Convention citoyenne sur les temps de l’enfant : « Notre rapport ne doit pas être un rapport de plus »
Le rapport de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant publié hier s’inscrit clairement dans la continuité de 40 ans de débats et de réformes sur les rythmes scolaires et éducatifs. Les rédacteurs citoyens eux-mêmes le reconnaissent explicitement : « plusieurs de nos propositions figurent déjà dans des rapports ou ont déjà été évoquées depuis de nombreuses années par des professionnels de l’enfance »
On peut relire à ce sujet ce document
Un “socle commun élargi” et une réorganisation des temps
La Convention propose 20 mesures structurées autour de trois grandes idées :
- Élargir le socle commun pour intégrer, au même niveau que les savoirs fondamentaux, des apprentissages pratiques, artistiques, culturels et sportifs ;
- Repenser les rythmes de la journée, de la semaine et de l’année pour respecter davantage les besoins biologiques des enfants ;
- Mieux coordonner les acteurs et adapter les espaces (bâti, mobilité, gouvernance).
La proposition la plus structurante est le socle commun élargi :
- Matin : apprentissages dits “théoriques” (français, maths, langues, etc.), au moment du pic de vigilance.
- Après-midi : “apprentissages pratiques” (projets interdisciplinaires, ateliers de la vie quotidienne, éducation civique, compétences numériques) et activités artistiques, culturelles et sportives, considérées comme partie intégrante du socle commun et évaluées au même titre que les disciplines “académiques”.
L’organisation proposée prévoit :
- 2 h d’apprentissages pratiques obligatoires et gratuits jusqu’à 15h30 ;
- puis 1 à 2 h d’activités sportives et culturelles gratuites à partir de 15h30, en lien avec clubs, associations, conservatoires, etc., sur la base d’un “catalogue d’activités” territorialisé.
A lire
La Convention propose en parallèle :
- une semaine à 5 jours avec journée allégée,
- une organisation de l’année plus régulière (alternance 7 semaines de cours / 2 semaines de vacances pour l’hiver et le printemps),
- au moins un séjour ou voyage par an pour tous les élèves (école/collège/lycée).CCTE-Rapport-citoyen
Un air de déjà vu …
Si le cadrage d’ensemble est cohérent, une grande part des dispositifs proposés reprend des idées déjà portées depuis les années 1980 : ATS, CATE, ARVE/ARVEJ, CEL, PEDT, etc.
Des PEDT – Projets éducatifs de territoire “nouvelle génération” ?
La proposition 13 veut rendre obligatoires des PEdT “nouvelle génération” sur tout le territoire, pour assurer cohérence entre temps scolaire, périscolaire et extrascolaire, et mieux mobiliser les ressources locales.
Les PEdT ne sont pas une invention de la Convention :
- ils ont été créés par la loi de 2013 sur la refondation de l’école et la circulaire n° 2013-036 du 20 mars 2013 (circulaire Vincent PEILLON, Valérie FOURNEYRON), précisément pour organiser un “parcours éducatif cohérent avant, pendant et après l’école”
- En 2016-2017, 92 % des communes avec au moins une école publique étaient déjà couvertes par un PEdT, offrant des activités périscolaires à 96 % des enfants concernés
En revanche, la Convention ajoute le caractère obligatoire des PEdT , leur extension assumée comme outil de mise en œuvre du socle commun élargi (notamment pour le volet “apprentissages pratiques” l’après-midi) ; une exigence renforcée en matière de moyens de l’État, d’évaluation et d’équité territoriale … Les moyens de l’Etat … comment dire
“campus des jeunes” et ouverture des établissements
Les propositions 14 à 16 portent sur :
- un plan bâtimentaire national sur 20 à 30 ans pour adapter et rénover durablement les établissements, en intégrant confort, santé, acoustique, performance énergétique, végétalisation, etc. ;
- la transformation des écoles et établissements en “campus des jeunes” avec espaces modulaires, zones de calme, lieux dédiés aux loisirs et au jeu ;
- l’ouverture des établissements scolaires pour proposer de nouvelles activités en lien avec le territoire.
Là encore, il convient de rappeler que ARVEJ, CEL puis PEdT visaient déjà à mieux articuler établissements scolaires et équipements sportifs/culturels du territoire, et à faire de l’école un nœud d’un réseau éducatif plus large. La nouveauté c’est sans doute le “campus des jeunes” qui agrège pédagogie, bien-être, accessibilité, écologie et ouverture sur le territoire dans un même cahier des charges national.
« Notre rapport ne doit pas être un rapport de plus »
la Convention ne manque pas d’idées… mais elle montre surtout que la France recycle depuis 40 ans les mêmes intuitions, sans leur donner la stabilité politique, budgétaire et organisationnelle nécessaire. C’est exactement ce que disent les citoyens lorsqu’ils écrivent : « Notre rapport ne doit pas être un rapport de plus, nous serons vigilants sur les suites données à notre travail. Nous attendons maintenant de nos décideurs politiques qu’ils prennent leurs responsabilités et prouvent que la politique peut encore être au service du bien commun. »


