3 services publics EPS – APS – Compétitions sportives pour quelle vision sur la place du sport dans la société ?

Les propos de JM Blanquer sur Europe 1    attribuant les résultats en sports collectifs de salles aux JO de Tokyo à la qualité de l’enseignement de l’EPS, ont créé une polémique sans précédent.  « On a réussi à avoir des médailles d’or dans les sports collectifs (…) cela dit quelque chose d’ailleurs : le hand, le volley et le basket sont des sports très pratiqués dans les écoles (…) Cela montre que le système scolaire a beaucoup d’importance »  a t il déclaré. 

Les  propos ont été raillés par certains sportifs et certains profs d’EPS   JO et EPS : Un tweet de Jean-Michel Blanquer moqué par des sportifs français      « Vive l’EPS » : quand les propos de Jean-Michel Blanquer sont moqués par les sportifs français 

L’artillerie  la rescousse du ministre.

Il a fallu envoyer du lourd pour essayer d’éteindre l’incendie.

La ministre des sports

L’agence nationale du sport via des propos de C Onesta

la présidente du CNOSF

Sur le fond le sujet est révélateur d’une ambiguïté  ou d’une incompréhension sur la place de l’EPS à l’école et son positionnement par rapport « au sport en club »

Déjà le dispositif 2S 2C avait allumé la mèche. Dans une chronique  « L’EPS n’est pas l’antichambre du sport fédéral »     des enseignants d’EPS considérait qu’ « En apportant de la confusion entre l’enseignement obligatoire et les activités péri scolaires, le ministre de l’Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports et la Ministre déléguée chargée des Sports remettent en cause la place donnée aux valeurs humanistes de la formation physique pour tous. »  Et proposaient d’enlever le « S » d’EPS.

Une proposition débattue par Didier Delignières  EPS et Sport : Faut-il enlever le « S » de « EPS » ?  

 Pour  le SNEP par la voie de  Claire Pontais « Différence entre EPS et sport… ce n’est pas la bonne question ! » 

3 services publics dédiés à l’activité physique et sportive

En réalité il y a 3 offres de service public dédiées à l’activité physique

Le service public de  l’EPS  qui relève de l’institution scolaire sur le fondement de l Article L312-1 du code de l’éducation « L’Etat est responsable de l’enseignement de l’éducation physique et sportive, placé sous l’autorité du ministre chargé de l’éducation. »

Le service public des APS qui peut relever des collectivités territoriales sur le fondement de la clause générale de compétences qui peuvent ériger le sport activité d’intérêt général sur le fondement de l’article Article L100-1 du code du sport en service public.   Le sport une compétence partagée.  

Le service public des compétitions sportives qui incombent aux fédérations sportives délégataires dont il convient de rappeler sur le fondement Article L131-14  que la délégation est attribuée, par discipline, par le ministre chargé des sports.

Historiquement c’est à partir des années 60 70 que les communes ont initié un service public des APS.  Cette intervention s’est accélérée avec la clause générale de compétence des premières lois de décentralisation.

Le point d’orgue de cette place du sport a été actée par la création de la filière sportive le 1er avril 1992 (date prémonitoire ! )  et la création du cadre d’emploi des conseillers, éducateurs et opérateur des APS. Dans les faits ce service public des APS revêt des formes trés variables d’une commune à une autre.

La vision était bien celle de permettre aux communes principalement de construire un service public des APS entre le service public de l’EPS et le service public des compétitions sportives. Ce temps entre celui de l’école et celui du club devait permettre aux enfants de découvrir différentes activités physiques et sportives sous la forme de cycles avant de choisir une discipline et de la pratiquer en club. « le zapping » expression utilisée fréquemment à l’époque pour décrire cette propension des enfants à passer d’une activité à l’autre  était géré par les communes

ActeurService publicFinalités
Education nationaleEPSL’éducation physique et sportive a pour finalité de former un citoyen lucide, autonome, physiquement et socialement éduqué, dans le souci du vivre-ensemble. (source programme)
Collectivités territorialesAPSSpécifique à chaque collectivité mais le plus souvent prend la forme d’école municipale des sports avec la possibilité offerte aux enfants de découvrir et de s’initier aux  APS (en gestion directe, en partenariat avec les clubs multisports)
Fédérations sportives délégatairesCompétitions sportivesOrganisent les compétitions sportives à l’issue desquelles sont délivrés les titres internationaux, nationaux, régionaux ou départementaux  (source code du sport)

C’est à l’ANS (Agence nationale du sport) de porter   cette vision partagée

Tout l’enjeu est de faire en sorte que ces 3 services publics se complètent. C’était tout le pari de la nouvelle gouvernance du sport La nouvelle gouvernance du sport (2018) Patrick Bayeux Laurence Lefèvre en mettant autour de la table, l’Etat , le mouvement sportif, les collectivités et le monde économique.  « Au fil des séminaires, c’est une nouvelle vision du sport qui est apparue, celle d’un « bien commun » incitant chacun des acteurs à se mettre au service d’un projet partagé. » page 27

Des acteurs en charge du construire ce bien commun  « L’enjeu d’une nouvelle organisation, consiste donc à trouver la juste place de chacun, y compris des pratiquants pour contribuer à la prospérité de ce bien commun. » page 28 La nouvelle gouvernance du sport (2018) Patrick Bayeux Laurence Lefèvre

Visiblement le message n’a pas été reçu. A notre connaissance aucun débat n’a eu lieu sur le bien commun sur une vision partagée. Un gâchis alors que l’héritage de Paris 2024 réside dans cette nouvelle vision et surtout la capacité des acteurs à la porter collectivement.

Les engagements de Paris 2024

A moins de 3 ans des Jeux à Paris il convient de se rappeler les engagements de Paris 2024  à travers les propos de Tony Estanguet « Notre objectif est d’avoir un impact. Bien sûr ces Jeux seront magiques. Nous ferons tout pour qu’ils soient inédits. Mais cela ne suffit pas, nous voulons utiliser ces années avant les Jeux pour développer la place du sport. L’héritage matériel, les infrastructures, c’est bien, mais ce n’est pas la finalité. La finalité c’est de faire bouger les Français. C’est le facteur humain qui fera la différence. »  «  « Paris 2024 doit laisser un héritage. L’enjeu principal est de développer la place du sport dans le pays. A peu près un français sur deux aujourd’hui qui ne fait pas du tout de sport. » 

Il est grand temps de prendre les mesures qui s’imposent !

Pour aller plus loin sur EPS et Sport

https://www.ozp.fr/spip.php?article25885

L’EPS et le sport, visioconférence de Pierre Parlebas pour l’Observatoire des pratiques en éducation prioritaire (Carep de Créteil), avec la liste de toutes les productions de l’Observatoire depuis 2015

A lire LE SPORT DANS L’ACTE II DU QUINQUENNAT MACRON : UN CASTING DE RÊVE !

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