Dans les coulisses du sport français : entretien avec Cyril Mourin « Conseiller Sport » du Président de la République entre 2017 et 2024
Cyril Mourin a été conseiller sport, JOP 2024, jeunesse, engagement associatif à l’Elysée auprès du président Emmanuel Macron. Il vient de quitter ses fonctions fin 2024. Un regard différent à la fois distancié tout en étant au cœur de la décision, une parole rare, un témoignage passionnant.
Vous avez été conseiller auprès du Président de la République, notamment chargé des sports et des Jeux, de son élection en 2017 jusqu’à décembre 2024. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce métier si particulier ? Par exemple, sur le sport, sur quels sujets le Président a-t-il été informé et amené à trancher ?
Exercer de telles fonctions fut une immense chance et un honneur incroyable. J’ai toujours intensément aimé le sport et la politique, et ce poste représentait pour moi un véritable «dream job». Je n’osais m’imaginer l’occuper un jour, à plus forte raison dans une période où la France a obtenu puis organisé les Jeux olympiques et paralympiques, la Coupe du monde de rugby ou encore la Ryder Cup. Ces sept années m’ont permis de vivre des moments inoubliables, au plus près de nos sportifs français comme des responsables des secteurs associatifs et sportifs, de m’engager pour des sujets et des convictions qui me tenaient à cœur.
C’est un métier que j’ai adoré, notamment pour la diversité des missions, leur dimension stratégique et la capacité à agir concrètement. Je dirais qu’être conseiller du Président, c’est tout à la fois :
- Informer le chef de l’État sur les enjeux et l’actualité des secteurs concernés.
- Être une source d’inspiration et de positionnement politique, en apportant des idées ou en relayant celles des acteurs du terrain, pour proposer des réponses structurantes aux problématiques identifiées, en les inscrivant dans une vision d’ensemble.
- Évaluer l’action menée, c’est-à-dire apprécier la qualité de l’exécution des orientations données et vérifier leur capacité à atteindre les objectifs fixés.
- Maintenir un lien constant entre le Président et les acteurs des secteurs concernés, que ce soit directement ou via des actions de communication et les relations entretenues avec la presse.
Par ailleurs, j’ai toujours considéré que mon rôle ne devait pas se limiter à être le conseiller du Président. Je me voyais également comme un défenseur des secteurs qui m’étaient confiés, auprès du Président, de mes collègues en charge d’autres thématiques, et des membres du gouvernement.
Tout cela se traduit donc par un travail quotidien varié : rédaction de notes, entretiens, réunions, déplacements, discours, interviews, briefs, en collaboration étroite avec Matignon, les membres du gouvernement et leurs cabinets.
Je précise que cette description correspond à ce que mes missions ont été de mai 2017 à septembre 2024, période lors de laquelle la formation politique dont est issu le Président disposait d’une majorité au Parlement, et qui était donc le socle du gouvernement. Évidemment, ces fonctions évoluent lors d’une alternance gouvernementale. Mon rôle n’avait plus du tout la même nature auprès de Gil Avérous, c’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’ont conforté dans mon choix d’ouvrir une nouvelle page de ma vie professionnelle après les Jeux de Paris 2024.
Un conseiller, toutefois, n’est responsable que devant le Président. Il n’a pas de compétence décisionnelle, contrairement à un membre du gouvernement ou même d’un conseiller de Matignon qui, au nom du Premier ministre, arbitre au travers de réunions interministérielles les sujets qui relèvent de plusieurs ministères ou dont l’importance justifie qu’ils soient instruits par Matignon. Cela étant dit, les orientations données par le chef de l’État dans nos institutions ont un poids certain, ce qui confère à cette mission une responsabilité importante.
Enfin, c’est une fonction qui dépend à la fois du profil et du tempérament du conseiller, de la relation qu’il entretient avec le Président et les ministres, et de l’implication personnelle du chef de l’État dans les secteurs dont vous avez la charge. Sous Emmanuel Macron, j’ai eu la chance de collaborer auprès d’un chef de l’État qui avait un intérêt sincère pour le sport. Il partageait l’intuition que c’est un enjeu important de politique publique. Il n’y avait pas besoin de le convaincre, n’en déplaise aux ministères financiers, que le sport apporte des solutions concrètes, efficaces et peu coûteuses à des défis cruciaux, qu’ils soient éducatifs, sociaux, sanitaires ou économiques. J’ai aussi eu la chance d’avoir des relations très fluides et amicales avec les différents ministres chargés des sports et/ou de la vie associative.
C’est ainsi significatif que de nombreuses grandes mesures ou plans aient été annoncés directement par le Président au cours de ces sept années : le Pass’Sport, les plans 5 000 terrains, la généralisation des 30 minutes d’APS à l’école, la Grande Cause nationale 2024, le plan « 1 000 coachs », etc. Je considère que c’était le cœur de ma mission de concourir à ces impulsions présidentielles.
En ce qui concerne les dossiers sur lesquels le Président a plus précisément été amené à trancher, cela relève de la confidentialité des échanges entre lui, les Premiers ministres et les ministres. Il a en tout cas toujours veillé à garantir la liberté d’action et de décision de ces derniers, en cohérence avec la responsabilité qui leur incombe. Je peux toutefois dire qu’il a toujours prôné auprès de ces ministres une méthode alliant des ambitions élevées à des objectifs précis, mesurables, et à un suivi très rigoureux. Le Top 5 des nations aux JO, le Top 8 aux JP, ou la hausse de 3M de pratiquants ont ainsi structuré ces années de politiques publiques sportives.
Vous avez vécu toute la période de préparation aux JOP, la période d’étude et de création de l’ANS, et bien sur les Jeux, quel bilan tirez-vous ?
Je suis, par essence, subjectif, évidemment, mais j’essaie de rester lucide.
J’estime que nous avons un bilan positif parce que nous avons engagé de véritables réformes dans un secteur qui n’a pas toujours été une priorité de politique publique. Nous avons atteint, voire dépassé, les objectifs fixés, que je rappelais. La volonté des différentes formations politiques d’intégrer dans leurs programmes des mesures visant à prolonger nos actions constitue, à mes yeux, une forme de reconnaissance.
Les résultats obtenus en termes de médailles aux Jeux, tout comme la hausse du nombre de pratiquants bien avant cet événement, confortée par celui-ci, sont le fruit de choix forts, qu’il s’agisse de réformes ou d’efforts budgétaires (avec une hausse de plus de 70% hors JO du budget de 2017 à 2024). Ceux qui pensent qu’il était évident que tout se passe bien pour le sport français à l’occasion des Jeux et dans leur héritage se trompent. Les Jeux, ainsi que leur impact sur la société, n’auraient pas été les mêmes avec d’autres responsables politiques et sportifs, tant au niveau national que local. La politique repose sur des choix permanents.
Une ministre comme Amélie Oudéa-Castéra peut légitimement constater, dans le document bilan qu’elle a élaboré, les avancées majeures qu’elle a entreprises pour atteindre les résultats attendus, des engagements présidentiels jusqu’aux Jeux.
Nous le constatons encore aujourd’hui avec la légitime colère des acteurs sur le projet de budget 2025 : nous vivons dans une démocratie où chaque décision, effort budgétaire ou réforme peut naturellement être remise en question par d’autres gouvernements et le Parlement. Cette fragilité est intrinsèque à l’action publique, et elle est souhaitable. Mais je réfute l’idée selon laquelle les efforts réalisés avant et pendant les Jeux auraient été conçus comme temporaires ou comme un simple « arbre qui cache le désert ».
« Les baisses budgétaires engagées au PLF 2025 sont ainsi pour moi disproportionnées et profondément injustes. »
Ces efforts ont été pensés comme systémiques par leurs initiateurs et destinés à être poursuivis. Le renouvellement, et même le renforcement, du second plan de 5000 terrains annoncé en 2023 par le Président pour la période 2025-2027 en témoigne. Les baisses budgétaires engagées au PLF 2025 sont ainsi pour moi disproportionnées et profondément injustes. Elles sont en outre inefficaces pour l’objectif d’efficience dans lesquelles Bercy les drapent, mais je ne vais pas m’étendre ici.
Par ailleurs, sur ce bilan, je mesure que toutes les mesures engagées n’ont pas encore atteint leur plein potentiel, et plusieurs chantiers demeurent inachevés. C’est le propre de l’action publique là aussi que de devoir constamment réinterroger les politiques menées pour mieux répondre aux besoins de nos concitoyens. Il reste ainsi beaucoup à faire, notamment dans notre système éducatif et de santé, pour conforter le rôle des activités physiques et sportives.
Le combat culturel que nous menons au travers de l’objectif de « Nation sportive » est notre rocher de Sisyphe. Il faut sans relâche continuer à le porter, avec pragmatisme et lucidité. Nier l’héritage et l’impact des Jeux tels que nous les avons imaginés est inutile. Attribuer à ces Jeux, en revanche, une capacité disproportionnée à résoudre tous les maux de la société est une imprudence, commise davantage dans les médias par certains commentateurs que dans les discours des responsables politiques et sportifs.
Enfin, croire que la majorité des défis du sport français pourraient être résolus uniquement par des politiques nationales, ou exclusivement étatiques, est une erreur de jugement. Cette vision, malheureusement répandue, évite à certains de s’interroger sur leurs propres stratégies et actions. Dans mes fonctions, en parfaite cohérence avec les orientations du Président – notamment ses discours sur la différenciation territoriale –, j’ai toujours conçu les politiques publiques sportives comme un sujet de confiance à renouer et de liberté d’action à restituer aux acteurs de terrain : clubs, associations et leurs fédérations, sportifs de haut niveau, collectivités, pratiquants. Le rôle de l’État, au-delà de ses compétences régaliennes de contrôle et de sécurité, doit être d’inspirer, d’impulser et d’accompagner, en collaboration avec ces acteurs.
C’est dans cet esprit qu’a été créée l’ANS : faire confiance aux acteurs et à leur capacité à travailler ensemble, pour que notre action collective soit plus efficiente, pertinente et utile, avec le même souci du détail que nos sportifs de haut niveau.
Le bilan de l’ANS sur le haut niveau est très positif. Inutile que je le détaille. Celui du développement reste à parfaire, car c’est un champ où les compétences et les cultures sont plus difficiles à rapprocher. Il est nécessaire de continuer à simplifier et de sortir d’une logique de « guichet » pour faire de l’ANS un véritable centre d’expertise et de conseil au service des fédérations et des collectivités, notamment les plus petites, en matière de stratégie sportive. Qu’on ne me parle pas, par contre, de doublon et de gabegie parce que ce serait à la mode. L’ANS a été un transfert de compétences, avec transfert des effectifs associés, de l’État (DS), au niveau national et local, vers un opérateur. Je conteste que l’action menée coute plus cher qu’auparavant, c’est justement le contraire.
Ce qu’il faut avant tout préserver des Jeux, c’est l’ambition qui nous a tous animés pour le sport français. Une ambition que je sais toujours pleinement portée par le Président, par de nombreuses fédérations, clubs, élus locaux et, bien sûr, nos sportifs de haut niveau.
Sur les territoires, la gouvernance du sport est jugée comme un échec, au sens où la promesse était de « mieux faire ensemble, avec des acteurs qui évoluent, dans un environnement facilitateur ». Pensez-vous qu’il soit nécessaire de maintenir cette gouvernance à tout prix ? Que faudrait-il faire évoluer selon vous ?
C’est un vaste sujet, et je tiens à préciser d’emblée qu’il faut relativiser l’influence de la gouvernance : les questions d’organisation dépendent souvent moins des statuts et des textes juridiques que de la culture de travail et de la volonté de coopération entre les acteurs. Tout revient, en définitive, à l’affectio societatis initial. Ce point avait été assez bien clarifié à l’été 2022 par la ministre dans une simple allocution.
Pour évaluer une gouvernance, il faut se comparer. Avant la création de l’ANS, la gouvernance du sport était, selon les retours du terrain, bien plus insatisfaisante qu’aujourd’hui. Au niveau national, elle était jugée trop verticale et descendante, notamment avec le CNDS, où l’État pouvait simuler une concertation et à certains égards prétendre disposer d’un monopole du savoir et du savoir-faire assez peu crédible. À l’échelle locale, la diversité des acteurs souhaitant s’impliquer dans le sport engendrait une grande complexité et un saupoudrage des crédits publics.
Pour juger de l’ANS, il faut revenir à l’intention de ses créateurs : améliorer l’efficacité de la gouvernance pour développer la performance du sport français, qu’il s’agisse de titres et médailles ou d’impact social, sanitaire et éducatif, les deux étant au demeurant liés. La collégialité n’est qu’un moyen, jugé nécessaire par tous, pour atteindre cet objectif, mais elle n’est pas une fin en soi. Si l’on aborde ce sujet avec pour seule ambition de créer un espace de partage, on fait fausse route. Comme le rappelle souvent le Président : « Il faut se préserver des solutions qui cherchent leur problème. »
Au niveau national, je l’ai déjà évoqué, des progrès indéniables ont été accomplis, et pas uniquement dans le domaine du haut niveau. Par exemple, revenir en arrière sur l’attribution aux fédérations des aides que l’État versait directement aux clubs locaux serait une hérésie.
« Au niveau territorial, il n’a jamais été envisagé que la gouvernance territoriale de l’ANS suffise à résoudre tous les frottements et pertes d’efficacité entre collectivités, acteurs publics et privés ou entre l’État local et les collectivités« .
Dès lors qu’il existe un enchevêtrement de compétences et de financements, des discussions locales sont nécessaires. Ces échanges dépendent davantage de la volonté des parties prenantes que d’un texte régissant leurs relations. L’ANS ne peut être tenue responsable de l’absence de clarification sur le rôle de chef de file en matière de politiques sportives locales.
Cela dit, ce qui a été engagé en matière de gouvernance a permis, dans de nombreuses régions, départements et villes, d’entretenir une dynamique de travail collectif. Ces collaborations se sont souvent appuyées sur des constats partagés, fondés sur des données précises et qualifiées, éclairant les décideurs publics locaux. Cependant, je partage les critiques formulées à l’encontre de la déclinaison territoriale de l’ANS. Selon moi, il aurait fallu partir des projets sportifs locaux, dont l’échelle pertinente est l’intercommunalité, pour en déduire les bons espaces de coordination à l’échelon supérieur. La stratégie et les outils de l’ANS auraient alors pu apporter une réelle valeur ajoutée.
Certaines initiatives ont malheureusement semblé s’inscrire, de manière informelle, dans l’idée de créer des sortes d’ANS régionales, dotées de compétences et de moyens (souvent de l’État). Là on a atteint le laisser passer A38 des 12 travaux d’Astérix…Ces initiatives, bien qu’animées de bonnes intentions, ont rendu le rôle des préfets moins lisible et complexifié la coordination des enveloppes locales destinées à soutenir l’investissement sportif.
Ces dérives devront être corrigées, car elles ne correspondent pas à l’esprit initial de la réforme. C’est l’ambition légitime de la ministre actuelle comme de son prédécesseur. La loi devrait d’ailleurs être bien moins prescriptive sur ces sujets (organisation de la gouvernance territoriale), laissant davantage de liberté aux acteurs pour s’organiser en fonction des spécificités locales.
Cela nécessitera également le courage de clarifier enfin les compétences entre échelons, un travail que nous n’avons pas su finaliser avec le Parlement, ce que je regrette.
Par ailleurs, il est essentiel de rappeler, à nouveau, que l’ANS n’a pas vocation à être simplement un lieu de concertation ou un guichet de subventions. Elle doit devenir une structure de prospective, d’accompagnement et d’initiatives partagées. À titre personnel, j’aurais souhaité que, dans les territoires qui le demandent, l’ANS puisse jouer un rôle à certains égards similaire à celui de la SOLIDEO pour les Jeux. Elle aurait ainsi pu superviser et coordonner la conception et le déploiement de stratégies locales et de projets d’aménagements sportifs, en développant des approches qualitatives en termes de développement durable, d’impact et d’innovation.
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- Déc. 16, 2024 Tourner une page, garder la flamme par Cyril Mourin
Si vous aviez 3 sujets importants que vous souhaiteriez voir porter pour les prochaines années, ce seraient lesquels ?
Au-delà de ce que nous avons déjà évoqué, le premier sujet qui me vient à l’esprit est celui des temps de l’enfant et du temps périscolaire. Le cœur de mon engagement a toujours été la lutte contre les déterminismes, et c’est à la racine qu’il faut agir. Je ne veux pas m’étendre ici, mais la question de ce que fait un enfant en dehors du temps scolaire me semble cruciale.
Au collège, notre système repose sur un volume hebdomadaire d’heures obligatoires déjà important. Tout le reste dépend du bon vouloir des associations locales et de leurs bénévoles, des moyens et de l’intérêt des familles, de l’engagement de certains acteurs de l’Éducation nationale, ou encore des capacités des collectivités à soutenir une offre d’activités. Chaque jour, des centaines de milliers de collégiens âgés de 10 à 16 ans finissent leur journée scolaire parfois très tôt en fonction de leur emploi du temps. Mon fils de 10 ans, par exemple, se retrouvait souvent seul à la maison dès 14h.
La République ne peut pas laisser les familles, en particulier les plus en difficulté, affronter seules ce problème. Cela d’autant plus que des centaines de milliers d’associations sportives ou culturelles ne demandent qu’à proposer des activités à ces jeunes, plutôt que de les voir passer des heures devant leur téléphone portable.
C’est pourquoi je crois beaucoup au dispositif du « 8h-18h », lancé par le Président dans les zones REP et REP+, au-delà même des 2h de sport en plus au collège qui y participent. Ce changement d’approche, souhaité par le mouvement associatif et sportif, permet de mieux articuler les relations entre ces acteurs et l’école. Il est possible, et finançable, sans nécessairement alourdir la charge des collectivités. D’ailleurs de nombreuses collectivités font déjà un travail extraordinaire dans le maillage fin au plus près des besoins.
Un tel dispositif national offrirait un potentiel considérable d’activités pour nos associations sportives et permettrait de professionnaliser leurs encadrants en leur donnant accès à des emplois à temps plein. Il s’agirait, en quelque sorte, d’universaliser le recours à l’éducation populaire pour compléter les journées des jeunes avec des heures de culture, de sport, de soutien scolaire, de mentorat et d’ouverture sur le monde. Cela resterait optionnel pour l’élève, mais une nouvelle obligation devrait reposer sur les acteurs publics : proposer cette offre à chaque collégien, partout en France, selon un volume horaire fixe à définir. En somme, il est temps de construire un véritable service public de l’éducation populaire.
Et non, encore une fois, ce n’est pas infinançable. Il suffit d’orienter une part de nos soutiens actuels vers ces enjeux, tout en s’assurant que l’Éducation nationale et les collectivités offrent un accès gratuit aux établissements.
Ce serait d’ailleurs une mesure puissante en faveur de l’attractivité de l’école publique, puisqu’un tel accueil dans le site scolaire sur des durées supérieures à l’obligation scolaire est la norme dans les établissements privés sous contrat.
Mon deuxième sujet est celui de la formation et de l’emploi dans le sport, et en particulier la question du « bénévolat indemnisé » pour certains encadrants.
Ce sujet, souvent sous-estimé, concerne des dizaines de milliers de jeunes (ou moins jeunes) qui encadrent des activités contre rémunération, mais sans contrat, statut ou carte professionnelle. Ces pratiques reposent notamment sur le système des franchises de cotisations ou des « primes de match » (…).
Il existe ici un gisement d’emplois considérable pour inscrire ces encadrants dans de véritables parcours professionnels. Je milite pour la création d’un CESU du sport, qui serait pour le monde sportif ce que le CESU a été pour l’emploi à domicile : une réforme de simplification massive, rendant moins coûteux et plus accessible le fait de salarier un encadrant, avec tous les droits et avantages que cela implique pour l’employé comme pour l’employeur. Un tel dispositif, naturellement encadré, constituerait une mesure d’envergure pour soutenir le monde associatif, en particulier ceux qui œuvrent à l’insertion par le sport.
Le Président avait d’ailleurs demandé, lors du lancement du plan « 1000 entraîneurs d’insertion » dans les quartiers, une mission conjointe entre les ministères des Sports et du Travail sur ce dossier. Je sais que ce sujet a suscité un grand intérêt y compris des administrations concernées, et j’attends avec impatience les suites qui y seront données.
Enfin, si j’aurais pu parler du devenir du Pass sport, ou des réformes à engager sur le digital, la data et l’IA, mon troisième point portera sur l’inclusion
Nous sommes attendus. Bien que des progrès aient été réalisés, notamment avec l’école inclusive, la formation des clubs et l’accessibilité des équipements, il reste encore beaucoup à accomplir. La nomination de Marie-Amélie Le Fur à la tête de l’ANS illustre la place prise par ces enjeux qu’elle a si bien défendus.
Les Jeux paralympiques nous ont rappelé avec force que nos concitoyens en situation de handicap ne doivent pas simplement être vus, mais regardés ; pas seulement entendus, mais écoutés ; pas uniquement pris en compte, mais véritablement respectés et considérés. Le sport est un formidable outil pour leur offrir un peu de joie, améliorer leur santé, leur bien-être ou rompre leur isolement. Et c’est l’un des secteurs où perdurent tant de discriminations à leur encontre.
Je pense ainsi à l’engagement pris en 2024 concernant le remboursement des fauteuils et prothèses sportives, une promesse qu’il est urgent d’honorer, même sous une autre majorité parlementaire.
Je pense également au dispositif des clubs para-accueillants, qui connaît un grand succès et mérite d’être développé.
Enfin, je tiens à saluer les acteurs du futur centre ISPC dans les Yvelines, qui sera un héritage tangible des Jeux. Cet institut, soutenu par les ministères de la santé et des sports, mais aussi par les collectivités locales, sera le premier au monde entièrement dédié à la recherche et au soin dans le domaine du parasport-santé. J’ai hâte là aussi de voir se déployer ce projet d’envergure dont l’impact sur tout notre dispositif de soin des PSH sera, j’en suis certain, très significatif.