C’était il y a maintenant fort longtemps, sans doute comme on dit dans une autre vie. J’avais alors l’insigne honneur de représenter le sport scolaire en qualité d’administrateur du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) à ce moment particulier de l’histoire du sport français, à savoir décider ou non de déposer la candidature de Paris pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris pour 2024.
Après maints travaux préparatoires, moult réunions entre acteurs du mouvement sportif et représentants politiques comme ceux d’entreprises multinationales, j’avais voté pour cette candidature. La raison majeure de ce vote positif pouvait alors s’énoncer comme telle : ces Jeux devaient permettre de participer grandement à l’objectif visé, en l’occurrence tendre vers une Nation vraiment sportive dans laquelle et pour laquelle la Jeunesse allait pouvoir jouer un rôle majeur et en tirer de manière pérenne mille bénéfices.
Chacune et chacun se plaît à reconnaître que ces Jeux 2024 furent grandioses et j’en atteste pour avoir pu les vivre in situ une journée avec de jeunes sportifs de notre petite commune rurale de Dordogne, autrement donc que via le prisme des médias.
Sommes-nous déjà passés d’un rêve éveillé à une dure réalité ?
Sommes-nous déjà passés d’un rêve éveillé à une dure réalité, celle d’engagements non tenus ou de promesses oubliées ?
Ici plusieurs millions d’euros ôtés au Comité National Olympique !
Là un Pass’sport qui ne concernerait plus les jeunes de moins de 14 ans !
Lu que le budget de l’État consacré au sport, pourtant déjà peu élevé, diminuerait encore de manière significative !
Entendu que les collectivités ne bénéficieraient que difficilement d’aides pour investir dans des équipements structurants afin de faciliter la pratique sportive !
Rêve ? Réalité ? Cauchemar ?
J’ai l’honneur d’être maire d’une commune de 3000 habitants et il n’est guère de moments où je passe devant notre City Stade aux allures vides, tout comme le skate park dimensionné à ce que représente notre commune rurale.
De simples équipement qui tournent à plein !
Ce sont les JOP 2024 qui nous ont apporté cette volonté communale ainsi que des aides financières bienvenues qui nous ont bien servis dans le sens où elles ont permis d’intensifier la pratique sportive pour toutes et tous, et des plus jeunes en particulier.
Construire, pierre après pierre, une Nation sportive est-il un rêve abandonné ?
J’ai l’honneur d’être conseiller départemental dans cette belle contrée de Dordogne et me sais heureux à chaque Commission Permanente de participer à l’aide apportée aux comités départementaux sportifs et associations malgré les difficultés rencontrées dans le champ financier mais tout en préservant nos aides sans qu’elles aient pourtant le moindre caractère obligatoire.
Peut-on comprendre en « Haut lieu » que quelques centaines d’euros, voire parfois seulement quelques dizaines, peuvent peser beaucoup pour ce monde associatif dans ce que nous appelons nous aussi la promotion des activités physiques et sportives tout comme notre contribution de collectivité à l’éducation par le sport ?
J’ai rêvé et rêve encore devant ces champions du haut niveau dans des compétitions ou challenges que je qualifie de phénoménaux.
Mais je sais aussi le sourire qui est le mien, autant extérieur qu’intérieur, devant ces Enfants, ces jeunes, ces parents et grands-parents sur notre stade, dans notre piscine d’été qui date de plus de 60 ans, dans un gymnase trop petit face à la demande grandissante d’activités sportives comme dans cette autre salle accueillant judo, boxe, gym, et encore ce club de tennis qui lui aussi veut grandir en qualité. Le développement de l’activité Trail comme celle du gravel dans notre belle forêt va vers la promotion du patrimoine local.
Et demain alors ?
Peut-être un jour prochain une sportive ou un sportif de notre petit territoire se trouvera en haut de l’affiche, médaille au cou. Nous en serons fiers.
Mais dès aujourd’hui, chaque sportive, chaque sportif, petit, grand, jeune, sénior, porte au travers de sa pratique une part de sa vie comme de celle de la collectivité car nous croyons fermement au développement de la personne par la pratique sportive dans une collectivité qui refuse de croire à l’abandon de l’héritage de ces Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Notre toute petite voix, celle de la raison et du raisonnable, peut-elle être entendue ?
Jean-Michel SAUTREAU
Président de l’USEP (Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré) de 2004 à 2016
Ancien membre du Conseil d’Administration du Comité National Olympique et Sportif Français
Maire de La Roche-Chalais (Dordogne) Conseiller Départemental Dordogne du canton de Montpon-Ménestérol
tribune publiée sur facebook reproduite avec l’accord de l’auteur