Gilles Passot adjoint aux sports de la ville de Roanne : » Fin des illusions : aux territoires de reprendre la main sur le sport. »
Gilles, PASSOT, adjoint au Sports de la ville de Roanne et également président de la conférence régionale des financeurs de la région Région Rhône-Alpes Auvergne, a accepté de répondre aux questions dans le cadre des assises du sport organisée à Roanne le WE dernier.
Pourquoi avoir organisé ces Assises du sport à Roanne ?
C’est le maire de Roanne, Yves Nicolin, qui a rappelé que les premières assises avaient eu lieu en 2016. En 2025, il était devenu évident qu’il fallait actualiser notre vision. Le sport traverse une profonde mutation, impactée par des tendances lourdes : vieillissement de la population, transition écologique, transformations numériques, mutation des modes de vie… tout cela dans un contexte de raréfaction des ressources publiques. Ces Assises visent à poser collectivement les bases du sport de demain.
Qu’avez-vous retenu de ces Assises ?
D’abord, un travail très approfondi a été réalisé en amont : une cartographie de l’offre sportive, des données précises sur les licenciés et les équipements, mais aussi un large questionnaire diffusé auprès des clubs et des habitants. Il en ressort que Roanne est globalement bien dotée en équipements, mais avec des manques de terrains de grands jeux, des besoins accrus sur les sports de raquette, la gymnastique et la nécessité de repenser notre offre globalement sur les sport nautique. Plus profondément, 2 demandes fortes ressortent de l’analyse qu’il s’agisse des clubs ou des pratiquants en clubs et hors clubs : assurer l’accès à tous aux activités physiques et sportives d’une part et faire du sport un outil d’éducation et de citoyenneté d’autre part.
Justement, quelle est votre vision dans ce contexte du club sportif de demain ?
C’est le grand sujet. Le club de demain devra être plus professionnalisé, mieux structuré à l’échelle intercommunale et capable de gérer lui-même des équipements. Mais il devra aussi savoir répondre à des attentes nouvelles : accueillir à la fois des licenciés, des adhérents réguliers, mais aussi des pratiquants plus ponctuels, en demande d’autonomie ou de services individualisés. Il faudra sortir de l’opposition entre sport encadré et pratique autonome. Le club doit devenir un carrefour des pratiques.
Et les équipements, dans tout cela ?
Roanne dispose d’un maillage cohérent, organisé en pôles. Mais demain, il faudra des équipements plus flexibles, hybrides, capables d’accueillir différentes formes de pratiques : club, scolaire, libre accès… Il faudra aussi anticiper les mutations climatiques et intégrer les enjeux environnementaux dès la conception. Or, soyons clairs, nous ne pouvons plus compter sur l’État. L’effort devra venir du local, en portant la réflexion au niveau intercommunal avec des montages nouveaux et une plus grande implication des clubs et des fédérations.
En tant que président de la Conférence régionale des financeurs, quel bilan tirez-vous de cette instance ?
Je vais être franc : le dispositif ne fonctionne pas. Les décisions sont verrouillées à l’avance par l’État. La promesse d’un guichet unique pour les collectivités et les clubs n’a pas été tenue. C’est une occasion manquée. En revanche, la Conférence régionale du sport, elle, a permis au moins de créer des échanges entre acteurs. Mais plus largement, c’est l’échelon intercommunal qui doit désormais devenir le moteur de la politique sportive. L’État, aujourd’hui, n’est plus en capacité de porter une vraie politique publique du sport. Fin des illusions : aux territoires de reprendre la main sur le sport.
Un mot de conclusion ?
Le sport est à la croisée des chemins. Il faut repenser les modèles, les organisations, et remettre les clubs au cœur d’une offre sportive repensée. Ces Assises sont un point de départ, pas une fin. C’est à l’échelle des territoires que le renouveau doit s’opérer.
