En football, le jeu de tête constitue une composante importante de l’activité des joueurs, à l’entraînement et en match. Pourtant, aujourd’hui de nombreuses études interrogent ses effets à court terme (commotions, indisponibilité) et les risques de séquelles à plus long terme (santé mentale, maladies dégénératives, Alzheimer, Parkinson…).
Raphaël Varane reconnaît que dans le sport de haut niveau la pression exercée sur les joueurs ou la peur de l’indisponibilité peut les empêcher de porter l’attention nécessaire à certains signes (fatigabilité, maux de tête, perte de réflexes, temps de réaction augmenté) ou les inciter à une reprise trop rapide après des chocs importants. Selon lui, Il arrive souvent que le joueur n’ait même pas conscience d’avoir été victime de commotion…
Dans un milieu ultra concurrentiel, l’accompagnement attentif et l’information sur les effets à long terme sont nécessaires pour responsabiliser les staffs et les joueurs eux-mêmes, trop habitués à taire leur souffrance et rarement formés à l’écoute de leur corps.
Interdire le jeu de tête avant 12 ans. S’il constate des progrès dans l’identification des situations de chocs en cours de match, la connaissance et l’application de protocoles-commotion, il déplore le travail trop fréquent de jeu de tête à l’entraînement, rarement pertinent au regard des situations de jeu déterminantes. Chez les adultes, l’usage de protections, l’adaptation du ballon (taille, pression), mais aussi l’utilisation de capteurs et quantificateurs de chocs permettrait de faire évoluer les entraînements au bénéfice de la santé des joueurs. Enfin, des protocoles de reprise d’activité devraient être systématisés, en particulier pour les joueurs touchés par des successions de commotions au cours de la saison.
Par contre, pour les plus jeunes, quand le cerveau est en plein développement, R. Varane estime que l’interdiction du jeu de tête devrait être prise tant à l’entraînement qu’en match. Selon lui, le foot français a pris « des années de retard sur le rugby (…) ou sur d’autres ligues, comme la ligue britannique » dans la protection des pratiquants.
P.-P. Bureau pour Décideurs du sport