Depuis son retour au premier plan politique, Donald Trump multiplie les initiatives destinées à mobiliser sa base électorale. Parmi elles, l’idée de « Jeux des Patriotes » s’inscrit dans une stratégie plus large : faire du sport et des grands événements populaires un outil de bataille culturelle contre ce qu’il qualifie d’« élite progressiste ».
Un concept politique avant d’être sportif
Les « Jeux des Patriotes » ne relèvent pas d’un projet sportif structuré au sens olympique. Ils renvoient plutôt à une mise en scène idéologique : célébration du drapeau, exaltation des forces armées, mise en avant de valeurs conservatrices (mérite, patriotisme, ordre) et rejet explicite des discours jugés « woke » dans le sport professionnel américain.
Dans cette logique, l’événement — réel ou symbolique — devient un contre-modèle aux grandes compétitions internationales perçues comme politisées ou moralisatrices.
Le sport, terrain de la guerre culturelle
Ce positionnement s’inscrit dans une tendance lourde de la vie publique américaine : le sport comme champ de confrontation politique. Agenouillements pendant l’hymne, débats sur l’inclusion, sur le genre ou sur la liberté d’expression des athlètes ont déjà fracturé les ligues et les publics.
Trump instrumentalise ces tensions pour construire un récit simple :
le « vrai peuple » contre les institutions sportives mondialisées et progressistes.
Une logique électorale assumée
Au-delà du symbole, l’enjeu est clairement électoral. Le sport rassemble, fédère, émotionne. En l’adossant à une rhétorique patriotique, Trump cherche à transformer l’adhésion culturelle en loyauté politique, notamment auprès des classes populaires et rurales, très attachées aux sports traditionnels et aux marqueurs nationaux.
Un miroir inversé des Jeux olympiques
Là où les Jeux olympiques revendiquent l’universalité, la neutralité et le dialogue entre les peuples, les « Jeux des Patriotes » s’inscrivent dans une logique inverse : identité nationale affirmée, frontières culturelles revendiquées, rejet du multilatéralisme.
Ce n’est pas un hasard si cette rhétorique prospère à l’heure où les grands événements sportifs sont critiqués pour leurs coûts, leur gouvernance et leurs valeurs affichées.
Plus un récit qu’un événement
En définitive, les « Jeux des Patriotes » sont moins un projet sportif qu’un outil narratif. Ils traduisent la capacité de Trump à capter des symboles puissants — ici le sport — pour nourrir une vision du monde clivante, émotionnelle et profondément politique.
Qu’ils voient le jour ou non importe finalement peu : leur existence dans le débat public suffit à rappeler que, désormais, le sport n’est plus seulement un spectacle, mais un champ de bataille idéologique.


