Candidature à l’organisation des JOP d’ hiver 2030 : du billard à 3 bandes pour une candidature très politique.
Outre le fait d’avoir été annoncée sans doute l’un des jours les plus chauds de l’année, cette candidature pour l’organisation des JOP d’hiver en 2030 était certes attendue, mais soulève des questions.
Attendue puisque Guy Drut avait appelé mi-mai à la fusion des projets de Rhône-Alpes et des Alpes du Sud. (L’équipe du 16 mai Drut invite à une fusion des candidatures des Alpes du Sud et de Rhône-Alpes pour les JO d’hiver 2030)
A ce stade « un souhait de proposer au mouvement sportif et à l’Etat » une candidature
A ce stade, il ne s’agit que du « souhait de proposer au mouvement sportif et à l’Etat de porter une candidature commune au Comité International Olympique (CIO) pour accueillir les épreuves des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030. » indique le communiqué de presse du CNOSF.
Une candidature qui questionne cependant.
N’aurait-il pas été mieux de réussir les jeux à la maison avant de se lancer sur de nouveaux jeux ?
Quelle acceptabilité au regard des enjeux climatiques ?
Le CNOSF en est totalement conscient en déclarant « La prise en compte des enjeux liés à la préservation de la biodiversité et à l’accélération du réchauffement climatique dont les conséquences sont plus fortes encore dans les territoires de montagne. A cet effet, les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de 2030 devront marquer une inflexion majeure dans le modèle d’organisation des Jeux d’hiver, comme Paris 2024 l’est pour les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été. La France peut, là encore, montrer la voie. Ils devront également s’inscrire dans une stratégie plus large au niveau national sur les sports d’hiver de demain, dans un contexte de réchauffement climatique, et dans laquelle les deux Régions sont d’ores et déjà pleinement engagées aux côtés de l’Etat ».
Une candidature dans l’urgence
On imagine mal comment l’AG du CNOSF pourrait dire non puisque dès les prochains jours, le CNOSF va faire part de son souhait d’ouvrir selon le communiqué de presse du CNOSF, une phase de dialogue formel avec le CIO et sa commission des futures villes hôtes en vue de l’élaboration d’un dossier de candidature après l’expression par les deux Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur de leur intérêt pour accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030
Ensuite le projet de candidature sera soumis au CNOSF et au CPSF et à leurs organes délibérants en septembre. Au bout de ce processus, il reviendra à la Commission exécutive du CIO de décider l’ouverture d’un dialogue ciblé avec certains des candidats, probablement lors de sa réunion de décembre 2023. Ce dialogue ne pourra aboutir qu’après instruction et accompagnement par l’Etat du dossier de candidature.
Une candidature pour faire monter les enchères ?
A moins qu’il ne s’agisse d’un leurre pour faire monter les enchères en 2030. Depuis que la Catalogne n’est plus candidate, 3 villes restent en lice pour 2030 : Sapporo (Japon), Salt Lake City (Utah, États-Unis) et Stockholm (Suède). Pour la première, les enquêtes en cours sur la corruption du comité d’organisation des Jeux de Tokyo ne vont pas aider, mais d’ici là … Salt Lake City aurait plutôt dans le viseur 2034 (Le CIO n’écarte pas une double désignation 2030 2034). Le CIO a tout intérêt à avoir des candidatures crédibles et solides pour se laisser toutes les marges de manœuvre possibles.
Finalement cette candidature n’a que des avantages pour tout le monde… sauf peut-être pour l’Etat.
- pour le tout nouveau président du CNOSF qui pose d’entrée sa stature en proposant dès sa première AG qui entérinera sa nomination une candidature à l’organisation des JOP
- pour les présidents de région qui montrent comme ils l’ont déclaré d’ailleurs cette volonté de porter un projet « respectueux d’un cadre naturel unique et préservé » (Le Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud MUSELIER) de « faire des Jeux de 2030 une vitrine de l’excellence sportive de notre région, du développement durable de nos massifs alpins et ainsi d’amorcer un nouvel élan pour l’Olympisme français. » (Le Président de la Région Auvergne-Rhône Alpes, Laurent WAUQUIEZ)
- pour le CIO qui disposera d’un choix plus étendu.
- pour les cabinets de consultants, les études préalables sont essentielles pour la réussite d’une candidature. Marc Leplongeon révélait dans l’équipe (article réservé aux abonnés) que RnK ciblée notamment par les enquêtes du PNF avait gagné un marché avec PWC pour 1 million d’euros pour les études préalables à la candidature de la région Sud….
Il n’y a peut-être qu’à l’Etat qu’on ne voit pas ça d’un très bon oeil …