Les clubs professionnels de football vont devoir apprendre à se passer des droits audiovisuels… par Régis Juanico
Chronique Bougeons ! #28 : les clubs professionnels de football vont devoir apprendre à se passer des droits audiovisuels… et le sport amateur paye les pots cassés.
-70% : en une décennie, la chute des recettes liées aux droits audiovisuels
-70% : en une décennie, la chute des recettes liées aux droits audiovisuels pour le foot français est vertigineuse !
Le montant brut des droits télés domestiques était de 726,5 millions d’euros entre 2016 et 2020 (Canal+, BeIN), de 650 millions en 2021 (Canal+, Mediapro et Free) puis de 500 millions (DAZN – beIN Sports) en 2024, il atteindra péniblement 205,5 millions, cette année, du jamais vu depuis 25 ans.
À ces droits domestiques, il faut ajouter les droits internationaux de 129 millions fléchés quasi-exclusivement sur les onze clubs disposant d’un indice UEFA sur les trois dernières saisons.
A ce montant total de 334 millions €, il faut retrancher 54,5 millions € versés à CVC (au titre de la redevance de 13% « à vie » des revenus de la société commerciale de la LFP), le coût de fonctionnement de la Ligue, le remboursement des prêts de ses locaux -achetés 127 millions € et de ceux de LFP Média, l’aide aux clubs de Ligue 2 (11,7 millions) et aux clubs relégués (5 millions)
Sans compter la taxe Buffet, mécanisme de solidarité financière entre le sport professionnel et amateur dont le produit qui provient à 80% du football est reversé à l’Agence Nationale du Sport (ANS).
Comme le souligne la Cour des Comptes dans sa note d’exécution budgétaire d’avril 2025 , compte tenu de la diminution des droits de diffusion du football professionnel depuis 2021, le rendement de la taxe « Buffet » est inférieur au montant attendu (plafond) et fait l’objet d’une compensation via le programme budgétaire 219 « Sport » (20 millions en 2021, 15 millions en 2022…).
Pour en tenir compte, le plafond de la taxe est passé de 74,4 millions à 60 millions en 2023 mais le rendement net est resté inférieur au plafond net (-11,1 M€). En 2024, le rendement net (47 M€) reste à nouveau inférieur au plafond net (-10,2 M€). Aucune compensation n’a été versée à l’ANS en 2023 et en 2024…
Dans son budget initial pour 2025, l’agence a, à titre de précaution, tenu compte d’une diminution de recettes sur la taxe « Buffet » de 5 M€ bruts, un chiffre qui paraît très clairement sous-estimé par rapport au rendement réel de la taxe Buffet, la nouvelle baisse pouvant être estimée autour de 15 millions d’euros.
La perte pour le sport amateur consécutif à la dégringolade du rendement de la taxe Buffet se chiffre donc en dizaines de millions d’euros depuis cinq ans.
La perte pour le sport amateur consécutif à la dégringolade du rendement de la taxe Buffet se chiffre donc en dizaines de millions d’euros depuis cinq ans.
Conclusion : les clubs de Ligue 1 qui devront se répartir en 2025/26 80,5 millions € dont 35,6 millions pour les seuls Européens (soit entre 1,44 et 4,67 millions d’euros par club contre 5 à 16 millions l’an dernier), vont devoir se passer de la manne financière des droits télés et faire preuve d’imagination pour sortir de la « télédépendance ».