« L’avantage c’est qu’avec des résultats comme ça à Tokyo on ne pourra que faire mieux à Paris ! » résume un fin connaisseur du haut niveau en France.
Les médailles des sports collectifs ont masqué la faiblesse des résultats de Tokyo. Effectivement on aurait du obtenir 46 médailles à Tokyo pour être au même niveau de Rio en tenant compte du nombre d’épreuves par discipline (45 médaille c’est ce qu’avait d’ailleurs prévu C Onesta dans son rapport remis à L Flessel le 31 janvier 2018 Mission d’étude pour la haute performance sportive . On en est trés loin avec 33 médailles.
JO de Rio 2016 : 306 épreuves, performance française = 42 médailles (10 or ; 18 argent ; 14 bronze) JO de Tokyo 2020 réalisés 2021 : 339 épreuves, performance française 33 médailles (10 or ; 12 argent ; 11 bronze) Pour égaler la performance de Rio, la France aurait du faire 46 médailles |
10 médaillés de Tokyo en sports individuels (ou assimilés) ne font pas partie du « cercle de haute performance « mis en place par l’ANS (Agence Nationale du Sport)
10 médaillés sur 27 en disciplines individuelles (6 médailles ont été obtenues en sports collectifs) sont absents du cercle de haute performance mis en place le 18 décembre 2020 par l’ANS. Et pourtant la liste compte 362 athlètes !
Les 10 médaillés absents du cercle de haute performance ROMAIN CANNONE Escrime – LAURA TARANTOLA et CLAIRE BOVÉ Aviron – SARAH BALZER Escrime – LUCAS MKHEIDZE judo – KILIAN LE BLOUCH judo – ALTHÉA LAURIN Taekwondo – DONAVAN GRONDIN Cyclisme sur piste – FLORIAN GRENGB0 et RAYAN HELAL vitesse par équipe masculine |
C’est dire si l’art de la prédiction du nombre de médailles aux JO est difficile ! lire notre article sur le sujet
Mais quand même à ce point là ça interroge sur les critères !
Plus récemment dans le journal l’équipe du 24 juin C Onesta qui visait 40 médailles détaillait la « nouvelle stratégie » mise en place autour de la haute performance et qui devrait porter ses fruits en 2024 à Paris. Le choix est clair « On n’a pas fait le choix des Anglais qui ont investi là où ils avaient des chances de médailles », a t il rappelé dans l’équipe du mais « on a amélioré notre cible (les athlètes médaillables) pour la traiter de manière singulière ».
Selon le site de l’agence « La constitution de cette première liste repose sur des critères factuels en lien avec les performances réalisées ces 4 dernières années, par les athlètes français, dans les compétitions internationales majeures. »
Il va falloir sérieusement revoir les critères !
Les médailles des sports collectifs de salles : la réussite des clubs professionnels, des fédés et …. des collectivités territoriales.
C’est l’arbre qui cache la forêt. La réussite des équipes de France de BHV Basket Hand et Volley les 3 derniers jours des JO ont sauvé le bilan des JO.
Ce résultat on ne le doit pas à l’agence mais à une convergence d’intérêt entre les fédérations qui ont su nommer la bonne équipe, les clubs professionnels ou évoluant dans les ligues professionnelles et leurs centres de formations mais aussi les collectivités territoriales qui financent trés largement le VHB. (65 à 75 % du budget pour le volley, 25 à 35 % pour le basket, 30 à 45 % pour le hand ball) Le soutien des collectivités aux clubs pros – VHB
Quant au foot c’est la démonstration que les enjeux économiques passent avant tout ! mais c’était tellement prévisible (notre édito du 30 juin La FF Foot a t-elle un comportement olympique
Et pourtant « Ambition bleu » était prometteur
Un bilan, une analyse détaillée de la concurrence, un nouveau modèle, des plans d’actions
Dans un document de prés de 100 pages, le plan plan ambition bleu est largement détaillé.
Qu’est ce qui n’a pas fonctionné ?
On attend avec impatience le bilan détaillé de l’ANS pour mieux comprendre ce qui n’a pas fonctionné même si à chaud C Onesta a déjà fourni des explications. Pour Claude Onesta, « personne ne doit s’arrêter au soir de Tokyo »
Pourquoi certaines disciplines sont passées totalement à coté, des disciplines pourvoyeuses d’un grand nombre de médailles : l’athlétisme, la natation, .. problème de gouvernance, d’entraineurs, d’agents, de générations de sportifs … ?
Et maintenant ?
La cérémonie de passation n’était pas terminée que déjà C Onesta était conforté dans son rôle par la ministre des sports. Pour la ministre « La stratégie du sur-mesure est bonne » et de conforter Claude Onesta dans ses missions « On a besoin de Claude pour concrétiser le travail qu’il a commencé sur la haute performance depuis trois ans » (depuis septembre 2017 plus précisément ).
Faut il continuer à arroser où c’est humide ?
Une chance à Paris on aura des représentants français dans chaque épreuve c’est le privilège d’organiser les jeux à domicile. Donc on fera mieux qu’à Tokyo.
Mais au delà, le choix de l’ANS interroge.
Faut il
- un système centré sur un petit nombre de sportifs identifiés sur la liste « cercle haute performance » dont on comprend qu’ils ne concerne pas uniquement les disciplines pour lesquelles il y a des chances de médailles (comme le anglais)
- ou un système qui d’ailleurs a fait ses preuves à Rio qui repose sur un soutien à toutes les disciplines reconnues de HN ( avec un nombre croissant de disciplines ) et une aide à toutes celles et tous ceux qui ont été repérés comme ayant le potentiel pour intégrer un jour le collectif des équipes de France.
La fameuse pyramide du sport français …. qui fait le succès du Judo d’ailleurs. Le judo une des seules fédérations à maintenir le dispositif d’avant d’ailleurs. Le Judo qui a ramené 8 médailles ! Le judo dont C Onesta prédisait dans son rapport le pire avenir dans son rapport page 12/34 du rapport Onesta « Mais il apparait que nous sommes en train de décrocher dans des disciplines fortement pourvoyeuses de médailles. On espère que ces faibles résultats seront temporaires mais dans certains cas ils semblent devoir durer… on peut citer le judo masculin derrière Teddy RINER, la natation course, et bien d’autres »
Quel héritage ? aprés Paris 2024 la terre brulée ?
Au delà de Paris 2024 qui va mobiliser toutes les énergies possibles et imaginables l’enjeu des jeux c’est de construire un héritage qu’il s’agisse celui de la place du sport dans la société ou de l’organisation du haut niveau un peu sur le modèle anglais qui enregistre 2 fois plus de médailles que la France (65 médailles – 4ème position) à Tokyo et qui avait obtenu 67 médailles à Rio (2ème position).
Un système qui concentre son énergie sur l’élite n’est pas bon à long terme quand on sait en plus que le ministère n’a plus les moyens d’accompagner les autres sportifs de haut niveau et que le projet de performance fédérale (PPF) n’est qu’un exercice de style pour entrer dans les cases des financements. Pour reprendre une expression de l’ANS « Il s’agit de transformer un service de prêt-à-porter en un service haute-couture. Le Cercle HP va permettre une distribution plus adaptée des moyens ».
Le prêt à porter : le haut niveau, l’accés au haut niveau, la pratique compétitive pour reprendre le nouveau modèle de l’ANS relève d’une nécessaire co construction entre les fédérations, les collectivités territoriales, les CREPS, mais aussi l’INSEP. Le soutien individuel ne suffira pas c’est tout l’héritage qu’il reste à construire et notamment sur les territoires et là avant de parler héritage il faudrait déjà commencer à avoir les plans de la gouvernance du sport sur les territoires ! (objet de notre prochain édito)