JOP #Paris2024 : un cout pour l’Etat maîtrisé (3,67 milliards d’euros), un héritage à faire fructifier selon le député Benjamin Dirx
Moins d’un an après la clôture des Jeux, le député Benjamin Dirx a présenté, le 2 juillet 2025, son rapport d’information à la Commission des finances de l’Assemblée nationale. Ce document, produit l’issue de plusieurs mois de travaux et d’auditions , se concentre exclusivement sur les dépenses directement supportées par l’État, à l’exclusion de celles des collectivités locales ou opérateurs publics.
Une facture maîtrisée pour des Jeux sobres
Le coût brut pour l’État est chiffré à 3,67 milliards d’euros. Près de la moitié (1,69 Md €) a été consacrée à la sécurité, devenue prioritaire après les incidents survenus au Stade de France en 2022. Le deuxième poste de dépenses concerne la Solideo (1,108 Md €), responsable de la livraison de 70 ouvrages pérennes ou temporaires. Viennent ensuite les effets d’entraînement (271 M €), les transports spécifiques (163,5 M €) et la subvention au COJOP pour les Jeux paralympiques (157,8 M €). À rebours des critiques initiales, le rapport souligne que Paris 2024 est resté la plus sobre des éditions récentes : Londres 2012 et Tokyo 2021 avaient dépassé les 11 milliards d’euros d’engagements publics chacun.
Il convient de un rapport publié le 23 juin 2025, elle évalue les dépenses publiques liées aux Jeux de Paris 2024 à 5,96 milliards d’euros, répartis entre 2,77 Md€ de dépenses d’organisation (sécurité, transports, coordination) et 3,19 Md€ d’investissements en infrastructures (sport, aménagement, transport, sécurité).
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Des retombées économiques et sociales tangibles
L’étude EY citée dans le rapport estime à 7,1 milliards d’euros la richesse nette générée en Île-de-France entre 2018 et 2024 — soit deux euros de retombées pour un euro investi par l’État. Au pic du chantier, 31 700 emplois ont été mobilisés, avec un taux de maintien en poste supérieur à 95 %. Le rapport salue également la performance en matière de sécurité et de conditions de travail : le taux d’accidents du travail sur les chantiers olympiques a été quatre fois inférieur à la moyenne nationale. Sur le plan social, les programmes « Ambition bleue » et Pass’Sport ont contribué à une augmentation de 5,4 % des licences sportives. En parallèle, 97 % des visiteurs étrangers se sont dits satisfaits de leur séjour, et 84 % déclarent vouloir revenir.
Cap sur 2030 : renforcer l’héritage et mieux piloter
Le député alerte toutefois sur un manque de lisibilité budgétaire : en dehors du programme 350, les dépenses sont trop dispersées pour un suivi efficace. Il appelle donc à la création d’un « jaune budgétaire Sport 2030 » enrichi, inter-ministériel et lisible. Parmi ses 24 recommandations figurent également la pérennisation de la Maison de la performance, la reconduction du plan d’animation territoriale et la création d’un opérateur unique de type Solideo pour les grands projets urbains. Dirx plaide enfin pour un partenariat renforcé avec le CIO afin que la France puisse exploiter les données visiteurs et valoriser l’image des Jeux d’hiver 2030, en particulier pour le tourisme.
Pour le député DIrx, Paris 2024 n’a pas grevé les finances publiques. Il a constitué un investissement maîtrisé dont l’héritage devra désormais être entretenu, évalué et prolongé à l’échelle nationale.
Les 24 Recommandations officielles du rapporteur spécial
- Assurer une meilleure traçabilité, à la fois fine et exhaustive, des dépenses liées aux Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2030, en impliquant l’ensemble des ministères dans la rédaction du jaune budgétaire Sport annexé au projet de loi de finances.
- Confier à un organisme international indépendant le rôle d’évaluer le coût et les retombées économiques de l’organisation des GESI.
- Garantir à l’État, en tant que principal financeur public du COJOP, un droit de regard effectif sur la gestion et l’utilisation des fonds issus du boni du Comité.
- Renforcer la prévision des dépenses de sécurité afférentes aux GESI, en particulier en vue des Jeux olympiques d’hiver de 2030.
- Accroître les moyens en faveur de la lutte contre le dopage dans le cadre des Jeux olympiques d’hiver 2030, en visant un objectif minimal de 12 000 prélèvements annuel.
- Reconduire le modèle de la Maison de la performance à l’occasion des prochaines éditions des Jeux olympiques et paralympiques.
- Reconduire le plan d’animation territorial dans le cadre des Jeux olympiques d’hiver 2030.
- Élaborer une méthodologie permettant d’identifier et de retracer les effets d’entraînement des JOP sur les dépenses de l’État, et intégrer ces effets au jaune budgétaire Sport annexé au projet de loi de finances.
- Proposer aux acheteurs de billets sportifs une offre touristique et de transport articulée autour des GESI, notamment via des partenariats avec les acteurs du tourisme traditionnel.
- Étudier ex-post l’impact économique des JOP 2024 sur le territoire francilien en phase d’héritage.
- Augmenter la part des heures travaillées réservées aux personnes en insertion professionnelle dans le cadre des grands chantiers en matière sportive.
- Veiller à la reconduction des bonnes pratiques observées sur les chantiers de la Solideo dans le cadre des futurs projets d’aménagement, notamment ceux liés aux Jeux olympiques d’hiver 2030.
- Étudier la possibilité de pérenniser le dispositif d’exonération sociale et fiscale applicable aux billets offerts par les employeurs à leurs salariés lors de GESI organisés en France.
- Encourager, pour l’organisation des GESI, le recours prioritaire aux infrastructures existantes ou, à défaut, à des structures temporaires ou modulables.
- Garantir une gestion patrimoniale durable des constructions et aménagements effectués dans le cadre des GESI.
- Renforcer les moyens alloués à la promotion du tourisme international, en capitalisant sur l’image des Jeux.
- Conclure, avec le CIO, un partenariat permettant l’utilisation des droits d’image et des bases de données visiteurs des Jeux olympiques d’hiver 2030 à des fins de valorisation des territoires d’accueil par les acteurs du tourisme.
- Favoriser l’ouverture des équipements sportifs scolaires aux clubs et associations de sport.
- Inscrire dans la durée le modèle d’organisation des GESI issu des JOP 2024 afin d’en faire un cadre de référence pour les futurs projets sportifs d’envergure et un levier de diplomatie sportive.
- Généraliser la création d’un opérateur unique pour les grands travaux d’aménagement urbain, sur le modèle de la Solideo.
- Veiller à la pérennité du savoir-faire développé par la Solideo en matière de conduite de grands projets d’aménagement, au-delà de sa dissolution.
- Poursuivre l’utilisation d’algorithmes de répartition des flux de transport lors des pics d’affluence liés aux GESI.
- Instaurer un commandement unifié placé sous l’autorité du préfet de police de Paris pour la gestion des GESI ayant un impact régional en Île-de-France.
- Conduire, dans le cadre des Jeux olympiques d’hiver 2030, des évaluations ex-post similaires à celles menées pour les JOP 2024.