« STAPS : Entre défis et transformations, une filière au cœur du sport et de la société » Aurélien Pichon

Aurélien Pichon président de la C3D STAPS depuis janvier 2020 vient de laisser sa place à Guillaume BODET. Il répond à nos questions sur son mandat, la gestion du Covid, #STAPSoubliés, le Grenelle des métiers et des emplois du sport, la professionnalisation des diplômés, la recherche, les défis à venir pour la filière STAPS, …

Vous êtes président de la C3D STAPS depuis janvier 2020. Quels sont les principaux dossiers que vous avez eu à gérer au cours de votre présidence ?

Ma présidence, qui s’est déroulée dans un contexte particulièrement complexe, a été marquée par plusieurs défis majeurs. Tout d’abord, la crise de la COVID-19 a nécessité une coordination sans précédent entre les composantes STAPS pour adapter les formations, tout en préservant leur qualité pédagogique et leur ancrage professionnel. Nous avons également travaillé sur l’amélioration des conditions d’encadrement en STAPS, avec le mouvement #STAPSOubliés en 2020 en lien avec l’ANESTAPS qui restent parmi les plus marquants pour la filière STAPS et l’enseignement supérieur. Ces actions ont permis de recruter des collègues dans les composantes pour accompagner au mieux l’attractivité de nos formations et nos étudiantes et étudiants. Par ailleurs, nous avons porté des initiatives structurantes, comme la promotion de la filière STAPS Activité Physique Adaptée et Santé (APAS), en renforçant son rôle dans les parcours de soin. Nous avons défendu une meilleure reconnaissance des diplômés STAPS sur le marché du travail, notamment par des actions ciblées sur leur insertion professionnelle et leur visibilité dans le monde du sport et de la santé. Nous avons également avec nos tutelles et nos partenaires, créé une nouvelle mention de master STAPS : sports, politiques éducatives et société pour répondre au besoin du secteur

Le Grenelle de l’emploi et des métiers du sport a été quelque peu houleux. A-t-il permis de clarifier l’offre de formation aux métiers du sport ? Y a-t-il des problèmes qui restent à régler ? Quelles sont les prochaines étapes ?

Le Grenelle de l’emploi et des métiers du sport a permis quelques avancées, notamment en mettant en lumière le rôle essentiel des formations STAPS dans la structuration des métiers du sport. Cependant, il a également mis en évidence des tensions persistantes entre les différents opérateurs de formation dans ce secteur. La réécriture engagée des formations du Ministère des Sports n’a pour le moment pas permis d’améliorer significativement les passerelles entre les diplômes ou les concordances entre les blocs de compétence pour leurs diplômes de niveau bac.
Les formulations des blocs de compétence ne répondent pas aux besoins à long terme d’encadrement et de développement des clubs et des associations sportives en termes de pluri compétences et d’adaptabilité aux évolutions du secteur professionnel. Cette dualité entre diplômes académiques et certifications professionnelles injectées sur le marché manque de cohérence et crée une confusion tant pour les étudiants que pour les employeurs.

Nous espérons sincèrement que les prochains travaux de réécriture sur les diplômes de niveau bac+2 (DE JEPS) et bac+3 (DES JEPS) favoriseront les échanges entre les parcours de formation. Une régulation est nécessaire pour homogénéiser les niveaux de compétences professionnelles associées aux différents niveaux de certification afin d’accroître la lisibilité des formations.
Nos formations STAPS, qui allient rigueur scientifique et professionnalisation, sont aujourd’hui reconnues et permettent des emplois durables et adaptables qui répondent aux besoins du secteur sportif et sociétal et sont complémentaires aux autres formations de l’écosystème.

Avez-vous des données sur la professionnalisation des diplômés en STAPS ?

Oui, des données récentes issues de l’enquête menée en 2023 par la C3D STAPS et le GAREF sur les diplômés de 2021 montrent une professionnalisation en nette progression et avec des niveaux d’employabilité excellents.

  • Insertion professionnelle : Les diplômés STAPS s’intègrent très majoritairement dans le secteur sportif, avec une concentration dans les domaines de sport et éducation, sport et entraînement, et sport-santé. L’adéquation entre formation et emploi est renforcée grâce à l’évolution des programmes, mieux adaptés aux besoins du marché.
  • Type d’emploi : On observe une hausse significative des emplois stables (CDI et postes de fonctionnaires), reflétant une meilleure reconnaissance des compétences des diplômés et une professionnalisation accrue du secteur.
  • Poursuite d’études : 65,5% des diplômés poursuivent leurs études après leur licence, dont 70% dans le domaine du sport. Cependant, près de la moitié des diplômés se dirigent ensuite vers d’autres secteurs ou formations, les femmes étant plus nombreuses que les hommes à sortir du champ sportif.

En somme, ces données soulignent la solide employabilité des diplômés STAPS et leur rôle central dans le développement du secteur sportif et ses multiples facettes, tout en montrant une diversification des parcours post-STAPS et une insertion dans des secteurs élargis.

Vous êtes très attaché à la recherche. Quel bilan tirez-vous du Programme Prioritaire de Recherche « Sport de Très Haute Performance » ?

Le Programme Prioritaire de Recherche « Sport de Très Haute Performance » est une belle initiative qui a permis de mobiliser les chercheurs des STAPS autour d’enjeux liés à l’élite sportive, comme l’optimisation des performances ou la prévention des blessures. La totalité des projets financés impliquait des collègues des STAPS et le montant de l’investissement était d’environ 20 millions d’euros, ce qui représente des montants inédits dans le secteur du sport et de la haute performance.

Quels sont, selon vous, les principaux défis que les STAPS doivent relever pour les cinq prochaines années ?

Les défis sont nombreux :

  • Valoriser la filière STAPS, en renforçant sa reconnaissance académique et professionnelle.
  • Développer la recherche en sciences du sport, en lien étroit avec les besoins du monde sportif, de la santé et de la société.
  • Défendre les universités et les formations STAPS, face aux contraintes budgétaires croissantes.
    Accompagner la transformation des formations STAPS pour répondre aux enjeux de santé publique, de transition écologique et d’innovation sociale.
  • Renforcer les partenariats avec les institutions sportives et les acteurs économiques afin d’articuler les formations et la recherche aux besoins du secteur professionnel

Ces objectifs nécessitent une mobilisation collective, mais je suis convaincu qu’avec Guillaume BODET, Professeur des Universités en Marketing Sportif, directeur de l’UFR STAPS de Lyon 1 et nouveau président de la C3D, et son équipe, la filière STAPS est prête à relever ces défis et à continuer à jouer un rôle moteur pour l’avenir du sport en France.

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