Et si le CNOSF créait sa filiale financière et immobilière : une révolution pour les équipements sportifs de demain en France ? Patrick Bayeux

Face aux contraintes budgétaires croissantes des collectivités territoriales et aux besoins de renouvellement du parc d’équipements sportifs , la création, sous l’égide du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), d’une filiale financière et immobilière dédiée peut elle être une partie de la solution ? Cette structure aurait pour mission d’unir les fédérations sportives afin de concevoir, construire, financer et proposer des équipements clés en main. Une perspective séduisante en tout cas qui mérite d’être approfondie, notamment dans un contexte financier où l’intervention de l’Etat va être réduite, (on fait l’hypothèse que l’Etat va se concentrer sur ses missions régaliennes) et que les collectivités vont faire face à des difficultés financières croissantes.

Une mutualisation stratégique au service des collectivités et des Fédérations

L’atout majeur d’une telle initiative résiderait dans la mutualisation des ressources et des expertises. En centralisant les savoir-faire techniques des différentes fédérations sportives, le CNOSF, via sa filiale, pourrait développer des standards d’équipements parfaitement adaptés aux besoins spécifiques de chaque discipline, tout en optimisant drastiquement les coûts de conception et de construction. Pour les collectivités, souvent confrontées à la complexité et au coût élevé de tels projets, cette approche offrirait une solution pragmatique. Elles bénéficieraient d’une offre « clés en main », leur évitant des études préalables longues et onéreuses, et minimisant les risques de dépassements budgétaires.

Un modèle économique innovant conciliant service public et équilibre économique

Au-delà de la construction, le modèle d’exploitation proposé serait également transformateur. D’une part, il s’agit de garantir l’accès au service public essentiel (créneaux pour les scolaires, les associations locales, la pratique libre encadrée) lesquels pourraient faire l’objet de participations publiques. D’autre part, une offre commerciale (location à des clubs privés, organisation d’événements, stages, services, entrées individuelles), des tiers lieux, permettrait de générer des revenus complémentaires. Un tel équilibre est fondamental pour répondre à la fois aux impératifs sociaux du sport et aux nécessités économiques d’une gestion équilibrée

Les défis à relever

Si la proposition est prometteuse, sa mise en œuvre nécessite de lever quelques obstacles. D’abord permettre aux collectivités de subventionner ces équipements et d’acheter des créneaux sur le long terme. J’en ai parlé de ce nouveau modèle hybride porté par les clubs des obstacles à lever et des pistes à explorer.

Ensuite et ça relève directement de la responsabilité du mouvement sportif, mettre en place une approche inter disciplinaires au niveau des fédérations d’une part mais aussi au niveau local et plus particulièrement au niveau intercommunal. L’absence aujourd’hui de représentation du mouvement sportif au niveau intercommunal est un vrai frein à la mise en place de réflexion politique et stratégique que chacun s’accorde comme le plus pertinent pour penser les politiques publiques sportives territoriales dans le cadre du plan sportif local créé par l’article  L113-4 du code du sport de la loi n°2022-296 du 2 mars 2022 – art. 14 qui prévoit que « les communes et les établissements publics de coopération intercommunale mentionnés à l’article L. 5211-28 du code général des collectivités territoriales peuvent établir un plan sportif local afin de formaliser et d’ordonner les orientations et actions visant à la promotion et au développement de la pratique des activités physiques et sportives sur leur territoire. »

Y a plus qu’à engager ce qui pourrait constituer une mini révolution. Désormais il ne s’agit plus de faire mieux avec moins mais de faire autrement !