Les influenceurs fitness : nouveaux relais d’opinion pour interpeller les pouvoirs publics sur la santé des jeunes ? Caroline Rouen-Mallet, Pascale Ezan et Stéphane Mallet
Entre proximité émotionnelle et crédibilité perçue, les influenceurs bouleversent les codes traditionnels de la communication institutionnelle. Leur parole, née du vécu plus que du savoir, pèse de plus en plus lourd dans les débats sur la santé des jeunes selon Caroline Rouen-Mallet Enseignant-chercheur en marketing, Université de Rouen Normandie Pascale Ezan professeur des universités – comportements de consommation – alimentation – réseaux sociaux, Université Le Havre Normandie et Stéphane Mallet Enseignant-chercheur en marketing, IAE Rouen Normandie – Université de Rouen Normandie
Longtemps cantonnés à la promotion de produits ou de routines sportives, les influenceurs fitness investissent désormais le champ des politiques publiques, notamment en matière de santé. À travers des figures comme Tibo InShape ou JuJufitcat, la parole de ces créateurs de contenu se transforme : de prescripteurs commerciaux, ils deviennent figures d’autorité citoyenne.
Ce pouvoir ne repose pas sur une expertise scientifique, mais sur une crédibilité relationnelle et émotionnelle, nourrie par la mise en scène autobiographique et l’illusion de proximité avec leurs abonnés. Leur discours, incarné et accessible, séduit là où les campagnes institutionnelles peinent à convaincre.
Mais cette influence, virale et portée par la communauté, soulève des paradoxes et des risques : glorification de normes inaccessibles, ambivalence entre santé et business, diffusion de messages approximatifs. Ce brouillage des rôles interroge la place croissante de ces « nouveaux médiateurs » dans les débats publics.
À travers eux, c’est toute la circulation de la parole publique qui se transforme, avec une légitimité fondée sur le réseau plus que sur les institutions. Une évolution qui appelle à repenser les rapports entre sphère numérique, autorité scientifique et engagement citoyen.
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