Et si nous, médiateurs, participions aux prochains JO – Jeux Olympiques ? par Caroline Gropaiz – Médiatrice – Liam Avocats
À la fin de cette exceptionnelle expérience de Jeux olympiques en France, et conjointement aux divers ‘scandales’ qui ébranlent le monde du sport, une chose ressort, particulièrement de la communication de nos athlètes tricolores : l’absence de lien fort entre les sportifs et leur fédération.
En effet, de nombreux médaillés olympiques et paralympiques sont venus remercier leurs proches, leurs supporters, leur coach personnel … mais très peu d’athlètes ont fait preuve de gratitude s’agissant du soutien apporté par leur fédération.
Pourtant, athlètes et fédérations partagent de nombreux objectifs communs, notamment la promotion de la pratique de leur sport par les valeurs qu’il véhicule.
Or qu’il s’agisse de VSS (Violence sexuelle ou sexiste), de propos injurieux sur Internet, ou encore d’accusations de maltraitance envers un équidé, les fédérations demeurent extrêmement laconiques, voire absentes, aux côtés des athlètes.
Cette absence de soutien, ce sentiment de devoir toujours être au sommet de son art, comme récemment évoqué par Simone Biles, suivie par Michael Phelps ou encore la tennis woman Naomi Osaka, génère chez l’athlète de la souffrance mentale et par conséquent, impacte ses performances et peut conduire à l’abandon de la compétition, ou pire encore, la dépression.
Si ces nouveaux ‘porte-paroles’, ont brisé les tabous autour de ce sujet depuis les JO de TOKYO, c’est grâce à une prise de conscience : libérer la parole pour être en lien avec ses émotions, accepter de montrer ses faiblesses sans se sentir juger mais simplement écouté et compris, permet de devenir plus fort.
Cette philosophie est depuis longtemps prônée par l’émérite psychologue américain, Marshall Bertram Rosenberg, créateur d’un processus de communication appelé « communication non violente », qui va jusqu’à affirmer ‘la dépression est la récompense que nous obtenons pour notre conformité[1]’.
C’est ce que semble avoir bien compris Léon Marchand (dont l’entrainement a lieu outre Atlantique), lorsqu’il déclarait à la pressequelques mois avant sa première course aux JOP, ‘Je sais que j’ai bien travaillé et que je dois juste prendre du plaisir ou encore ’ je n’ai pas peur de l’échec’.
« Des cellules d’écoute devraient faire partie intégrante de l’organisation des toutes les fédérations sportives.
Dès lors des cellules d’écoute devraient faire partie intégrante de l’organisation des toutes les fédérations sportives.
Or, aujourd’hui on semble être très loin de cette union recherchée.
En effet, à titre d’exemple, après son insuccès à l’US Open, Caroline Garcia déclarait qu’elle était victime de messages haineux sur internet de la part des parieurs issus d’un partenariat …..créé entre la FFT et une société de paris en ligne !
Ou encore, nombreux cavaliers et dresseurs ont été dépourvus face à des attaques virulentes émanant de membres d’associations de défense animalière, alors même que les deux ‘camps’ nourrissent une passion identique pour les chevaux.
Aussi, intégrer des temps forts d’échange libre entre les différents membres de l’organisation et le sportif ou encore les fédérations et leurs partenaires ou tout autre tiers impliqué, animés par un facilitateur de communication, tel que le médiateur formé à la communication non-violente, pourraient être judicieusement intégrés au sein des différentes fédérations.
D’autant que la Médiation dans le sport peut également être une méthode de résolution de conflit à l’amiable parfaitement adaptée à l’univers sportif régie par des spécificités de règles juridiques et juridictions qui lui sont propres.
En effet, la saisie du TAS (Tribunal Arbitrale du Sport) qui dispose de la compétence matérielle exclusive pour connaître des litiges sportifs, est une juridiction spécialisée particulièrement onéreuse et qui par le biais de ses arbitres ne permet pas de réinstaurer un véritable dialogue constructif en cas de litige.
En conclusion, la Médiation pourrait être un précieux allié des compétitions, apportant une dimension nouvelle dans le secteur sportif dans lequel l’athlète serait en phase avec sa fédération, ses partenaires et tous les amoureux du sport !
Caroline Gropaiz Consultante juridique Médiatrice certifiée Legal counsel – certified Mediator
[1] Les mots sont des fenêtres (ou bien des murs), Marshall B. Rosenberg 2016