« JOP #Paris2024 : Mon souhait ou plutôt mon espoir 50 et 55 médailles dont 19 médailles d’or » Patrick Roult, chef du pôle de haut niveau à l’INSEP

Patrick Roult outre auteur de billets réguliers sur notre site et organisateur avec François Bellanger des rencontres de la prospective du sport est d’abord chef du pôle de haut niveau à l’INSEP. Il a accepté de répondre à mes questions … sur ses prévisions de médailles pour les JOP #Paris2024, sur l’ambiance et le moral des troupes à 200 jours des jeux, sur ce qui lui semble prioritaire pour les 6 mois à venir.

Patrick, tu es chef du pôle de haut niveau à l’INSEP en contact quotidien avec les athlètes qui iront pour une grande majorité d’entre eux aux jeux. Quelle est l’ambiance à 6 mois des jeux ?

Malheureusement ce n’est pas une grande majorité des SHN qui s’entraînent à l’INSEP qui ira aux JOP, mais une minorité d’entre eux et l’ambiance est de fait au travail parce qu’à ce jour peu ont leur ticket et nombreux sont ceux qui vont dans les mois qui viennent essayer de l’obtenir et ce, jusque début juillet. Donc l’ambiance est concentrée, studieuse, engagée, tendue parfois, détendue à d’autres moments mais chacune et chacun mesure bien l’enjeu : se qualifier, concourir et surtout réussir, performer. Pour une sportive ou un sportif de haut niveau d’une discipline olympique ou paralympique participer aux JOP est un accomplissement, participer aux JOP à la maison à Paris c’est un rêve rendu accessible, c’est formidable. L’ambiance est donc bonne, et même très bonne, il y a beaucoup d’enthousiasme mais aussi beaucoup de sérieux, s’il y a des gens en qui on peut avoir confiance pour réussir ces JOP Paris 2024 ce sont bien ces talentueuses jeunes femmes et ces talentueux jeunes hommes qui rêvent d’or olympiques.

Peux-tu te livrer à un pronostic en termes de médailles ?

Mon souhait ou plutôt mon espoir serait que nous gagnions lors des JO entre 50 et 55 médailles dont 19 médailles d’or, mon souhait est que je me trompe lourdement et que la moisson soit bien meilleure.

J’ai annoncé ces chiffres cela à ma collègue qui pilote avec moi le pôle haut niveau à l’INSEP, dès après Tokyo, elle l’a noté sur un post-it et collé sur son bureau, elle me le rappellera en temps utile, ce n’est pas maintenant que je vais changer d’avis.

Pour Tokyo je m’étais planté d’une médaille d’or, j’avais mésestimé la capacité des volleyeurs à gagner l’or, preuve s’il en est que je connais mal le volleyball, mea culpa, ils m’ont envoyé un démenti cinglant qui m’a beaucoup réjoui et j’en ai été très heureux pour eux et plus égoïstement pour moi car cette victoire a été une très belle émotion… J’aime qu’on me contredise dans ce sens-là, j’aime l’émotion des victoires dans le sport, je ne crois pas être le seul…

Ces 50 à 55 médailles dont 19 médailles d’or c’est ce qui nous devrait nous permettre, probablement, d’être plus ou moins dans le top 5, ce serait inédit 19 médailles d’or et donc le signe que la France a performé lors de ces propres JO et ce serait surtout et avant tout une juste récompense de leurs efforts et de leur engagement pour les SHN que je vois travailler en silence chaque jour avec opiniâtreté. Je ne sais pas si on mesure bien ce qu’une médaille olympique représente de travail, d’engagement, de foi dans leur rêve pour les SHN bien sûr mais aussi pour les staffs techniques, médicaux et tout l’entourage proche, les parents notamment mais aussi les conjoints quand ils existent.

Et il y aura toutes celles ou ceux qui échoueront plus ou moins loin du podium, on le sait, le sport de haute performance est particulièrement dur et impitoyable.

Je connais moins bien les Jeux Paralympiques, tout au plus je connais les SHN paralympiques qui s’entraînent à l’INSEP et quelques autres qui y viennent en stage de temps à autres, je connais aussi certaines ou certains membres de leur staffs techniques. Je leur souhaite le meilleur bien sûr et je suis confiant que nous allons avoir de belles confirmations mais aussi de belles surprises (j’ai les noms !!!).

Il y a du talent dans cette équipe de France Olympique et Paralympique.

Du talent au point de gagner 80 médailles ?

Ah les fameuses 80 médailles .

D’abord il faut le dire gagner 80 médailles n’est pas hors de portée comme certains aiment à le dire, ce serait le témoignage que dans chaque discipline olympique la France aurait été au top de ses possibilités, ce n’est jamais facile bien sûr, mais si l’on regarde objectivement les choses c’est envisageable, ça le sera moins bien sûr, si on décide de n’aider financièrement et plus massivement que les seules disciplines traditionnellement pourvoyeuses de médailles en abandonnant les autres. Mais on ne le fait pas, actuellement les fédérations olympiques sont aidées comme rarement elles ont été aidées, alors pourquoi pas, si les planètes s’alignent bien…

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que gagner plus médailles est plus difficiles pour toutes les nations, car plus de nations gagnent désormais des médailles aux JO, le corollaire c’est qu’il faut en moyenne moins de médailles d’or pour entrer dans le top 5, donc viser le Top 5 est raisonnablement atteignable et j’espère beaucoup que nous y arriverons.

Il faut ajouter à cela que la situation des russes et des biélorusses et dans une moindre mesure des guatémaltèques fait que leur participation aux JOP de Paris 2024 n’est pas simple. Certains n’étant pas admis aux tournois de qualification ne seront de fait pas présents, d’autres qui pourraient être présents le seront probablement dans des conditions dégradées ce qui n’est jamais simple. Il y a donc des possibilités d’aller chercher plus de médailles mais qui de toutes façons seront tout autant disputées…

Quoiqu’il arrive, pour gagner des médailles il faudra être les meilleurs le jour J et je connais pas mal de sportives ou de sportifs français dont c’est le ferme objectif ! Je ne suis pas inquiet…

Qu’est ce qui est selon toi est essentiel à gérer durant ces 6 prochains mois ?

Les jeux à la maison, on s’en doutait mais chaque jour qui nous en rapproche, on le découvre un peu plus, c’est une pression colossale sur les sportives ou les sportifs, c’est beaucoup de sollicitations, c’est beaucoup de gens qui veulent aider, contribuer, en être, c’est aussi beaucoup de monde à vouloir être sur la photo, c’est inévitable.

Les sponsors, et autres mécènes par exemple. Il n’y a jamais eu autant d’entreprises à vouloir donner de l’argent aux SHN qu’actuellement, c’est bien, c’est même très bien, sauf que c’est beaucoup d’argent pour un nombre très limité de SHN, toujours un peu les mêmes, quand bien même le nombre de récipiendaires s’est élargi depuis quelques mois et à l’approche des JOP Paris2024, mais je n’oublie surtout pas qu’à un moment donné, cela va s’arrêter, je ne suis pas certain que l’on ait le souci de ce qu’il adviendra alors, collectivement nous, nos collègues de l’ANS, du Ministère à Paris ou en région, du CNOSF ou du CPSF nous veillons mais, l’après peut être rude…

Au-delà il faut également voir que cette manne financière est conditionnée à des engagements souvent agréables certes, mais qui sont parfois très chronophages or le temps est une donnée clé dans la capacité des SHN à performer. On leur demande de plus en plus par exemple d’avoir une communauté de followers importante, c’est du temps, des savoir-faire particuliers que certaines ou certains maîtrisent bien, d’autres moins il faut le dire, mais là encore c’est du temps, du temps qu’on ne passe pas à récupérer ou à se détendre. On le sait et on le voit tous les jours, un nouveau follower Instagram qui pose une question à une sportive ou un sportif et n’obtient pas la réponse attendue peut déclencher une campagne haineuse à l’encontre de cette sportive ou de ce sportif, cela peut être très déstabilisant et obscurcir tout un horizon pour un temps parfois long.

Il y a une grande fragilité qui est consubstantielle à la performance et encore plus à la haute performance, et j’ai l’impression qu’à mesure qu’il y a plus de monde autour des SHN, cette fragilité au lieu de se dissoudre et de se répartir sur toutes celles ou ceux qui « accompagnent », elle augmente et se concentre encore plus sur les sportives et les sportifs. Donc pour répondre plus précisément à ta question, il me semble que nous devons, nous qui sommes proche des SHN travailler à toujours être à la bonne distance : proches quand il y a des difficultés, plus à distance mais toujours attentifs quand ça va bien. Ce n’est pas simple.

Et en ce qui concerne les SHN travailler à essayer d’être les plus adaptables possibles aux conditions environnementales qui évoluent sans cesse pour faire les bons choix, prendre les bonnes décisions et maintenir un niveau de robustesse compatible avec la très haute performance ce qui peut être paradoxal mais c’est en cela que je pense qu’il faut travailler sur la question du leadership des SHN et les aider à se construire fortes ou forts et autonomes.

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