40 ans de politiques publiques sportives, pour quel impact sur la pratique ? Des états généraux du sport #EGS2025 s’imposent. Patrick Bayeux
Les études sur l’impact des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 sur la pratique sportive des Français commencent à être publiées. Au-delà d’une augmentation estimée à 5 % des licences sportives, force est de constater que la différence entre avant et après les JOP n’est pas spectaculaire.
Mais au fond, le taux de pratique sportive a-t-il réellement évolué en 40 ans ?
1985 : 73,8 % des Français ont une pratique physique et sportive
En 1985 selon une étude de l’INSEP
- 73,8 % des Français déclarent pratiquer une activité physique et sportive (APS).
- 76,7 % des hommes et 70,9 % des femmes sont concernés.
- La pratique varie selon l’âge : plus on vieillit, moins on pratique.
- Les disciplines les plus populaires chez les adultes sont la natation, la marche et la culture physique.
- La pratique diffère selon la catégorie socioprofessionnelle (CSP).
- 11,8 millions de licenciés
En 1985 les raisons de la « sportivisation de son quotidien »
- Une pratique pour rester en forme
- Une pratique pour le plaisir du mouvement
- Mais la pratique sportive aussi pour maigrir ou grossir ….


Pour les moins de 40 ans, en 1985 on tapait encore en majorité les rapports à la machine à écrire, on envoyait les documents par disquette, on regardait les film sur cassette VHS et écoutait la musique avec des walkman. Bien sur il n’y avait ni internet, ni téléphone portable et encore moins de réseaux sociaux. La planche à voile et la planche à roulette étaient arrivées 10 ans auparavant, les premiers VTT pointent leur nez, Nice organise son premier triathlon en 1982, une pratique révolutionnaire perce, l’aérobic !
2025 : 71 % ou 76 % des Français pratiquent une APS
En 40 ans après rien n’a changé ou presque
- 76 % des Français pratiquent une APS selon l’étude le sondage opinionway, 71 % selon le baromètre FFEPGV
- 81 % pour les hommes, 71 % pour les femmes
- La pratique diminue avec l’âge.
- Le temps moyen hebdomadaire consacré au sport est de 4,4 heures.
- Un écart de 10 points entre CSP+ et CSP- subsiste.
Les motivations principales restent inchangées : la santé, la forme, le bien-être.
Les sports les plus pratiqués sont toujours : natation, marche, culture physique et vélo


Si les JOP ont permis de gagner 5 % de licenciés dans les clubs sur les 16,5 millions avant les JOP #Paris2024 + 5 % 20 500 € par licencié selon le calcul de Patrick Roult !
Le plafond de verre est-il atteint ?
Peut-on dépasser ce taux de 70 à 75 % ? Rien n’est moins sûr. Plusieurs facteurs structurels rendent difficile une progression significative du nombre de pratiquants :
1. La pyramide des âges et le vieillissement démographique :
La population française vieillit, et avec l’âge, la pratique physique diminue. La part des plus de 65 ans augmente, et cette catégorie est moins active, ce qui influe mécaniquement sur les taux globaux de pratique.
2. Les problèmes de santé
Les problèmes de santé sont l’un des premiers freins à la pratique sportive. Ils sont régulièrement mis en avant par ceux qui ne pratiquent pas, notamment après 50 ans.
3. Le désintérêt pour le sport
Parmi les 29 % de non-pratiquants,
- 47 % déclarent ne pas aimer le sport.
- 31 % disent manquer de temps.
- 26 % déclarent être empêchés par des raisons de santé.
Alors oui on peut toujours discuter du périmètre de la définition des termes d’ailleurs ça serait bien que l’observatoire du sport créé il y a un an se penche sur la question, mais visiblement pas grand chose n’a bougé, seul le nombre de licenciés a augmenté. (A titre perso les résultats de tous ces sondages et il y en a eu des dizaines depuis plusieurs années m’étonnent. En interrogeant mon entourage et mon voisinage, j’ai toujours le sentiment que la pratique est moins importante que ce que révèlent les sondages, mais je ne suis ni sondeur, ni sociologue). Ce qui est certain c’est que le nombre de licenciés dans les clubs sportif a augmenté et continue d’augmenter !
40 ans de politiques publiques en faveur du développement des APS : pour quel bilan ?
A quoi ont servi toutes les politiques publiques sportives visant à développer la pratique physique et sportive chez les français depuis 40 ans ? D’ailleurs y a t il eu une réelle évaluation des milliards injectés dans les appels à projets depuis plusieurs décennies ? Sans ces politiques aurait-on assisté à une baisse du taux de pratiquants ?
Les politiques publiques ont-elles atteint leurs limites, et depuis pas mal d’années d’ailleurs ? Qu’ont elles produites depuis 40 ans. Ca mérite de s’y pencher ! « Évaluer est un choix politique qui nécessite du courage et de la méthode » nous rappelait Patrick Roult en septembre 2023
Une priorité : redéfinir le périmètre du service public du sport ?
Dans un contexte où l’argent public sera de plus en plus rare il est peut être temps de redéfinir le périmètre du service public du sport. Des EGS du sport #EGS2025 s’imposent !
Une idée comme ça en passant, on pourrait repartir des questions posées par Irlinger, Louveau et Metoudi dans leur introduction du rapport sur les pratiques sportives des français en 1985 (rapport publié en 2 tome en 1987)

