La deuxième édition des États généraux du sport féminin s’est achevée hier soir, à Bourges, à l’issue de trois jours de débats. Des grands axes de travail ont été tracés. Un point pourrait ensuite être effectué tous les trois ans, à Bourges.
Un manifeste a été publié suite à ces états généraux
2013-2023 : à deux reprises, les Etats Généraux du Sport Féminin se sont tenus à Bourges. Il y a 10 ans, ce fût à l’initiative d’un club sportif ; cette année, c’est à l’initiative de la municipalité. Il y avait 60 propositions en 2013 à l’issue des premiers Etats Généraux du Sport Féminin : Oui, il y a eu des évolutions mais ce n’est pas assez. Ce n’est jamais assez. 10 ans après, la marche est encore haute. En 2023, ces Etats généraux ont permis de fédérer, de créer une émulation positive et de créer un trait d’union entre les acteurs du monde sportif, éducatif et citoyen.
Le constat est là, les chiffres existent, la recherche apporte des preuves années après années, mais comment faire changer les choses radicalement, profondément ?
L’action publique doit impulser le changement pour une égalité des femmes et des hommes dans le sport
Sans contrainte, ni obligation, il n’y a pas d’évolution, ni de changement. Donc il faut 4 révolutions :
- UNE REVOLUTION DES ESPRITS
- UNE REVOLUTION DES ESPACES
- UNE REVOLUTION DES ORGANISATIONS
- UNE REVOLUTION DES CRÉDITS
UNE REVOLUTION DES ESPRITS
- Par l’éducation de nos enfants, dès le plus jeune âge, apprendre à combattre les stéréotypes. Former les enseignants à la notion d’égalité.
- Donner une place à la transidentité au sein du sport, intégrer les notions d’intersexualité et d’intersectionnalité dans l’ensemble des réflexions liées au sport.
- Développer la formation professionnelle et universitaire, la formation des dirigeants et des entraineurs, la formation des sportives elles-mêmes… et introduire des modules spécifiques sur le sujet, pour sensibiliser, communiquer, appréhender et prévenir toute forme de discrimination.
- Objectiver la réflexion en établissant des diagnostics et en collectant des données par la recherche scientifique et universitaire.
- Mobiliser les organismes d’évaluation (INJEP, INSEP, INSEE…) sur la question du sport féminin pour observer et mesurer l’impact des politiques et des actions mises en place.
- Organiser des évènements récurrents tels que les Etats Généraux du sport féminin pour apporter de la visibilité et de la médiatisation autour de ce sujet et de la différence Femmes/Hommes dans le sport.
- Mettre en lumière des modèles inspirants, des figures emblématiques pour représenter le sport féminin, par tous les outils de communication disponible.
- Minorer le sport compétition au profit du sport loisir, du sport santé. Les femmes ont droit au sport loisir.
UNE REVOLUTION DES ESPACES
- Améliorer les infrastructures sportives et les rendre plus accessibles et inclusives. Pour les femmes en particuliers, cela se concrétise par des vestiaires indépendants tant pour les pratiquants que pour les arbitres ; des horaires adaptés pour encourager la pratique féminine…
- Prendre en compte la mixité dans les espaces publics et proposer des activités et des espaces qui répondent également aux besoins et à l’envie des filles et des femmes. Intégrer cette dimension dans les clauses de marchés publics de conception et d’aménagement.
- Réinvestir les cours de récréation, tant par leur construction que par leur animation, pour permettre à tous les enfants de les utiliser et de les occuper égalitairement.
- Nommer des espaces publics avec le nom de femmes et notamment de sportives.
UNE REVOLUTION DES ORGANISATIONS
La modification du code du sport semble indispensable pour faire évoluer les instances sportives.
- Instaurer des quotas voire imposer la parité dans les instances dirigeantes des fédérations.
- Relancer et structurer, au sein des services de l’Etat et des fédérations, le réseau national, régional et départemental des correspondants Sport et Femmes imposés aux fédérations depuis la loi de 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Ce réseau doit s’emparer de la question des violences sexistes et sexuelles et des discriminations.
- Participer à la création d’un syndicat professionnel des athlètes féminines.
- Mettre en place des conventions collectives obligatoires dans chaque fédération pour le maintien de salaire durant la maternité.
- Prendre en compte la spécificité des femmes dans le sport notamment la maternité, le cycle menstruel… La communication entre une athlète et son entraineur doit être facilitée et saine.
- Fusionner les ligues professionnelles hommes et femmes pour une plus grande égalité.
- Pour développer la pratique, les clubs et équipes doivent mutualiser leurs moyens au bénéfice du sport féminin.
UNE REVOLUTION DES CRÉDITS
- Chaque acteur public doit être capable d’analyser son budget et créer un budget primitif sensible au genre.
- Développer des financements pour accompagner les sportives à fort potentiel. Ne pas attendre qu’une athlète soit médaillée pour l’accompagner.
- Les critères des subventions des puissances publiques doivent intégrer la question de la pratique des femmes pour créer une incitation financière en faveur des femmes, de la mixité, du sport loisirs/santé, sans compétition, pour tous les âges.
- Identifier une ligne budgétaire régionale en faveur du Sport féminin au sein des crédits ANS/Conférence Régionale des Financeurs.
Pour accompagner ces révolutions, il faut compter sur l’éducation et la communication, la force du collectif et le sens de l’action publique.
Collectif de rédaction :
Magali Bessard, adjointe au Maire de Bourges en charge de la santé et de l’égalité Femmes-Hommes, vice-Présidente de la Région Centre-Val de Loire déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes et aux Formations Sanitaires et sociales Renaud Mettre, Adjoint au Maire de Bourges chargé des Sports Aurélie Bresson, Fondatrice et Directrice Les Sportives et Présidente de la Fondation Alice Milliat Raymond Oury, Président du Comité Départemental Olympique et Sportif du Cher Eric Bergeault, Chef du Service départemental Jeunesse Engagement Sport, Service de l’Etat Bruno Clément, Responsable du Pôle Sport Haut niveau du CREPS Centre Val-de-Loire Elise Gousseau-Brisset, Directrice des Sports et de la Vie Associative de la Ville de Bourges Sandra Bouregat, Directrice Santé – Egalité Femmes/Hommes de la Ville de Bourges Noëlle Soto, Responsable du Service des Sports de la Ville de Bourges Lauriane Kieller, Chargée de mission Les Sportives Centre Val de Loire Jacqueline Azuar, Chargée de mission Egalité Femmes/Hommes de la Ville de Bourges Célestin Guillon-Romarin, Chargé de mission Semaine Sport et Femmes de la Ville de Bourges
Prises de parole institutionnelles lors des discours de l’inauguration et de la clôture :
Amélie Oudéa-Castéra, Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques Isabelle Rome, Ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances Yann Galut, Maire de Bourges François Bonneau, Président de la Région Centre-Val de Loire Mohammed Moulay, Conseiller Régional Centre-Val de Loire délégué aux Sports Brigitte Henriques, Présidente du CNOSF Raymond Oury, Président du Comité Départemental Olympique et Sportif du Cher Chloé Traisnel, Responsable du pôle développement du Comité Paralympique et Sportif Français Marie Barsacq, Directrice Impact et Héritage à Paris 2024 Pauline Augé, Conseillère Développement à l’Agence Nationale du Sport Alexandra Bié-Bougard, Directrice par interim du CREPS
Ce manifeste est issu des interventions réalisées lors des Etats Généraux du sport féminin 2023 à Bourges :
Francine Hetherington Raveney, Accord Partiel Elargie sur le Sport (APES) du Conseil de l’Europe Carole Gomez, Assistante diplômée à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université de Lausanne Paoline Ekambi,(Ancienne basketteuse professionnelle, fondatrice de Sportail community Magali Tezenas, Directrice générale de Sporsora Eric Florand, Secrétaire Général de la Fondation Alice Milliat Agnès Saint-Gès, Présidente du Tango Bourges Basket Bruno Bini, Ancien sélectionneur de l’EDF Féminine de football U16 U19 et A (1993 à 2013) Anaïs Bohuon, Historienne du sport spécialiste du genre Tess Harmand, Présidente de la fédération française de quidditch Alice Meignié, ex-Chercheuse INSEP sur le projet EMPOW’HER Gaëlle Baldassari, Fondatrice de Kiffe ton cycle Nicole Abar, Ancienne internationale de football et fondatrice de l’association Liberté aux joueuses Cécile Ottogalli et Virginie Nicaise (Chercheuses sport université Lyon 1 Fondatrices du master EGALAPS) Edith Maruéjouls, Docteure en géographie Eric Dimeck, Responsable de la Commission Régionale skateboard de la Ligue Centre Val de Loire de Roller et skateboard Laurent Godet, Président directeur général Neptunes de Nantes Rodolphe Legendre, Délégué régional académique à la jeunesse, l’engagement et aux sports Joëlle Monlouis, Avocate en droit du sport Patricia Moyersoen, Avocate de clubs sportifs Thibaut Dagorne, Co-secrétaire général de la Fédération des Entraîneurs Professionnels Nicolas Lovera, Co-fondateur Playgones Caroline Angelini, Agent d’images de sportives Mejdaline Mhiri, Association des Femmes Journalistes de Sport Vanessa Tomaszewski, Champions du digital Laëtitia Guapo, Joueuse internationale de basket Ana Maria Filip, Joueuse internationale de basket