« De la création à la contestation : délimiter les sports alternatifs »
Ce numéro 35 de la revue Interrogation coordonné par Orlane Messey et Audrey Tuaillon Demésy a pour titre « De la création à la contestation : délimiter les sports alternatifs »
« Les sports de glisse nés dans le sillon des cultures américaines d’avant-garde des années 1960 contrarient l’idéal social dont se réclame la société sportive traditionnelle puisqu’ils se structurent sur de nouvelles valeurs ainsi que sur des « comportements et de[s] motivations qui perturbent fortement le modèle sportif traditionnel » (Loret, 1995 : 108). En apparaissant par ailleurs en dehors de tout cadre institutionnel, légitimé par une structure normative dominante (Jarvie, 2006), ces pratiques corporelles alors émergentes nous invitent à appréhender la « contre-société » sportive non plus par le prisme d’un idéal global, mais comme autant de micro-sociétés construites contre ou à côté d’un modèle hégémonique. Les sports de glisse ont ainsi permis la constitution de champs d’études qui, à l’aube des années 1990, se sont attachés à analyser ce que les différentes approches ont par la suite nommé « pratiques alternatives »ou « sport subculture » »
L’appel à contributions à l’origine de ce numéro ambitionnait de poursuivre et d’affiner cette définition de l’’alternatif’ dans le cadre sportif afin d’en définir les contours et les limites (une thématique par ailleurs développée dans le programme ANR Aiôn. Trois grands axes ont été proposés.
- Le premier axe, qui s’intitulait « Création et cycles de vie »,
- Le secod mettait davantage l’accent sur les« styles » associés aux pratiques alternatives.
- Le dernier axe, intitulé « Ruptures et continuités », proposait de porter une attention particulière à l’expression de l’alternatif sur le temps long. Il s’agissait notamment d’interroger les stratégies mises en place par les communautés pour faire vivre leur pratique au fil des ans.
Dans le cadre de cet appel à contributions, neuf propositions ont été reçues et quatre seulement ont achevé le processus éditorial.
Pour les auteurs de la préface ces articlent montrent » ainsi tout l’intérêt qu’il y a à continuer de travailler sur les sports situés à la marge d’un ordre dominant. L’appréhension de la force critique qui accompagne la structuration de ces pratiques de niche nous semble en effet nécessaire pour comprendre la complexité du fait sportif actuel et, plus globalement, notre « civilisation du loisir » (Dumazedier, 1972). « Si l’institutionnalisation de pratiques comme le skateboard ou le surf témoigne du poids du fait sportif ’officiel’, l’apparition ces dernières années de nouvelles pratiques de loisirs atteste de la créativité des acteurs sociaux et permet de renouveler les études initiées à la fin des années 1990 » soulignent t ils.
4 articles sont proposés en plus de la préface.
- Comité de rédaction, Préface au n° 35. De la création à la contestation : délimiter les sports alternatifs.
- Laigroz Louise, Machemehl Charly, Roult Romain, Pour une relecture historique des dynamiques d’institutionnalisation de sports « alternatifs » : l’exemple du skateboard.
- Soulé Bastien, Reynier Véronique, Apprivoiser le risque et renforcer la reconnaissance subculturelle : les usages de l’humour dans les snowparks.
- Potvain Marie, Poles alternatifs. Faire de la pole dance un sport sans effacer son identité ; une institutionnalisation en tension.
- Salaméro Émilie, Doga Marie, Julhe Samuel, Jacolin-Nackaerts Myriam, Entre ajustement et renouvellement : le yoga au service du métier d’éducateur.