« Intérêt du développement de la littératie physique chez les collégiens en situation de surpoids et d’obésité ». Charlie NEZONDET

Interview de Charlie NEZONDET qui vient de soutenir une Thèse en STAPS à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Laboratoire Mouvement Equilibre Performance Santé MEPS (EA 4445) site d’Anglet. C’est la 1ère thèse soutenue en France s’intéressant au développement de la littératie physique.

Il convient de rappeler que la Littératie Physique (LP) est définie comme « la confiance, la motivation, la compétence physique, les connaissances et la compréhension nécessaire pour valoriser et assumer la responsabilité de maintenir une activité physique tout au long de la vie ». La thèse est une 1ère mondiale sur la thématique « littératie physique et prise en charge de la surcharge pondérale pédiatrique ». Le titre de la thèse dirigée par Gautier ZUNQUIN, PhD
MCU-HDR Université de Pau Pays de l’Adour, site Anglet est Intérêt du développement de la littératie physique chez les collégiens en situation de surpoids et d’obésité.

Vous venez de soutenir une thèse sur la littératie physique chez les collégiens en situation de surpoids et d’obésité, pourquoi avoir choisi un tel sujet ?

Mon parcours universitaire permet en partie d’expliquer ce choix. Après, l’obtention de mon Brevet de Technicien Supérieur (BTS) en diététique et de ma Licence puis de mon Master STAPS (mention Activité Physique Adaptée et Santé, APAS) mon intérêt s’est naturellement porté vers la prise en charge des pathologies métaboliques par l’Activité Physique et l’alimentation.

D’autre part ma rencontre avec Gautier Zunquin, mon directeur de thèse, enseignant chercheur au STAPS d’Anglet a été un élément important. Il a permis de transformer en objet scientifique le projet CAPACITES 64. A l’origine, ce projet était un projet de prise en charge clinique d’adolescents éloignés de l’activité physique. Il avait été initié par le Dr N’Guyen de l’Unité Transversale des Activités Physiques pour la Santé (UTAPS) du Centre Hospitalier de la Côte Basque et le Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques. L’objectif était de mettre en place un accompagnement multidisciplinaire et multi comportemental (activité physique, alimentation et sommeil). Ce travail de thèse a été mené en coopération avec ces institutions très singulières dans leur mode de fonctionnement.

Enfin, la littérature scientifique montre qu’il est très difficile de maintenir à long terme, chez les enfants ayant des problèmes de poids, les effets des interventions en AP. Nous avons donc conçu une intervention adaptée aux besoins des enfants en y intégrant le concept de littératie physique. La littératie physique se définit comme  » la motivation, la confiance, la compétence physique, la connaissance et la compréhension permettant de valoriser et de prendre la responsabilité de s’engager dans des activités physiques pour la vie » (IPLA, 2017). Ce concept est particulièrement adapté à la prise en charge de ces adolescents et s’avérait donc prometteur pour maintenir à long terme les effets d’un programme de suivi des enfants. 

Quels sont les principales conclusions de votre recherche ? 

Nos travaux de recherche ont montré que les niveaux de littératie physique sont positivement associés aux niveaux d’AP, à la masse musculaire (squelettique) et à la condition cardio-respiratoire des enfants. Nous avons également montré que les niveaux de littératie sont négativement associés à la masse grasse chez des collégiens français. Autrement dit, chez les adolescents, avoir un faible niveau de littératie physique est associé avec le fait d’avoir de faibles niveaux d’AP, une condition cardio-respiratoire diminuée, une faible masse musculaire squelettique et une masse grasse élevée. Des faibles niveaux de littéracie physique ne sont pas associés à une bonne santé durable.

Nous avons également montré que notre intervention basée sur le développement des niveaux de littératie physique dans l’environnement (collège) des adolescents en surpoids, obèses et inactifs permet d’améliorer leur santé (composition corporelle et condition cardio-respiratoire) et d’augmenter leur niveaux quotidiens d’AP. 

D’un point de vue organisationnel, ce travail de recherche mené dans plusieurs milieux (hôpital, collège, associatifs et politique) a montré qu’il est indispensable d’intégrer le concept de littératie physique dans une approche écologique de l’intervention (réalisée localement avec les différents acteurs cités précédemment) pour améliorer la santé et les niveaux d’activité physique des adolescents.

D’autre part, ces résultats nous ont également permis d’identifier de futures modalités d’intervention : 

  • L’intérêt d’améliorer les niveaux de littératie physique pour diminuer l’importance des comportements sédentaires 
  • D’étudier les relations entre le niveau de littératie physique des parents et les niveaux d’activité physique des adolescents afin de cibler plus précisément les interventions menées dans le contexte familial 
  • D’individualiser le parcours de développement (curriculum) de la littératie physique pour favoriser les comportements actifs 

Quelles seraient vos propositions alors que le développement de l’activité physique est reconnu comme grande cause nationale pour 2024 ?

De nombreuses preuves scientifiques montrent que l’Activité Physique est bénéfique pour améliorer l’état de santé des individus (santé physique, psychologique et sociale). Il est maintenant important d’identifier les modalités efficientes des programmes d’intervention et des dispositifs intégrant l’activité physique pour favoriser durablement les comportements actifs et réduire la sédentarité de la population française.

Dans ce cadre, l’analyse du contexte d’intervention et de la stratégie mise en place est primordiale (la reproduction d’un schéma d’intervention décontextualisé n’est pas efficace). Il est également clair que l’intégration du concept de littéracie physique dans les différents programmes/ dispositifs est une voie à privilégier pour résoudre les problèmes d’inactivité physique et de sédentarité de la population.  En développant la littéracie physique, les personnes développent notamment les moyens de comprendre les raisons qui les poussent à agir durablement et donc à s’engager dans une activité physique régulière. Cependant, la littératie physique à elle seule, n’est pas en mesure de résoudre l’inactivité physique et la sédentarité des jeunes. D’autres actions doivent être menées.

Pour être efficaces en matière de santé, les programmes d’intervention en activité physique doivent être construits et mis en place collaborativement entre les institutions politiques, de santé, de l’éducation et le milieu associatif sportif. Les interventions en activité physique doivent combiner une approche centrée sur l’individu et ses environnements (physique, social…). Il est donc important de construire des interventions en activité physique selon les caractéristiques précises du territoire et de positionner les résultats dans ce contexte.

L’intérêt de ces travaux pour les acteurs du sport et de l’éducation est qu’ils comprennent l’intérêt d’intégrer le concept de littératie physique dans leur démarche de formation.  Enfin, une réflexion sur l’utilisation du terme générique « sport -santé » est également à mener afin que la population s’empare durablement de l’Activité Physique pour la santé.

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