Santé-bien être : les risques de dérives sectaires rappelés par la Miviludes
En 2024, 37% des signalements reçus par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) concernent les thèmes de la santé et du bien-être. Son rapport fait état de 4500 signalements annuels (doublement en 10 ans) dont 19% concernent des mineurs. Il souligne l’impact des réseaux sociaux dans les processus visant les personnes en vulnérables. Le précédent rapport avait souligné les dérives de certaines pratiques de méditation ou de yoga.
Le coaching, à l’origine d’un nombre croissant de signalements. Cette activité très diversifiée (bien-être, développement personnel, éducation financière, techniques de soins comme la méditation, le jeûne, le massage, les régimes alimentaires…) ne dispose pas d’encadrement réglementaire ou déontologique, ni d’instances professionnelles représentatives.
La plupart des coaches signalés à la Miviludes ne trouvent pas leur légitimité dans leurs connaissances ou leur expertise technique, mais dans leur « expérience de vie », qui leur aurait permis de « surmonter des épreuves ». La mission indique que certains font de leur nom une véritable marque commerciale. Ils proposent généralement des prestations pour aider l’individu à s’émanciper ou se libérer de « ses peurs », « de son carcan éducatif », qui freineraient sa progression. Les écarts de conduite de la personne sous emprise sont généralement présentés comme pouvant compromettre l’efficacité de la méthode, et les rend seul responsable de leur réussite ou de leur échec. La pression exercée par le « coach » peut paraître euphorisante notamment sous l’effet du groupe.
Sous emprise, la personne vulnérable est dépossédée de son esprit critique et de sa capacité de jugement, avec des risques de préjudices (exploitation physique, atteinte à la santé, perte de chance d’être soigné ou de s’instruire) et de traumatismes.
Le brouillage des frontières entre accompagnement spirituel, coaching (professionnel, personnel), soins, bien-être et développement personnel doit susciter la vigilance.
Les engagements ministériels. Annexés au rapport annuel, différentes contributions (ministères et agences, associations d’élus, grandes associations, représentants des cultes) soulignent leur action dans la lutte contre les dérives sectaires.
Ainsi l’Éducation nationale, indique son contrôle pédagogique dans les demandes « d’instruction dans la famille » ou d’établissements aux « pédagogies alternatives ».
La DEPJVA rappelle les obligations de signalement « de toute situation présentant ou ayant présenté des risques graves pour la santé et la sécurité physique ou morale » dans les accueils collectifs de mineurs (ACM), avec toutefois des difficultés à identifier les faits concernant les potentielles dérives sectaires (bien-être, développement personnel, sport, retour à la nature). Un plan de formation des agents des SDJES/DRAJES est en cours de déploiement.
Signaler, sanctionner et prévenir. La loi du 10 mai 2024 a clarifié le droit applicable face à la diversification du phénomène sectaire, en facilitant les poursuites, la réparation des dommages subis par les victimes et en renforçant la protection des mineurs (peines aggravées, délai de prescription porté à 10 ans après la majorité) et des personnes vulnérables.
Elle prévoit une sensibilisation des élèves aux dérives thérapeutiques et sectaires dans les programmes scolaires du secondaire.
Elle précise que les médecins ou professionnels de santé qui (avec l’accord de la victime lorsqu’elle est majeure) sont déliés du secret professionnel lorsqu’ils estiment en conscience que la sujétion psychologique ou physique cause une altération grave de la santé physique ou mentale, ou à des actes ou abstentions préjudiciables.
Enfin, le déploiement d’actions de prévention (formation) et d’accompagnement des victimes et de leurs proches constitue les priorités de la stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires 2024-2027.
P-P. Bureau pour Décideurs du sport
Le rapport d’activités de la Miviludes 2022-2024