Violences dans le football amateur : les arbitres en première ligne
Sur les terrains amateurs, les arbitres sont en première ligne : plus de 17 agressions physiques chaque semaine, des milliers d’insultes et un climat qui se détériore. Mais derrière les coups, c’est tout un écosystème qui vacille : clubs fragilisés, cadres éducatifs érodés, collectifs affaiblis selon Williams Nuytens Sociologue, professeur des universités en Sciences et Techniques des APS, Université d’Artois
Les arbitres du football amateur subissent chaque année des milliers d’agressions, verbales et parfois physiques, dans un contexte où les incidents restent nombreux et stables depuis vingt ans. Les données de la FFF montrent que ces violences touchent surtout les seniors, mais progressent aussi chez les 15-18 ans, principalement dans les compétitions départementales. Les enquêtes menées révèlent que les arbitres ne sont pas agressés pour leurs seules décisions : leurs difficultés naissent de clubs fragilisés, au bénévolat instable et au contrôle social affaibli. Pressions de parents, frustrations de joueurs, dirigeants insuffisamment formés : autant de facteurs qui déstabilisent un écosystème déjà vulnérable. L’arbitre, souvent isolé, devient une cible « disponible » lorsque les collectifs sportifs se désagrègent. Les violences apparaissent ainsi comme le symptôme d’un tissu associatif moins cohésif, incapable de contenir les tensions, plutôt que comme l’expression d’une société globalement plus violente.


