Il n’y a que Shems ELKHALFAOUI pour nous faire faire un truc pareil. 8 h 30 18 h 30 non stop au CAO pour travailler sur le savoir nager, et sans mettre un pied dans l’eau ! c’est fort. Mais à Saint Denis et en Seine-Saint-Denis, l’héritage des Jeux Olympiques n’est pas un souvenir figé, mais un levier pour garantir à chaque enfant l’accès à un apprentissage de la natation.
Ainsi vendredi 13 juin 2025, à Saint-Denis, élus, experts, enseignants, maîtres-nageurs, responsables associatifs, représentants du ministère des sports, de l’éducation nationale, mais aussi des STAPS se sont réunis pour « bâtir une feuille de route ambitieuse : 100 % des enfants sachants nager à l’entrée au collège, d’ici 2028. » Shems ELKHALFAOUI 2e adjoint aux Sports, Développement économique, Emploi et Insertion, Héritage Olympiques et Paralympiques, Grands évènements.
A lire
Le programme était dense, il faisait chaud on a transpiré, on a bien bossé, on s’est régalé !
Diagnostic initial : une fracture persistante
Léa Mekkaoui a présenté les principaux résultats de l’étude sur l’’ » Analyse de l’évolution du « savoir-nager » en Seine-Saint-Denis (93) », une étude longitudinale menée sur dix ans qui révèle
- Un écart croissant entre les taux de réussite nationaux (~87-89 %) et ceux de la Seine-Saint-Denis, tombés de 70 % à 57 % entre 2012 et 2023.
- Aucune différence de réussite selon le genre, mais un effet fort du type d’établissement (public/privé, REP/REP+).
- Aucune corrélation entre la surface des bassins disponibles et les résultats : la réussite dépend davantage du suivi pédagogique, du nombre de séances et de la continuité éducative
Par ailleurs une autre étude (réalisée à la demande de la ville par Patrick Bayeux) met en avant un ratio de m² d’eau par habitant supérieur à la moyenne nationale (0,031 m²/hab), avec 4 piscines (dont le CAO) qui ne sont pas réservées à Saint Denis et un nombre de m2 réservés dans les 4 établissements que compte le territoire de nature à permettre à chaque enfant scolarisé dans une école de Saint-Denis de bénéficier de 3 ou 4 cycles au cours de la scolarité.
4 tables rondes
4 tables rondes étaient organisées au cours de cette journée.

Table ronde 1 – Garantir l’égalité d’accès dès la maternelle
En Seine-Saint-Denis, on peut naître à 200 mètres d’une piscine… et ne jamais y mettre les pieds. Cette table ronde pose une question simple : comment faisons-nous pour que cette phrase devienne impossible à prononcer dans 5 ans ?”
Objectifs de la table ronde :
-Identifier les freins logistiques, sociaux et territoriaux à l’apprentissage précoce de la natation ;
-Garantir un accès effectif et précoce à l’eau dès la maternelle dans tous les quartiers.
Constats :
La table ronde a mis en évidence plusieurs facteurs de frein à l’accès à la pratique aquatique, parmi lesquels le rôle central des familles a été particulièrement souligné. Le rapport à l’eau, la perception de la natation comme un apprentissage prioritaire, ou encore la capacité des parents à accompagner leurs enfants vers cette pratique sont apparus comme des leviers majeurs, mais aussi comme des sources d’inégalités.
Concernant la priorisation de l’accès des enfants de maternelle aux piscines, les échanges ont révélé des points de vue divergents. Si certains participants plaident pour une entrée dès la grande section afin de favoriser une familiarisation précoce, d’autres estiment que les conditions de réussite sont aujourd’hui insuffisamment réunies, notamment en matière d’encadrement, d’infrastructures et de logistique.

Propositions :
Parmi les propositions majeures formulées lors de la table ronde, l’une des plus structurantes concerne la nécessité de renverser la communication autour de l’apprentissage de la natation. Trop souvent perçu comme un impératif de sécurité — « éviter la noyade » — le savoir-nager doit être revalorisé comme une compétence porteuse de plaisir, d’autonomie et d’accès à des loisirs. Nager, c’est avant tout pouvoir profiter d’activités nautiques, en famille, à l’école, en vacances, et non uniquement répondre à un enjeu de survie.
Dans cette perspective, il est apparu essentiel de travailler étroitement avec les parents, pour changer les représentations, rassurer, et mobiliser les familles comme actrices à part entière de la réussite des parcours aquatiques. Cela implique une communication positive, inclusive, et adaptée aux différents contextes sociaux et culturels des territoires.

Table ronde 2 – De l’aisance aquatique au savoir-nager
Entre l’aisance aquatique et le test du savoir nager, trop d’enfants sont laissés seuls dans une pédagogie décousue. Ici, nous allons construire une suite logique, lisible, continue. Une langue commune entre maîtres-nageurs, enseignants et enfants ;
Objectifs de la table ronde
Créer un parcours aquatique fluide et sans rupture jusqu’à la maîtrise complète des attendus du test de savoir nager.
Constats :
La table ronde a mis en lumière une confusion généralisée autour des différents tests et dispositifs liés au savoir-nager, y compris chez les professionnels du secteur. Attestation du Savoir-Nager en Sécurité (ASNS), Pass’Nautique, dispositifs fédéraux ou municipaux : les sigles, objectifs et modalités se superposent sans articulation claire, ce qui nuit à la lisibilité de l’offre et à la compréhension des parcours par les familles, les éducateurs et les enfants eux-mêmes.
Au-delà de cette confusion, plusieurs participants ont interrogé la portée réelle des projets pédagogiques, qui apparaissent, dans un certain nombre de cas, davantage comme des documents formels exigés par l’institution que comme de véritables outils de pilotage pédagogique. Cette dérive administrative limite leur rôle structurant et leur capacité à soutenir une progression cohérente, partagée et lisible pour tous les acteurs impliqués.

Propositions :
Les propositions issues de la table ronde s’articulent autour de trois axes majeurs pour remédier à la confusion constatée et renforcer l’efficacité des dispositifs d’apprentissage.
D’une part, il est proposé de revenir à une communication simple et lisible sur les différents tests, avec des repères compréhensibles par tous, enfants comme parents. L’idée d’un système de bonnets de couleur, inspiré d’autres disciplines comme le judo ou le ski, a été évoquée pour matérialiser les niveaux acquis et rendre visible la progression.
D’autre part, une réflexion s’est engagée sur l’évolution du projet pédagogique, qui doit redevenir un véritable outil de pilotage partagé et de dialogue entre les acteurs. Il ne doit plus se limiter à un support administratif, mais structurer la progression des apprentissages.
Enfin, la création d’un livret numérique d’apprentissage partagé a été largement soutenue. Accessible à tous les intervenants et aux familles, il permettrait un suivi individualisé des parcours, une meilleure coordination et une valorisation des acquis. Cette proposition renvoie toutefois à une question centrale restée en débat : à quel niveau doit se situer le pilotage de cette démarche ?

Table ronde 3 – Clarifier l’offre et harmoniser les dispositifs
Quand une famille entend ASNS, ENF, Pass’Sport ou J’apprends à nager, elle ne comprend plus rien. Et c’est nous qui avons construit cette confusion. Cette table ronde a une mission : rendre « au savoir nager » une seule parole, une seule valeur, une seule exigence.
Objectifs
-Mettre en cohérence les différents dispositifs existants sur le territoire, publics ou privés, pour créer une offre claire, lisible, certifiante et cohérente.
Constats :
La table ronde a mis en évidence une grande hétérogénéité dans les pratiques et les conditions d’apprentissage du savoir-nager d’un équipement à l’autre. Cette disparité s’explique par la multiplicité des acteurs impliqués, les différents modes de gestion des piscines (régie, DSP, gestion associative, etc.), mais aussi par la diversité des statuts et des employeurs des maîtres-nageurs sauveteurs (collectivités, prestataires, clubs, etc.).
Cette fragmentation aboutit à une absence de communication réelle entre les intervenants, qui travaillent trop souvent en silo, sans coordination ni vision partagée. Chaque structure tend à développer ses propres dispositifs pédagogiques, ses outils, voire ses référentiels, ce qui peut entraîner une forme de concurrence entre les opérateurs plutôt qu’une dynamique de complémentarité.

Propositions
Pour clarifier l’offre et harmoniser les dispositifs, les participants ont d’abord souligné la nécessité de créer une instance de coordination territoriale, réunissant l’ensemble des acteurs concernés : Éducation nationale, collectivités, clubs, délégataires, associations, maîtres-nageurs. Cette instance aurait pour mission de sortir d’une logique de juxtaposition de dispositifs pour construire une stratégie cohérente, lisible et centrée sur les besoins réels des publics, et non sur l’offre existante.
Parmi les propositions structurantes figure l’idée de figer une offre scolaire commune pour l’ensemble des écoles, par exemple en ciblant systématiquement le CP et le CM1 ou CM2, afin de donner une lisibilité aux parcours et de permettre une meilleure articulation avec les autres intervenants du territoire. Ce cadrage scolaire faciliterait la mobilisation complémentaire des clubs, des délégataires et des services municipaux.
Ces apprentissages scolaires devraient être renforcés par des dispositifs extrascolaires, notamment via l’organisation de stages pendant les vacances ou d’activités spécifiques les mercredis et week-ends.
Enfin, il a été jugé indispensable de rendre lisible un parcours aquatique commun, partagé par tous les acteurs. Cela passe par la création d’un livret unique de suivi, permettant un repérage individualisé des acquis pour chaque enfant, accessible aux familles et aux différents encadrants tout au long de la scolarité.

Table ronde 4 – Construire la feuille de route collective
Les rencontres du savoir nager, nos intentions sont claires, les ambitions partagées. Les équipements existent, les partenaires sont mobilisés. . Cette table ronde ne posera pas la question « pourquoi ? » mais bien « comment ? », « avec qui ? » et surtout « quand » ?
Quatre dossiers prioritaires ont été identifiés par les participants comme devant être engagés avant la fin de l’année 2025.
- La création d’une instance de coordination territoriale, réunissant l’ensemble des acteurs concernés (Éducation nationale, collectivités, clubs, opérateurs, associations), a été jugée indispensable. Le niveau pertinent de pilotage reste à définir, en fonction des réalités administratives locales (commune, intercommunalité, bassin de vie). Cette instance devra également permettre la désignation de référents « savoir-nager » chargés d’assurer le lien entre les structures et de faciliter l’organisation.
- Le second chantier porte sur la mise en place d’indicateurs de pilotage partagés, permettant un suivi rigoureux de la mise en œuvre du dispositif : taux de participation, nombre de séances effectives, temps passé dans l’eau, taux de réussite aux différents tests, progression individuelle.
- En matière de programmation, la priorité pour la rentrée 2025 est donnée au cycle 3, avec un ciblage renforcé sur les classes de CM1 et CM2. Des expérimentations pourront être menées sur d’autres niveaux, notamment en CP ou en grande section, en fonction des contextes locaux.
- Enfin, un premier travail de réflexion sur la stratégie de communication doit être engagé d’ici fin 2025, afin de préparer une campagne coordonnée dès 2026 à destination des familles, des enseignants et des professionnels.
Pour l’année 2026, les travaux devront se concentrer sur deux axes majeurs :
- La création d’un livret d’apprentissage partagé, dématérialisé et/ou papier, permettant le suivi individuel de chaque enfant sur plusieurs années.
- La co-construction d’un référentiel didactique local, en cohérence avec les exigences nationales, mais adapté aux spécificités du territoire.
Concernant le rythme d’apprentissage, un large consensus s’est dégagé en faveur d’un format “massé”, jugé plus efficace pour ancrer durablement les acquis et faciliter l’organisation logistique des séances.



La signature du pacte Héritage 2025 2032
En de journée en présence de la Ministre des sports Marie Barsacq a été signé un pacte héritage pour « faire du savoir nager un droit réel pour chaque enfant »




En synthèse : les rencontres du savoir-nager feront date.
« Faire du savoir-nager un droit réel, ce n’est pas un slogan. C’est une responsabilité publique, un acte de justice sociale, et une exigence de sécurité pour toutes et tous. » a indiqué Shems ELKHALFAOUI qui donne rendez vous l’année prochaine pour les secondes rencontres avec peut être un exercice pédagogique dans l’eau, moi je propose le test du savoir nager pour tous les participants !