Pour un héritage durable des JOP #Paris2024… et quelques idées fausses sur le sport (français) par un cadre technique national

Nous avons reçu cette tribune d’un cadre technique national d’une fédération qui souhaite conserver l’anonymat.

« Après les JOP de Paris, dont le succès est incontestable, voici qu’on nous parle d’héritage : cet évènement marquerait un tournant décisif pour la société française, qui désormais, emballée et entraînée par cette réussite mondiale, amorcerait une transformation en profondeur dans sa relation avec la pratique sportive.

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Ainsi nos concitoyens(nes) ne peuvent que devenir plus sportifs, les JOP ayant fini de les convaincre des multiples bienfaits du sport pour leur santé, leur bien-être, leur inclusion sociale, le rayonnement de leur pays…

Hélas, s’il suffisait d’organiser une grande fête, aussi réussie soit-elle, pour faire évoluer les mentalités et faire prendre de saines résolutions !

Pour bien connaître le fonctionnement du sport français, ma conviction est que rien ne changera en profondeur si les deux questions fondamentales suivantes ne sont pas posées :

De quoi parle-t-on ? Le « sport » recouvre 3 réalités différentes qu’il convient de clarifier une fois pour toutes : sport de compétition ≠ activité physique ≠ éducation physique :

Non, c’est l’activité physique qui est importante, à tous les âges de la vie, pour être en bonne santé et se sentir en forme. Le sport ajoute une dimension de compétition à l’activité physique, ce qui introduit des risques sur la santé (dopage, croissance perturbée chez les jeunes, traumatismes chez les séniors, … au nom de la recherche de performance).

De quoi parle-t-on ? Le « sport » recouvre 3 réalités différentes qu’il convient de clarifier une fois pour toutes : sport de compétition ≠ activité physique ≠ éducation physique :

Non, c’est la vie associative (si elle fonctionne selon des valeurs républicaines comme il se doit), qui est facteur de lien social, non le sport proprement dit, y compris les sports collectifs. En effet, même à un bas niveau, le sport exclut, parce qu’il y a 11 places dans une équipe de football. Et on sait bien que les personnes en situation de surpoids seront au mieux remplaçantes. Sans parler de la mixité… En revanche le club, par essence et indépendamment de son objet, constitue le plus souvent une structure où une place peut être aisément trouvée pour tout le monde (joueur, bénévole, arbitre, …).

Non, les valeurs du sport ne comportent pas de vertus particulièrement profitables pour les jeunes, la compétition créant par nature de la discrimination. Et quand bien même ces vertus seraient supérieures (à celles des activités culturelles par exemple), il n’a jamais été démontré qu’elles soient transposables dans la vie.

Quelles missions pour les pouvoirs publics ? Les 4 politiques publiques à conduire de manière différenciée

1 – La formation de l’enfant et du jeune par l’éducation physique :

Non, la plupart des enfants qui s’inscrivent en club sont déjà de bons élèves en EPS à l’école, et ceux qui éprouvent des difficultés en EPS fuient les associations sportives.

En réalité, pour que la pratique se prolonge en club, il faut que l’enseignant et l’éducateur sportif se connaissent, qu’ils puissent parler de l’enfant, du jeune, afin que celui-ci se sente encouragé et accompagné de façon non discontinue.

Fini donc la distinction radicale, néfaste pour les apprentissages, entre les 2 acteurs majeurs en charge de l’éducation physique de l’enfant, que sont le professeur d’EP en établissement scolaire, d’une part, et l’éducateur sportif en club, d’autre part.

Le rapprochement de la formation professionnelle de ces deux métiers proches, par un système d’équivalences, favoriserait chez les jeunes une pratique d’activité physique durable, propice à faire émerger une population mieux portante toute au long de la vie.

2 – La santé par l’activité physique tout au long de la vie :

Aujourd’hui, il faut en convenir, les fédérations sportives restent centrées sur l’organisation de compétitions sportives et la prise de licences.

Pour développer leur offre d’activité physique, obligation doit être faite aux fédérations délégataires d’élaborer et de déployer un plan pluriannuel de développement de l’activité physique pour tous les publics, l’aspect compétitif de ces pratiques devenant optionnel.

3 – L’inclusion de toutes et tous par la participation à la vie associative (sportive) :

Et si le ministère, redevenu « de la vie associative », déployait un plan ambitieux et novateur pour relancer notre modèle associatif, si vertueux, et si peu coûteux…, en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap, de la parité, de l’insertion sociale et professionnelle ?

4 – Le rayonnement de la France par le sport de haut-niveau :

Bien entendu, et en parallèle, il demeure fondamental de garder l’objectif du top 5 des nations olympiques !

Non, le très haut-niveau emprunte des filières fédérales spécifiques, propres à chaque discipline, souvent individualisées et démarrant très tôt dans la vie du futur champion. Il n’existe pas de haut-niveau local, départemental, régional : le haut-niveau est national, européen ou mondial. C’est ce seul sport de haut-niveau-là qui sert au rayonnement de la France et qui, à ce titre, doit être porté par le ministère des Sports.

On le voit, il est possible de toucher un héritage très conséquent des JOP de Paris, afin que notre nation devienne durablement dynamique, tonique, et sportive. Et cela, sans changement de notre modèle sportif, sans budget ni équipements sportifs supplémentaires, mais en posant les bonnes questions, celles qui fâchent… »

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