Maisons sport-santé : un dispositif pertinent mais hétérogène à consolider selon l’Inspection Générale
Le rapport IGAS-IGESR d’octobre 2025 dresse un état des lieux complet des Maisons sport-santé (MSS), créées en 2019 et déployées sur tout le territoire.
Pertinentes et largement adoptées par les acteurs, elles présentent néanmoins une forte hétérogénéité et plusieurs fragilités structurelles. 13 recommandations sont formulées pour renforcer leur pilotage, affiner leurs missions et consolider leur modèle économique.
Le rapport souligne d’abord la pertinence du dispositif des MSS, qui a « rencontré son public » et s’est installé dans le paysage territorial. Malgré plus de 550 MSS habilitées en 2025, la mission observe une grande diversité de statuts, d’offres et de tarifications, nécessitant un encadrement renforcé. Trois enjeux structurants émergent : la formation et la reconnaissance des professionnels de l’activité physique adaptée (APA), la consolidation du modèle économique, et la définition de plusieurs niveaux de MSS selon les prestations réellement assurées. Le rapport recommande également une clarification entre APA thérapeutique et sport-santé, un pilotage régional renforcé ARS–DRAJES, et un effort ciblé pour augmenter la part des publics prioritaires. Enfin, la mission insiste sur la nécessité d’un maillage territorial poursuivi et d’une communication renforcée autour du dispositif.
3 enjeux majeurs pour le développement des Maisons sport-santé
Le rapport met en évidence 3 enjeux
1. Professionnalisation et reconnaissance des effecteurs d’APA
Le développement des MSS repose sur une meilleure convergence entre les ministères du sport et de la santé, ainsi qu’entre les branches professionnelles. L’objectif est d’harmoniser les contenus de formation, de renforcer la qualification des professionnels encadrant l’activité physique adaptée et d’obtenir une reconnaissance accrue de leur rôle dans le système de santé.
2. Consolidation du modèle économique des MSS
La mission souligne la nécessité d’un financement pluriannuel stabilisé. Celui-ci reposerait d’abord sur une dotation socle couvrant la rémunération du coordinateur et le système d’information. À terme, un second levier pourrait intervenir : la prise en charge par l’assurance maladie de l’APA pour certaines pathologies, permettant de sécuriser durablement l’activité des MSS.
3. Structuration du réseau : vers deux catégories de MSS
Pour mieux refléter la diversité des pratiques, la mission propose la création d’au moins deux niveaux de MSS :
- des MSS pleinement conformes au cahier des charges, capables d’assurer des missions de coordination et de conseil auprès d’autres structures ;
- des MSS davantage centrées sur l’accueil, l’orientation et l’accompagnement des personnes.
Cette différenciation vise à renforcer la lisibilité du dispositif et à adapter les exigences et les financements aux capacités réelles de chaque MSS.
13 préconisations
Thème 1 — Formation et statut des effecteurs d’APA
- Normer nationalement les prestations en APA thérapeutique : bilans à 0/3/6 mois, cycles de 3 mois renouvelables une fois, 2 séances/semaine, groupes ≤10, tarification encadrée.
- Organiser un recensement systématique des offres « sport sur ordonnance » et « sport santé bien-être » à l’échelle départementale/régionale, mis en ligne et régulièrement actualisé.
- Définir un cadre national de formation sport-santé, sur la base de l’expérimentation des 170 h pour éducateurs sportifs.
- Poursuivre le développement des formations universitaires EAPA au sein des STAPS.
- Étudier la reconnaissance éventuelle des EAPA comme profession réglementée via des travaux interministériels.
Thème 2 — Pilotage et modèle économique des MSS
- Imposer des systèmes d’information sécurisés communs à l’échelle régionale et donner aux effecteurs un accès sécurisé aux données de santé.
- Développer des projets ciblés augmentant la part des publics prioritaires, précaires ou éloignés de l’activité physique.
- Établir une typologie nationale des MSS (2 à 3 niveaux) et adapter les financements à cette gradation.
- Favoriser la création de réseaux géographiques de MSS.
- Mettre en place un financement pluriannuel ARS–DRAJES (3 ans) : dotation socle incluant la rémunération d’un EAPA coordinateur et un système d’information adapté.
- Clarifier le partage des rôles entre niveaux national et régional (normes, tarification, reste à charge, études et cohortes pour le national / habilitation et financements pour le régional).
Thème 3 — Organisation de la prestation et communication
- Déployer l’expertise des MSS vers d’autres milieux : Éducation nationale (prévention primaire) et ESMS, notamment EHPAD.
- Renforcer la communication vers professionnels de santé, acteurs territoriaux et public potentiel.


