Suppression du CAFEMAS : à qui profite le crime ?

Alors que le ministère vient de publier le décret relatif à la constitution du Conseil National du Sport, une instance destinée à organiser la concertation entre les acteurs du sport, alors que la ministre a réuni il y a une semaine les régions pour leur vendre le transfert des CREPS (Le transfert n’est pas dans le projet de loi présenté la semaine dernière en conseil des ministres mais pourrait revenir par la voie d’amendements), il est plutôt surprenant qu’un des premiers actes de cette fameuse concertation soit la suppression du CAFEMAS.

Sous couvert d’économies budgétaires, le ministère des sports déclenche le désengagement de l’Etat, autant dire qu’il signe l’arrêt de mort de la structure.
Pourquoi ? Est ce que le CAFEMAS fait partie de ces « commissions Théodule » qui couteraient cher à l’Etat au point de le supprimer (le CAFEMAS coute au  ministère des sports 150 000 euros et un emploi) ?
En fait, la raison n’est évidemment pas économique mais plutôt politique pour un ministère arc bouté sur la défense de son « territoire » de la formation.

Le CAFEMAS présente deux caractéristiques.

D’une part, c’est un organisme financé et dirigé par tous les acteurs de la relation formation emploi dans le sport, (branches professionnelles, mouvement sportif, régions, ministères…) ce qui fait probablement de l’ombre au ministère des sports qui préfère laisser les partenaires dans une situation plus inoffensive et périphérique au sein de commissions, conseils ou conférences…. On ne peut pas pour autant taxer le CAFEMAS de rouler pour le ministère de l’enseignement supérieur comme le montre l’étude publiée à la fin d’année 2012 faisant un constat sans complaisance à l’égard des STAPS .

D’autre part, il publie des observations indépendantes très poussées dans le domaine de l’emploi et des métiers. Il vient de livrer une remarquable étude sur l’emploi dans le sport en France . Etude chiffrée qui, pour un lecteur un peu attentif, est de nature à interroger le système de formation aux métiers du sport dont nous avons dénoncé la complexité à maintes reprises (cf notre édito
Formation aux métiers du sport : indignons nous ! par Patrick Bayeux (10/12/2012)
). On peut y repérer des évolutions rapides vers un emploi sportif qui ne tient plus au seul encadrement des pratiquants. On pourrait pour simplifier dire que 80 % de l’offre de formation (qui porte sur les métiers d’encadrement ) ne concerne que 20 % de l’emploi. Par ailleurs, certaines catégories d’emplois très occasionnels, saisonniers voire ponctuels commencent à sortir de l’ombre avec des effectifs très conséquents. A t-on peur que ce constat invalide le choix de certains diplômes (BP JEPS ?) beaucoup trop spécialisés, longs et couteux pour répondre à ces besoins ?

Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait tomber la fièvre !

Et c’est exactement ce qu’est en train de faire le ministère des sports qui, en organisant la suppression du Cafemas commet une double erreur

– la première est le signal envoyé aux partenaires sociaux et aux membres du Cafemas qui ont salué à l’unanimité le travail produit. Le ministère se coupe avec cette décision des partenaires (qu’il appelle par ailleurs à la concertation au sein du CNS) et qui ne se feront plus d’illusion sur la véritable posture du ministère des sports.

– la seconde est de supprimer le seul outil qui puisse dégager des études pertinentes pour servir la priorité du gouvernement : l’emploi. C’est une tâche délicate qui, malgré les obstacles posés par certains membres de la direction des sports, est en train d’aboutir. D’ailleurs, le mouvement sportif et les régions de France lancent actuellement les déclinaisons de ces travaux à l’échelle des fédérations ou des régions. Les branches militent pour la déclinaison de cet outil de mesure au niveau régional pour permettre l’agrégation des résultats au plan national mais aussi de comparer les régions entre elles. Une première par rapport à ce qui se fait actuellement ou chacun invente son outil de mesure qui ne mesure en fait que ce que le financeur et ses partenaires souhaitent traiter !

Alors que le chef de l’Etat a fait de l’emploi sa priorité première et qu’il souhaite inscrire dans la constitution le dialogue social, cette décision de supprimer le CAFEMAS n’annonce rien de bon en matière de gouvernance du sport. La première réunion du conseil national du sport s’annonce d’ores et déja tendue.

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