« Problèmes rétifs » et politiques publiques du sport par Patrick Roult
Face aux critiques sur les récentes modifications du Pass’Sport, il est temps d’interroger les fondements mêmes des politiques sportives selon Patrick Roult dans son invitation à réfléchir. En les confrontant à la notion de « problème rétif » formulée par Rittel et Webber, une grille de lecture plus lucide se dessine : celle d’un domaine traversé de tensions, d’enjeux systémiques et de défis insaisissables qui échappent aux réponses simples
Les politiques sportives à l’épreuve des “problèmes rétifs”
Le débat actuel sur le Pass’Sport révèle une difficulté bien plus profonde que la seule efficacité d’un dispositif d’aide : celle de concevoir des politiques publiques capables de répondre à des problèmes complexes, multiformes et non consensuels. Ces problèmes, qualifiés de « rétifs » par les théoriciens Horst Rittel et Melvin Webber, résistent aux approches technocratiques linéaires.
Le sport, en tant qu’objet de politique publique, illustre parfaitement cette difficulté :
- L’inactivité physique, symptôme d’un modèle de société sédentaire, soulève des causes systémiques dépassant le seul champ du sport.
- L’ambition du “sport pour tous”, confrontée aux inégalités sociales, territoriales et générationnelles, s’enlise dans une offre inadaptée et des attentes hétérogènes.
Les dix caractéristiques des problèmes rétifs (absence de formulation unique, solutions non transférables, conséquences irréversibles, etc.) permettent d’éclairer les limites actuelles de l’action publique en matière de sport.
Changer de posture devient alors une nécessité
Pour Patrick Roult « On peut/doit s’interroger à savoir si la reconnaissance du caractère rétif de ces problèmes ne doit pas être un prérequis indispensable à une action publique efficace, qui appelle à abandonner la quête de solutions technocratiques uniques au profit d’approches politiques adaptatives, itératives et fondamentalement collaboratives »