JOP #Paris2024 « Les Jeux devraient bien financer les Jeux, et peut-être même au-delà » , pour un coût d’organisation faible en comparaison des éditions passées.
2 notes publiées par le cabinet Asterès à lire
« Les Jeux devraient bien financer les Jeux, et peut-être même au-delà »
Selon la première, les Jeux devraient bien financer les Jeux, et peut-être même au-delà. Depuis l’attribution des JO 2024 à Paris, les organisateurs vantent le fait que l’organisation de l’évènement soit en quasi-totalité financée par des fonds privés et donc que, du point de vue des finances publiques, « les Jeux financent les Jeux ». Cette expression fait l’objet de critiques car elle ne concerne que l’organisation des Jeux en tant que telle (Cojo) et non les dépenses d’infrastructures (Solideo) ou les dépenses annexes comme une partie de la sécurité. D’après Asterès, les dépenses publiques totales pour l’organisation des Jeux s’élèveraient à 5,2 milliards d’euros, pour un budget total de 11,8 milliards d’euros. Cependant, l’organisation des Jeux entraîne également une stimulation économique, source de recettes publiques. D’après le Modèle d’Impact d’Asterès (MIA), les dépenses totales liées à l’organisation des Jeux génèreraient 5,3 milliards d’euros de recettes fiscales et sociales, soit un montant globalement équivalent aux dépenses publiques engagées. Il s’agit d’une estimation prudente, qui ne prend pas en compte l’impact des Jeux sur le tourisme ou l’attractivité du pays. Il est donc probable que « les Jeux financent plus que les Jeux » et que, in fine, les recettes publiques liées à l’évènement soient supérieures aux dépenses.
« Paris 2024 devraient être les troisièmes Jeux les moins chers depuis 1988 »
Dans la seconde note signée Sylvain BERSINGER, chef économiste chez Asterès, Asteres met en évidence que Paris 2024 devraient être les troisièmes Jeux les moins chers depuis 1988, après Atlanta et Sydney. Le coût d’organisation des Jeux de Paris est faible en comparaison des éditions passées.
Comparer le coût d’organisation des différentes éditions des Jeux Olympiques est un exercice complexe et imprécis. Cependant, le coût d’organisation des Jeux de Paris (estimé par Asterès à 11,8 milliards d’euros) semble nettement inférieur à celui de la plupart des éditions passées, notamment lorsque l’on prend en compte l’évolution des prix dans le temps et la hausse du nombre d’épreuves. Les Jeux de Paris devraient être les troisièmes les moins chers depuis 1988 après Atlanta et Sydney.
Comparaison du coût d’organisation des Jeux : un exercice délicat
Comparer le coût d’organisation des différents Jeux Olympiques est difficile. Les comparaisons sont rendues complexes par la variation des périmètres retenus, la date à laquelle sont réalisées les estimations et le nombre de disciplines présentes aux Jeux. Les chercheurs ayant travaillé sur le sujet pointent également le manque de données disponibles, notamment l’absence d’évaluation des coûts avant ou après les Jeux pour certaines éditions1.
– Le coût d’organisation des JO varie fortement selon le périmètre retenu. Il n’est pas aisé de savoir précisément quelles dépenses doivent être considérées dans le coût d’organisation des Jeux. Par exemple, une ligne de métro construite pour les Jeux, mais qui l’aurait probablement été quelques années plus tard, doit-elle être retenue dans le coût d’organisation des Jeux ? Le choix du périmètre retenu conduit à de très importants écarts de coûts. Par exemple, pour Flyvbjerg et al. (2021)2, les Jeux d’Athènes ont coûté 2,9 milliards de dollars (environ 2,7 milliards d’euros), contre 11,1 milliards d’euros pour Andreff (2015)3, l’écart provenant principalement de la prise en compte ou non des dépenses d’infrastructures.
– Les comparaisons doivent s’effectuer sur la base d’une année identique. Une même unité monétaire n’a pas la même valeur dans le temps. Les comparaisons doivent ainsi s’effectuer en ramenant l’ensemble du coût des différentes éditions sur une année commune en prenant en compte l’évolution moyenne des prix.
– L’ampleur de l’évènement diffère dans le temps. A Séoul en 1988, 237 épreuves étaient au programme olympique, il y en aura 329 à Paris. Ainsi, comparer le coût d’organisation de l’évènement doit prendre en compte le fait qu’il a tendance à croître en taille dans le temps, donc que le coût d’organisation tend mécaniquement à augmenter (ainsi que les retombées économiques et médiatiques potentielles).
– Pondération par le nombre d’épreuves : les Jeux de Paris nettement moins chers que la moyenne des précédentes éditions. De façon à estimer l’efficacité de l’organisation, il convient de pondérer le coût d’organisation des Jeux avec l’évolution du nombre d’épreuves, qui n’a cessé d’augmenter. Asterès a estimé le coût des éditions passées en supposant qu’elles auraient comporté le même nombre d’épreuves que Paris 2024 (en faisant l’hypothèse d’un coût identique pour chaque épreuve et d’une évolution proportionnelle du coût en fonction du nombre d’épreuves). Ainsi, le coût moyen des neuf éditions passées atteint 20,5 milliards d’euros, près du double du coût attendu de Paris 2024 (11,8 milliards d’euros). Le Jeux d’Atlanta sont, depuis 1988, ceux qui ont été les moins chers à organiser, suivis de Sydney et Paris (d’après l’estimation provisoire d’Asterès d’un coût de 11,8 milliards d’euros).
Paris 2024 : Un coût total estimé à 11,8 milliards d’euros
L’organisation des JO de Paris devrait coûter 11,8 milliards d’euros d’après les estimations d’Asterès. Ce budget total se répartirait en 6,6 milliards d’euros de dépenses privées (billetterie, sponsoring par exemple) et en 5,2 milliards d’euros de dépenses publiques.
La stimulation économique engendrée par l’évènement génèrerait des recettes fiscales globalement équivalentes aux dépenses publiques engagées d’après Asterès (voir précédente note à ce sujet4). Les dépenses totales se divisent entre des dépenses d’organisation (Cojo), d’infrastructures (Solideo) et de probables dépenses supplémentaires.
– Cojo, 4,4 milliards d’euros de dépenses. L’organisation des JO en tant que telle est gérée par le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (Cojo). Le budget du Cojo est estimé début 2024 à 4,4 milliards d’euros5.
– Solideo, 4,4 milliards d’euros de dépenses. Les JO nécessitent la construction d’infrastructures (transport, stades, village olympique) qui sont financées par Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), dont le budget total est estimé à 4,4 milliards d’euros6.
– Autres coûts probables, 3 milliards d’euros de dépenses. Les jeux nécessiteront des dépenses supplémentaires, notamment pour la sécurité (heures supplémentaires des policiers par exemple) ou pour combler d’éventuels dépassements de budget qui reviendraient à la charge de l’Etat. Ces montants, très difficiles à évaluer a priori, sont estimés par Asterès à 3 milliards d’euros, ce qui semble plutôt correspondre à un montant maximal7.
Jeux de Paris : Nettement moins chers que les éditions passées
D’après les estimations d’Asterès, une comparaison approfondie du coût des éditions passées amène à conclure que l’organisation des JO de Paris devrait coûter moins cher que la plupart des éditions de ces dernières décennies. Asterès a pris comme base de départ les données de Wladimir Andreff8 car elles intègrent les dépenses d’infrastructures. Puis, Asterès a ramené les valeurs monétaires en euros de 2024 et a ajusté le budget en fonction du nombre d’épreuves.
– Coût non-ajusté des JO : Paris dans la moyenne passée. D’après les données de Wladimir Andreff, le coût moyen d’organisation des 9 dernières éditions (depuis Séoul en 1988) a été de 14,4 milliards d’euros. Le coût estimé des Jeux de Paris par Asterès, de 11,8 milliards d’euros, se situerait légèrement en dessous du coût moyen des précédentes éditions.
– Coût en euros de 2024 : un coût d’organisation des Jeux de Paris nettement inférieur aux précédentes éditions. Les données de Wladimir Andreff sont exprimées en euros de 2014. De manière à les comparer de façon pertinente avec le coût attendu des Jeux de Paris, il convient de les convertir en euros de 2024 (à l’aide de l’inflation moyenne en zone euro, données WEO). Ainsi, le coût des éditions passées est accru de 28 % et leur coût moyen atteint 18,5 milliards d’euros, soit nettement plus que le coût attendu de 11,8 milliards d’euros des Jeux de Paris, qui seraient les Jeux les moins coûteux derrière Atlanta et Sydney.
1 Bent Flyvbjerg, Alexander Budzier et Daniel Lunn, “Regression to the tail: Why the Olympics blow up”, Oxford University, https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0308518X20958724
2 Bent Flyvbjerg, Alexander Budzier et Daniel Lunn, “Regression to the tail: Why the Olympics blow up”, Oxford University, https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/0308518X20958724
3 Wladimir Andreff, “Les dépassements de coût des Jeux Olympiques : Paris doit-elle candidater à n’importe quel prix ? », Quel Sport ?, n°27, https://shs.hal.science/halshs-01279888/document
4 https://asteres.fr/budget-des-jo-de-paris-les-jeux-devraient-financer-au-moins-les-jeux/
5 https://www.paris2024.org/fr/financement-des-jeux/
6 https://www.lefigaro.fr/flash-eco/budget-des-ouvrages-jo-le-surcout-de-l-inflation-estime-a-140-millions-deuros-20221216
7 https://www.senat.fr/rap/l22-115-331/l22-115-3310.html
8 https://shs.hal.science/halshs-01279888/document ; pour les Jeux de Tokyo : https://www.caminteresse.fr/societe/organiser-des-jeux-olympiques-combien-ca-coute-combien-ca-rapporte-184409/