Rapport sur la parité dans l’encadrement sportif – femmes et sport : bâtir des carrières conquérir l’égalité.
L’élection de Kirsty Coventry, première femme à présider le Comité International Olympique (CIO) le 20 mars dernier, est un signal positif pour l’évolution de la parité dans le sport. Mais bien que la parité soit désormais obligatoire dans au sein des instances dirigeantes des fédérations sportives au plan national depuis 2022, les résultats restent préoccupants selon le haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes HCE.
La question de la parité au sein de la gouvernance et des métiers de l’encadrement sportif
Dans ce rapport, le HCE a fait le choix de se concentrer spécifiquement sur la question de la parité au sein de la gouvernance et des métiers de l’encadrement sportif, estimant qu’il subsiste un angle mort sur ce sujet.
Des obstacles structurels freinant la féminisation du sport en France :
En 2024, bien que la pratique sportive des femmes progresse, elles restent sous-représentées dans les disciplines fédérales et de haut niveau. Si les femmes constituent 46 % des bénévoles, elles ne représentent que 34 % des dirigeant.e.s de structures sportives et 33 % des encadrant.e.s, un chiffre en baisse.
Au sein des formations STAPS, les femmes représentent seulement 32% des étudiant.es, un déséquilibre accentué dans des filières comme l’entrainement sportif, où elles ne constituent que 20 % des étudiant.es.
Le contrôle du corps féminin, la valorisation d’un idéal de virilité et le manque de modèles féminins dans les rôles de leadership sont des causes profondes de ces inégalités persistantes.
40 recommandations
Le HCE soutient ce rapport par 40 recommandations ambitieuses, visant à agir à tous les niveaux et impliquant l’ensemble des parties prenantes du monde sportif, des échelons locaux aux institutions
européennes, en passant par les structures publiques et privées. Parmi les recommandations les plus
significatives :
- Créer un programme dédié à l’accompagnement des femmes déjà engagées dans le mouvement
sportif vers l’encadrement sportif (formation, réseau, rencontres) à l’image du programme
300 dirigeantes. - S’assurer de la mise en oeuvre de l’application de formation à la prévention et à la lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles dans les formations obligatoires et à la qualité de son contenu.
- Conditionner le renouvellement quinquennal de la carte professionnelle des éducatrices et éducateurs sportifs à la validation d’un module de formation en ligne, élaboré par le ministère des Sports, ou d’une formation équivalente dispensée par des associations spécialisées, portant sur la lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles.
- Mettre en place des campagnes d’incitation dès le collège et le lycée, incluant des interventions et des modules pédagogiques pour promouvoir les formations et débouchés professionnel auprès des jeunes filles à travers des partenariats avec les établissements d’enseignement et les fédérations sportives. Atteindre un objectif de 40 % de candidatures féminines pour l’entrée en licence STAPS d’ici 2026.
- Créer un programme d’accompagnement des jeunes filles vers le management et l’encadrement sportif, à l’image de Tech pour toutes, piloté par le ministère des Sports et adressé :
- Aux collégiennes et lycéennes avec des interventions dans les établissements scolaires.
- Aux élèves en première année de licence STAPS pour créer des vocations de carrières dans
des spécialités où elles sont peu représentées (encadrement et management sportif) avec un
objectif de 25 % de femmes dans ces filières d’ici 2026, avec un objectif ambitieux de 40 %
d’ici 2030.
- Encourager les fédérations sportives à mettre en place un co-encadrement mixte. Cette mesure
pourrait être incluse au sein d’un projet de performance fédérale (PPF). - Instaurer des co-présidences mixtes des fédérations sportives nationales agréées, y compris
dans les commissions de travail, mais aussi dans les ligues professionnelles et rendre invalides
les décisions prises dans une commission/fédération nationale ne respectant pas l’obligation de
mixité. - Appliquer un quota immédiat de 40 % de femmes directeur·trice techniques national·es (DTN) et
encourager et veiller à une représentation paritaire parmi les directions techniques nationales. - Conditionner l’obtention de subventions publiques à des critères et objectifs de féminisation
de l’encadrement et des postes de direction. Appliquer un système de bonus/malus en cas de
respect ou non de ces exigences. - Inciter les entreprises à consacrer une part de leur budget sponsoring au sport au féminin et en
faire un critère de leur rapport RSE.