Le ministère des Sports et l’ANS veulent « analyser la fréquentation et l’occupation des équipements sportifs des collectivités sur tout le territoire »
Elle est belle, la gouvernance partagée à responsabilité répartie. Gouvernance partagée ? Peut mieux faire. Responsabilité répartie ? Ça reste à faire. Confiance réciproque ? Certainement pas, à en croire cette étude lancée par L’État et l’Agence nationale du Sport (ANS) qui vise à analyser l’occupation des équipements sportifs sur l’ensemble du territoire. Une analyse qualitative et quantitative.
« Le présent appel d’offres a pour finalité de développer et d’optimiser le parc d’équipements sportifs par une analyse qualitative et quantitative de la fréquentation et de l’occupation des équipements sportifs sur l’ensemble du territoire. « Une nécessité dans l’optique de l’héritage.
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Une approche technocratique déconnectée du terrain
Le cahier des charges de l’étude annonce une collecte massive de données sur le taux d’occupation des équipements sportifs, leur accessibilité et leur usage, afin de formuler des « recommandations de politique publique ». En clair, l’État veut-il mesurer l’utilisation de chaque gymnase, piscine, stade ou city stade et, implicitement, orienter les décisions des collectivités sur la base de ces chiffres. Mais qui mieux que les élus locaux, les gestionnaires d’équipements et les associations sportives connaissent les réalités du terrain ? La diversité des usages et des contraintes locales ne se résume pas à une simple feuille Excel.
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Un prétexte pour rationner plutôt que développer ?
Loin d’être un simple outil d’aide à la décision, cette étude pourrait bien masquer une volonté de rationalisation des infrastructures sportives sous couvert de « bonne gestion ». Plutôt que d’investir pour améliorer le maillage territorial et répondre aux besoins croissants des pratiquants, l’État semble vouloir administrer la pénurie et optimiser à la marge ce qui existe déjà.
Une mise sous tutelle des collectivités locales ?
Derrière cette étude, il y a le risque évident d’un contrôle renforcé des équipements sportifs par l’État central. Va-t-on imposer aux collectivités des « taux de remplissage optimaux » sous prétexte d’une meilleure gestion ? Faut-il comprendre qu’un gymnase jugé « sous-utilisé » pourra voir ses subventions réduites ou son accès restreint à certains publics jugés « non prioritaires » ? Cette approche est d’autant plus préoccupante que le financement du sport repose déjà largement sur les collectivités, premières contributrices à hauteur de plus de 95 % des investissements en infrastructures.
Finalement, cette initiative illustre une conception étroite de la gouvernance du sport vue par l’Etat et l’ANS , réduite à des statistiques d’occupation et à une gestion bureaucratique, plus de 40 ans après les premières lois de décentralisation.
L’État fait-il encore confiance aux collectivités pour gérer leurs équipements sportifs ?
Au fond, cette étude pose une question simple : l’État fait-il encore confiance aux collectivités pour gérer leurs équipements sportifs ? À force de vouloir tout analyser, tout optimiser, tout encadrer, il envoie un message clair : la gouvernance partagée s’arrête là où commence la défiance. Sans confiance, il n’y a ni responsabilité partagée, ni véritable ambition sportive.
Des états généraux du sport s’imposent !