Cédric Gosse secrétaire général du CNOSF : 6 mois après l’élection : un projet politique désormais en action

Six mois après sa prise de fonction, Cédric Gosse, secrétaire général du CNOSF dresse un premier bilan lucide : un mouvement sportif dynamique mais fragilisé, un héritage des Jeux à faire vivre au-delà des symboles, et une priorité claire donnée aux territoires et aux clubs. Une feuille de route qui assume le temps long et la nécessité de passer des idées à l’action.

Avec six mois de recul, le diagnostic que vous portiez avant de vous présenter au CNOSF était-il juste ? Votre regard a-t-il évolué ?

Cédric Gosse – Oui, clairement, le diagnostic était juste — et il est même aujourd’hui renforcé.
La nécessité pour le CNOSF de retrouver un positionnement fort, audible et respecté dans le débat public était au cœur de notre campagne, et ces six premiers mois n’ont fait que confirmer cette intuition. Le CNOSF devait redevenir un acteur central, fort, écouté, capable d’incarner une parole politique du mouvement sportif.
En revanche, ce que j’ai davantage mesuré en arrivant, c’est le paradoxe dans lequel se trouve aujourd’hui le mouvement sportif fédéré. D’un côté, il ne s’est sans doute jamais aussi bien porté en termes de dynamique de pratique, notamment dans l’élan post-Jeux. De l’autre, il est soumis à une pression économique très forte, liée notamment aux contraintes budgétaires des collectivités territoriales, qui sont les premiers lieux de pratique du sport, et premiers financeurs du sport.

Quel bilan tirez-vous de ce premier semestre de mandat ?

Cédric Gosse – C’est un bilan que je qualifierais de dynamique, avec une présidente très engagée au service du mouvement sportif et surtout marqué par des signaux forts.
Le premier, c’est le rassemblement du mouvement sportif. Il y a aujourd’hui un sentiment d’unité, une volonté de faire corps, qui est précieuse dans le contexte actuel.
Ensuite, il y a l’incarnation d’un CNOSF renouvelé : un CNOSF que nous voulons fort, moderne, utile, tourné vers l’avenir. Cette image commence à s’installer, à la fois dans le mouvement sportif et dans le débat public.
Troisième marqueur : le renforcement de la présence sur le terrain et l’ancrage territorial, avec notamment le séminaire des territoires, le travail engagé avec les CROS et CDOS, et une commission des territoires qui est aujourd’hui très active.
Enfin, le CNOSF a retrouvé une capacité à peser dans le débat public, ce qui était un objectif prioritaire dès le départ.

Concrètement, qu’est-ce qui a changé au CNOSF depuis votre arrivée ?

Cédric Gosse – La priorité, dans ces six premiers mois, n’a pas été de réorganiser la maison à marche forcée, mais de mettre rapidement en mouvement le projet politique.
Nous avons fait le choix de prendre le temps : écouter, observer, comprendre le fonctionnement de l’institution et des équipes avant d’envisager des évolutions organisationnelles.
Il n’y a donc pas eu de “chasse aux sorcières” ni de bouleversement brutal. L’idée est claire : adapter l’organisation aux objectifs politiques, et non l’inverse. Aujourd’hui, au bout de six mois, la question de l’organisation interne peut se poser de manière plus pertinente, sur la base d’un diagnostic partagé et non dans la précipitation.

Quels sont, selon vous, les grands enjeux pour le sport dans les années à venir ?

Cédric Gosse -L’enjeu central, pour moi, reste celui de faire vivre l’héritage des Jeux. Mais pas uniquement l’héritage matériel. Je crois beaucoup à un héritage immatériel : une façon différente de penser et de conduire les projets.
Paris 2024 a impulsé un esprit de modernité, d’innovation, une capacité à inventer de nouveaux modèles, qu’il s’agisse des sites iconiques ou des modèles économiques. Le défi est de ne pas perdre cet état d’esprit.
Un autre enjeu majeur concerne la pratique sportive. Il y a aujourd’hui plus de pratiquants que jamais, mais une part croissante pratique en dehors du cadre fédéré. Le mouvement sportif doit donc engager une véritable réflexion sur son offre, non pas dans une logique commerciale de “chasse aux licences”, mais pour apprendre à s’adresser à tout le monde, comme Paris 2024 a su le faire. C’est tout le sens de la réflexion autour du club à 360°.

Si vous deviez retenir trois priorités pour les mois et années à venir, lesquelles seraient-elles ?

Cédric Gosse – La première priorité est de continuer à peser dans le débat public, notamment dans un contexte politique marqué par des échéances majeures à venir. Le CNOSF doit rester une voix forte et crédible.
La deuxième priorité est clairement territorial. C’est à ce niveau que se structurent de plus en plus les politiques publiques du sport, dans un contexte de rationalisation et de mutualisation. Pour le mouvement sportif, l’enjeu est donc d’être présent, organisé et lisible et notamment à l’échelle intercommunale. afin de ne pas se retrouver en marge des lieux où se prennent les décisions structurantes.

La troisième priorité concerne le club, qui demeure la base du système sportif.
Il est essentiel de rappeler que les fédérations existent avant tout au service des clubs, dans toute leur diversité, qu’il s’agisse de disciplines très structurées ou de fédérations plus modestes.
Toute réflexion sur l’évolution du modèle économique ou sur la modernisation du mouvement sportif doit donc partir de cette réalité de terrain. À défaut, le risque serait de développer des approches déconnectées des besoins concrets des clubs et de fragiliser l’équilibre du mouvement sportif dans son ensemble.

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Patrick Bayeux

Consultant, Enseignant chercheur, Docteur en sciences de gestion.

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