Les LGBTI-phobies dans le monde sportif. Une analyse de l’hétéronormativité dans les sections sport de combat de deux associations franciliennes
Ce rapport publié dans les notes et rapport de l’INJEP , aborde les LGBTI-phobies comme un prolongement du sexisme et de l’importance de conserver un ordre hétéronormatif et s’inscrit dans la suite de travaux menés en 2013 par l’INJEP sur les jeunes face aux discriminations liées à l’orientation sexuelle et au genre.
La réflexion engagée est née à l’intersection de deux constats.
- Le premier est celui posé par de nombreux·ses chercheur·ses en sciences sociales qui montrent l’héritage sexiste et homophobe de l’univers sportif.
- Le second concerne la démocratisation récente de la lutte pour l’égalité des sexes, des minorités sexuelles et de genre, s’affirmant notamment chez les jeunes, dans le prolongement du mouvement MeToo, débuté fin 2017 contre les violences et le harcèlement sexuel qui touchent les femmes
Le rapport fait appel aux notions d’hétérosexisme et d’hétéronormativité pour interroger l’héritage homophobe et sexiste du monde sportif. Mais l’enquête ambitionne d’articuler l’analyse de l’hétéronormativité avec d’autres variables : celles de classe prioritairement, mais également de « race »7, d’appartenance religieuse ou encore d’âge qui lui sont coextensives. Elle est fondée sur une approche qualitative, par observations et entretiens, auprès de deux associations franciliennes respectivement situées dans des territoires économiquement aisés et fragilisés. L’enquête s’appuie sur une approche qualitative, par observations et entretiens, auprès des sections sport de combat (boxe et escrime), connotées au masculin, de deux associations franciliennes.
La première partie du rapport articule un niveau de réflexion méthodologique avec une étude des
discours individuels recueillis en situation d’entretien sur la question LGBTI+, que la deuxième partie s’attache à mettre en perspective avec une analyse des rapports sociaux de sexe issue de l’observation des espaces sportifs locaux.
L’organisation proposée par les clubs respecte un système traditionnel de genre
Si l’enquête révèle des conduites de transgression des frontières de genre, celles-ci restent marginales et davantage le fait des femmes. Certaines femmes trouvent en effet dans l’espace du sport, et notamment de compétition, les conditions pour s’opposer aux normes dominantes associées à la féminité, mais les hommes observent majoritairement les conventions de la virilité traditionnellement associées à l’expérience sportive. Finalement, l’organisation proposée par les clubs respecte un système traditionnel de genre. Ce constat général fait, le rapport invite à s’affranchir d’une vision homogène des LGBTI-phobies en pensant les formes diverses qu’elles peuvent recouvrir en fonction des contextes locaux. Les modalités pédagogiques des pratiques sportives considérées font ainsi la preuve, non pas tant d’un effacement de la domination masculine, mais plutôt d’une transformation de ses modalités d’expression, notamment gouvernées par des effets de classe.
La synthèse du rapport