Savoir nager en piscine, se noyer en mer : faut-il réinventer l’apprentissage de la natation ? Sarah Pochon, Muriel Surrans
En France, on apprend à nager dans le calme des piscines, mais les noyades mortelles surviennent en milieu naturel (mer, rivière, lac). Ce paradoxe tragique révèle un fossé entre l’enseignement du « savoir nager » et les réalités des risques aquatiques en extérieur. Pour les auteurs, Sarah Pochon Maîtresse de conférences en STAPS et Université d’Artois Muriel Surrans Professeure certifiée d’EPS, Université d’Artois il est urgent d’intégrer les conditions instables du milieu naturel pour réellement préparer les nageurs à leur sécurité.
En France, malgré un apprentissage majoritairement en piscine, plus de 80 % des noyades mortelles chez les jeunes (0-17 ans) en 2025 ont eu lieu en milieu naturel (rivières, lacs, mer). Face à cette réalité, l’article plaide pour une refonte de l’enseignement du « savoir nager » afin d’y intégrer mers, lacs et rivières. L’apprentissage en milieu naturel, comme l’a montré une expérience en Martinique, améliore la proprioception, l’adaptation aux vagues et développe une sensibilité environnementale chez les élèves. Cependant, cette approche se heurte à des contraintes majeures pour les enseignants, notamment la difficulté à assurer la sécurité (zone peu profonde sécurisée empêchant l’exploration de la « grande profondeur ») et à observer précisément la motricité des élèves (houle, réverbération). L’article conclut que, bien que prometteur, l’enseignement en milieu naturel nécessite la conception de contenus pédagogiques spécifiques pour être réellement efficace dans la prévention des noyades.
