, pour un conseil en communication délivrant ses services à la seule présidente, sans qu’il y n’ait eu à ce sujet la moindre décision en bureau ou CA.
  5. Des factures de taxi et de restauration qui peuvent poser problème eu égard aux conditions dans lesquelles elles ont été effectuées et à l’indemnisation dont bénéficie la présidente.
  6. Un vol de carte bleue dont je rappelle qu’il s’est produit au domicile de la présidente et pas au siège du CNOSF, dont on ne sait pas qui en a été l’auteur et qui a donné lieu à remboursement par la banque partenaire du CNOSF et du COJO.
  7. Des opérations de communication, communiqué de presse ou conférence de presse, diligentées sous pavillon CNOSF avec utilisation des anneaux olympiques, alors qu’elles concernaient des affaires strictement personnelles datant de l’époque où la présidente était vice-présidente de la FFF.

Se posent donc notamment les questions du caractère involontaire ou non des erreurs détectées ainsi que celles du caractère personnel ou institutionnel de l’utilisation des fonds du CNOSF. Se posent aussi celles du remboursement par le CNOSF de frais liés aux conditions de travail qui pourraient ne pas être justifiables selon une jurisprudence avérée et de l’utilisation de moyens matériels de l’association et du symbole olympique à des fins personnelles, utilisation qui plus est, dévalorisante pour l’institution.

C’est l’ensemble de ces questionnements qui a conduit André Leclercq et moi-même à la décision de saisir le Parquet National Financier pour une plainte contre X sur un éventuel abus de confiance afin de connaître les responsabilités et délits éventuels. La rédaction de la plainte a été confiée à un avocat et le dépôt sera effectif d’ici quelques jours. Cette plainte correspond à un besoin impératif pour nous, celui de savoir, savoir simplement la vérité et la recherche de celle-ci ne peut passer que par une enquête avec des experts objectifs et qualifiés, ceux que le Parquet désignera pour cela. Vous devez bien imaginer qu’une telle saisine ne se fait pas sans une longue réflexion et sans auparavant prendre quelques conseils. C’est parce que nous avons la conviction que tout ou partie des faits en cause relève de la notion d’abus de confiance que nous le faisons. Nous voulons savoir la vérité et qu’on établisse le cas échéant le niveau de responsabilités de chacun. Nous le voulons au nom de l’histoire et de notre engagement de plus de trente années au service du mouvement olympique et sportif.

J’ai dit en début d’intervention que je voulais exprimer une colère froide et j’y viens. Je vous ai mentionné le courrier du 4 avril où il est question de la conférence de presse tenue par la présidente et son conseil dans ces lieux. Cette conférence a forcément fait l’objet de reportages et l’on a vu à de multiples reprises des photos de la présidente et de son conseil s’exprimant avec en fond de décor le logo ostentatoire du CNOSF orné des anneaux olympiques. Dans son compte rendu de la conférence, la journaliste de l’Equipe indique que le conseil de la présidente a précisé se réserver le droit de porter plainte contre moi. 3 jours après cette conférence de presse, on apprend, toujours par la presse, que l’université de la Sorbonne salue la « sanction définitive » de l’avocat conseil de la présidente, qui s’est dessaisi de son pourvoi en cassation 3 jours plus tôt, confirmant ainsi l’annulation de son épreuve de soutenance de thèse pour plagiat d’une centaine de pages. Alors je résume pour bien qu’on comprenne ma colère froide : un avocat, accusé par la Sorbonne de plagiat, plagiat qui va être reconnu comme effectif quelques jours après, se permet de dire dans la maison du sport français, sous le décorum des anneaux olympiques, comme s’il en était le dépositaire, qu’il se réserve le droit de porter plainte contre quelqu’un qui a été président de l’institution pendant 12 ans, qui en a été dirigeant responsable et actif pendant 30 ans et qui a été décoré de l’ordre olympique par le CIO. Pour ce faire, cet avocat n’est pas seul, il est là à la demande de la présidente, il est accompagné par elle et déroule sa plaidoirie sans qu’elle sourcille.

Peu importe l’opinion que vous pouvez avoir de moi-même et de l’action que j’ai pu avoir, c’est d’abord une question de respect, celui de la symbolique et de l’institution. Ce qui a été fait ce jour-là, en utilisant ainsi le lieu et la symbolique olympique, est un déni de culture olympique, c’est pour moi non pas grave mais gravissime, c’est un point de non-retour. Comment quelqu’un, dont l’une des missions essentielles, en tant que présidente du CNOSF, est d’assurer la défense de l’idéal olympique, a-t-il pu permettre ce type de comportement ou plutôt de débordement ? Ce jour-là, la présidente a pour moi définitivement perdu la légitimité de représenter le mouvement olympique et c’est pourtant sa mission première.

Alors que va commencer l’ultime ligne droite qui va conduire à l’organisation des Jeux de Paris 2024, le mouvement sportif a besoin plus que jamais d’un CNOSF uni doté d’une gouvernance crédible, respectée et représentative. Cette unité, cette crédibilité, ce respect, cette représentativité ne peuvent pas s’obtenir par le simple propos d’aller de l’avant comme si on pouvait d’un seul coup effacer les dégâts du passé.

Alors, puisque je peux l’exprimer, je vais donc le dire solennellement : Brigitte, tu as été légitime au moment de l’élection mais ce choix des urnes ne signifie pas que tu ne doives pas prouver chaque jour que tu es à la hauteur de la confiance qui t’a été accordée à l’époque. Par une succession d’actes manqués, d’erreurs stratégiques et de crises qui marquent tant l’institution que les personnes, tu n’es plus à la hauteur des enjeux, et l’intérêt, tant du CNOSF que du mouvement sportif, commande de passer à autre chose. Tu dois admettre qu’il n’y a pas d’autre issue que ta démission et si je m’exprime aujourd’hui en ce sens, tu dois bien imaginer que ce n’est pas sur un coup de tête, ni en étant seul pour te le demander. A travers les événements vécus ces derniers mois, tu as toujours marqué ta volonté de ne pas démissionner, accréditant ainsi le fait que la question pouvait être posée. C’est aujourd’hui le cas, toi et tes proches allez devoir appréhender la situation différemment, la demande de ta démission est maintenant effective, elle est même solennelle au nom de l’intérêt supérieur du mouvement sportif français.

Je vous remercie de l’attention que vous avez portée à mes propos.

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