JOP #Paris2024 : un modèle de gestion budgétaire exemplaire pour les grands projets ?

On a appris la bonne nouvelle cette semaine, le COJO affiche un résultat excédentaire de 26,8 millions d’euros sur 4,480 milliards d’euros de revenus pour environ 4,453 milliards de dépenses, un résultat positif de 0,6 %. Réussite totale pour les uns, un modèle à présenter dans toutes les écoles de gestion, facile pour certains grincheux avec 45 000 bénévoles et pas de prise en charge des frais de sécurité… Retour sur l’évolution du budget et son « pilotage externe ».

Un budget estimé à 3,3 milliards au moment de la candidature qui atterrit à 4,5 milliards

Depuis la candidature de Paris pour accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, le budget du Comité d’organisation (COJO) a connu plusieurs ajustements notables. Estimé initialement à environ 3,3 milliards d’euros, il a progressivement augmenté pour atteindre 4,5 milliards d’euros en 2024. Si cette évolution peut sembler importante, elle s’inscrit dans un contexte marqué par une inflation galopante et des imprévus logistiques et financiers.

Décryptages des différents ajustements

Dès 2017, le budget prévisionnel du COJO était fixé à 3,3 milliards d’euros, majoritairement financé par des recettes privées telles que les droits de diffusion, la billetterie et les partenariats commerciaux. En 2018, à la création du COJO, ce montant a été réévalué à 3,8 milliards pour inclure des dépenses initialement sous-estimées.
La première révision majeure est intervenue en 2020, lorsque le budget a été porté à 3,98 milliards d’euros. Cette augmentation traduisait une meilleure prise en compte des exigences organisationnelles, mais restait prudente face aux incertitudes globales.
En décembre 2022, sous l’effet de l’inflation, des tensions sur les matières premières et de coûts liés à la sécurité renforcée, le budget a été augmenté à 4,38 milliards d’euros, soit une hausse de 10 % (5% hors inflation)
En décembre 2023, ce budget est recalé à 4,397 milliards d’euros.

La période entre 2020 et 2024 a été marquée par une inflation sans précédent dans de nombreux secteurs. Les prix des matières premières ont explosé, tout comme les coûts liés à la main-d’œuvre. Ces facteurs ont été aggravés par des contraintes supplémentaires imposées par la crise sanitaire et les tensions géopolitiques, notamment en Ukraine avec notamment des difficultés d’approvisionnement. Néanmoins l’inflation n’explique pas tout. En effet 3,3 milliards actualisé valeur 2024 donne 3,8 milliards valeur été 2024.

Un marquage à la culotte

La Cour des comptes, dans plusieurs rapports, a reconnu la nécessité d’adapter le budget face à ces imprévus. Elle a toutefois critiqué un optimisme initial exagéré dans les prévisions de recettes et des marges de sécurité insuffisantes, tout en saluant les efforts du COJO pour maintenir l’équilibre budgétaire.

  • Juin 2021
 Dans un référé, la Cour a insisté sur le respect des enveloppes budgétaires du COJO et de la SOLIDEO (chargée des infrastructures). Elle a souligné la nécessité d’une coordination renforcée entre les parties prenantes pour maîtriser les coûts et les délais.
  • Janvier 2023 
La Cour a publié un rapport notant que, malgré une planification stratégique réussie, des points de vigilance subsistaient. Elle a recommandé de resserrer la gouvernance et de clarifier les responsabilités financières et opérationnelles de chaque acteur.
  • Juillet 2023
 Dans une évaluation du budget révisé, la Cour a observé que l’équilibre budgétaire reposait sur des recettes commerciales ambitieuses et des économies substantielles.

De son coté « la réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 repose sur une gestion budgétaire rigoureuse, assurée par l’un des départements de contrôle et comptabilité ministériels (CBCM) de la direction du Budget écrivait le ministère du Budget dans un récent communiqué.

N’oublions pas la presse aussi qui a mis la pression sur le COJO …

Et aussi surtout le rôle du ministère des sports et des JOP et de sa ministre qui selon nos informations est pour beaucoup dans le pilotage du COJO notamment sur le plan budgétaire. Un travail dans l’ombre mais très efficace.

Une gestion exemplaire ?

Il faudra attendre le cout définitif des jeux, entre 9 et 11 milliards d’Euros pour y voir clair et tirer des conclusions définitives. D’ici là, le COJO aura éteint la lumière.

En attendant le résultat excédentaire du COJO illustre une gestion marquée par un pilotage précis et un contrôle rigoureux exercé par l’État. Un exemple à suivre ?

En tout cas un mode de pilotage qui aurait peut être pu permettre à la coupe du monde 2023 de rugby d’éviter d’aboutir à un désastre économique. Claude Atcher, Bernard Laporte, l’État : chronique d’un désastre sur la Coupe du monde de rugby 2023 Selon l’équipe « L’État a apporté son soutien à France 2023 sans réunion interministérielle, sans examen préalable sérieux de la soutenabilité et de la cohérence du budget de candidature », écrivent les rapporteurs. » « Il aura fallu attendre la crise de gouvernance intervenue en juin 2022 à la suite de plusieurs articles de presse mettant en cause le management du directeur général pour que les pouvoirs publics, nonobstant leur incapacité à prévenir jusqu’alors les faits à l’origine de cette crise, déclenchent des enquêtes sur les faits mettant en cause le management et la probité du directeur général du GIP. » Comme « il avait fallu attendre le rapport de l’IGF en mars 2018 pour disposer de la part de l’État d’une analyse du budget de candidature et des risques associés ».

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