Sexe, genre et soupçons dans le sport – Entretien avec Anaïs Bohuon
Anaïs Bohuon professeure en sciences du sport à l’Université Paris-Saclay. Spécialiste de l’histoire du sport et des questions de genre, retrace dans cet entretien à laviedesidees.fr l’histoire des tests de féminité dans le sport, mis en place dès le début du XXe siècle pour contrôler l’accès des femmes aux compétitions, accusées d’être « trop masculines ». Ces tests, d’abord gynécologiques puis génétiques, visaient à garantir une supposée équité, mais ont souvent exclu et humilié des athlètes intersexes ou hyperandrogènes comme Caster Semenya ou Dutee Chand. Aujourd’hui, les contrôles reposent sur le taux de testostérone, renforçant les discriminations, notamment envers les sportives non occidentales. Anaïs Bohuon critique l’illusion d’une égalité parfaite en compétition, soulignant que « l’égalité des chances sur la ligne de départ est une utopie » et que ces pratiques « sous-tendent une politique d’exclusion » . » Or, et c’est là tout le problème, cet objectif de départ, obstinément réaffirmé par les instances sportives, sous-tend une politique d’exclusion : pour éviter une injustice de performance, on commet celle de la ségrégation. Et on nie l’intersexuation. » affirme Anaïs Bohuon
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